Environ 40 % des diagnostics de cancer concernent des personnes en âge de travailler. Et heureusement, il est aujourd’hui possible de soigner et parfois de guérir une proportion croissante de ces maladies.
En conséquence, de nombreux travailleurs retournent au bureau après une période d’arrêt et de traitement. Les collègues se retrouvent alors souvent impuissants.
Quoi dire ?
Que devrions-nous dire ? Qu’est-ce que j’ai le droit de demander ? Comment ne pas le mettre mal à l’aise ? Même si vous avez naturellement envie de trouver le bon mot ou le bon geste, sachez que parfois le mieux est de « ne rien dire », assure Julie Daul, psychologue du travail de la Ligue nationale contre le cancer.
« Il est plus important d’écouter attentivement que de trouver la bonne phrase », estime-t-elle. Car « on ne peut absolument pas avoir de mots face à certaines situations ». Et c’est tout à fait naturel.
Évitez la gêne
Il y a cependant des pièges à éviter. « Des expressions comme « les vacances sont finies » peuvent vraiment faire mal », note-t-elle.
La requête automatique « Est-ce que ça va ? » qui n’attend pas vraiment de réponse est également à éviter. Choisissez une question plus précise : « Comment allez-vous aujourd’hui ? » » ou « Comment te sens-tu aujourd’hui ? » Car « en lui donnant une temporalité, vous indiquez à votre interlocuteur que vous souhaitez réellement connaître la réponse à cette question », explique-t-elle.
“Bonnes allures”
Autre piège courant : dire à la personne qu’elle a l’air bien. Vous avez probablement envie de lui faire un compliment.
Mais cela peut avoir l’effet inverse car la personne a sans doute tout fait pour paraître la moins fatiguée possible. Mais la fatigue est l’un des principaux effets secondaires des traitements contre le cancer et lui en parler la ramène à sa maladie.
Enfin – et même si cela semble relever du bon sens – évitez de dire « Nous aussi, nous sommes fatigués, d’autant plus que nous avons dû prendre en charge l’intégralité de votre charge de travail pendant votre absence ».
Parfois, il vaut mieux ne rien dire.
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Source : Entretien avec Julie Daul, psychologue du travail, Ligue nationale contre le cancer, 11 avril 2024
