« Les résultats de notre étude constituent un espoir pour les patients », estime le professeur Olivier Rascol

« Les résultats de notre étude constituent un espoir pour les patients », estime le professeur Olivier Rascol
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l’essentiel
Une étude, publiée le 3 avril, assure que le lixisénatide, un médicament utilisé contre le diabète, pourrait ralentir la progression des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Explications avec l’un de ses auteurs, le professeur Olivier Rascol, neurologue au CHU de Toulouse.

Sur quelle prémisse avez-vous lancé cette étude ?

La maladie de Parkinson se caractérise par un processus neurodégénératif entraînant une production insuffisante de dopamine. C’est un neurotransmetteur directement impliqué dans la gestion des mouvements. Depuis 50 ans, il existe des médicaments pour traiter la maladie, comme la L-DOPA, qui a un effet symptomatique. Il remplace la dopamine et aide à ralentir les symptômes. Les médicaments traitent les effets mais pas la cause, qui est la mort de ces neurones. Ces médicaments sont très efficaces mais n’ont aucun effet sur l’évolution progressive de la maladie. La maladie étant dégénérative, plus le temps passe, plus la dopamine fait défaut, plus il faut augmenter les doses. Le véritable défi consiste donc à trouver un traitement qui empêche la mort des neurones.

Alors vous avez trouvé ce traitement ?

Dans cette étude, nous avons traité des patients avec le lixisénatide, un médicament antidiabétique. A cette échelle, c’est la première fois que l’on a un résultat positif sur un ralentissement de la perte des neurones dopaminergiques. Il apporte des arguments très solides sur l’effet neuroprotecteur de ce type de médicaments.

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Comment s’est établi le lien avec un médicament antidiabétique ?

Il a déjà été démontré par le passé que les personnes qui développent un diabète de type 2 courent un risque plus élevé de développer la maladie de Parkinson. Et parmi les diabétiques, ceux qui prennent un certain type de médicaments, appelés agonistes des récepteurs GLP-1, courent un risque plus faible de développer la maladie de Parkinson. D’où l’intérêt du lixisénatide qui en fait partie.

Comment avez-vous pu monter cette étude ?

L’idée de tester ce médicament est venue alors que j’avais créé un réseau national de recherche sur la maladie de Parkinson, qui regroupe une vingtaine de centres experts Parkinson en France. Grâce à cette activité de mise en réseau nous avons pu construire l’étude et la mener. Cela a pris du temps, il a fallu trouver des financements. Le CHU de Toulouse a été le promoteur de cette étude avec le financement du ministère de la Santé et d’une fondation anglaise, Cure Parkinson. Autre élément important : le laboratoire français Sanofi a accepté de nous fournir gratuitement le lixisénatide et le placebo. Au final, l’étude a coûté plusieurs millions d’euros.

Comment avez-vous géré les patients ?

Nous avons demandé aux patients des centres du réseau de participer au projet et 158 ​​patients ont accepté d’être soignés pendant un an. Par tirage au sort, la moitié a été choisie pour recevoir du lixisénatide et l’autre moitié a reçu un placebo. Nous avons observé la gravité des symptômes moteurs chez les patients atteints de la maladie de Parkinson au départ et après un an de traitement. Et les résultats ont montré que les personnes ayant reçu du lixisénatide avaient un score de sévérité qui avait à peine changé alors que le score des patients ayant reçu le placebo avait augmenté de 3 points. Pour les deux groupes, ce score était d’environ 15. Il peut aller de 0 à 130.

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Vous avez donc choisi des patients au début de leur maladie ? Pour quoi ?

Nous pensions que ces patients n’auraient pas eu besoin de modifier leur traitement symptomatique de base au cours de l’année d’étude. Une augmentation de ce traitement aurait pu fausser les résultats de l’étude. Cependant, les patients au début de la maladie sont moins exposés aux modifications du traitement symptomatique.

Ce résultat représente donc un réel espoir pour tous les patients…

Oui, les résultats de notre étude donnent de l’espoir aux patients. Mais il est encore prématuré de tirer des conclusions car ces résultats doivent être confirmés par une autre étude plus large. Il s’agissait d’une étude de phase 2 qui montre qu’un médicament fonctionne. Nous sommes désormais en négociations pour passer à la phase 3 qui permettra de savoir exactement comment utiliser ce médicament dans la vraie vie en fonction des patients.

 
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