« À nous de dire ce dont nous avons besoin… » Valadou s’intéresse à la « maladie aux mille visages »

« À nous de dire ce dont nous avons besoin… » Valadou s’intéresse à la « maladie aux mille visages »
« À nous de dire ce dont nous avons besoin… » Valadou s’intéresse à la « maladie aux mille visages »

l’essentiel
Le centre de répit et d’accompagnement Valadou de Montézic organise une journée portes ouvertes sur la sclérose en plaques le samedi 21 septembre.

Sandrine Jourdan, coordinatrice de la plateforme d’accompagnement et de répit Valadou à Montézic, s’apprête à dire au revoir à ses collègues, proches, familles et patients, sans attendre la Journée mondiale de la sclérose en plaques, fixée au 30 mai. Diagnostiquée après « deux ans d’errance », raconte celle pour qui « mon métier était d’aider les autres, aujourd’hui, je suis en position d’être aidée ». Sandrine Jourdan est venue présenter cet événement en fauteuil roulant « pour faire entendre la voix des patients et des soignants. Mon métier était d’aider les autres », et confie : « Un poids de plomb est tombé sur moi, on partage avec son corps, je suis encore en train de l’accepter ».

Une journée portes ouvertes pour, avant tout, en parler. Libérer la parole, conseiller, alerter les pouvoirs publics sur cette maladie « aux mille visages », tant les symptômes et les phases diffèrent d’une personne à l’autre.

Après avoir consacré sa vie à ses patients et à ses proches, Sandrine Jourdan vit avec cette maladie auto-immune du système nerveux central qui peut toucher tout l’organisme. « Le choc émotionnel, le stress, la fatigue font partie des causes. La vaccination contre le Covid a peut-être aussi contribué », confie celle qui dit avoir « été soulagée lorsqu’on lui a enfin diagnostiqué la maladie ». Car beaucoup de patients comme elle entendent d’abord parler de « burn-out ». La réalité est tout autre : malaise, perte d’équilibre, douleurs musculaires, vertiges, vision embrumée, picotements, souffrance due à la chaleur, traitement lourd à base de corticoïdes avec effets secondaires, fragilité à la moindre bactérie…

Prendre en compte au travail

Cela montre combien le chemin est encore long. « Il faut sensibiliser les professionnels à la maladie, éduquer car la plupart des symptômes sont invisibles. Beaucoup de gens sont traités comme des paresseux quand ils sont malades. » Les politiques, le monde du travail, le monde dans son ensemble, doivent en prendre conscience et faire preuve d’empathie. Pour celui qui « ne vit plus la vie de la même manière, profite de chaque minute », car la douleur rend « chaque mouvement lourd » y compris « les séances de physiothérapie pour garder l’autonomie », cette journée doit aussi inverser la tendance. « C’est à nous de dire ce dont nous avons besoin et non pas de faire passer un cahier des charges par des personnes qui ne sont pas concernées. »

Stands et ateliers

Le centre d’action sociale communal de Montézic organise cette journée portes ouvertes pour sensibiliser à la sclérose en plaques et permettre aux personnes atteintes, ainsi qu’à leurs proches, de se retrouver. C’est la vocation du centre de répit Valadou, ouvert en 2012, initialement pour accompagner les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer et soulager les aidants. Aujourd’hui, le centre Valadou est ouvert aux familles et à leurs proches malades et atteints d’une maladie neurodégénérative (Alzheimer ou maladies apparentées, Parkinson, Huntington, sclérose en plaques…) ou dépendants et en perte d’autonomie. Pour la journée portes ouvertes, la matinée sera consacrée à des ateliers en immersion dans la maladie. Il sera possible de porter des lunettes de réalité virtuelle pour voir ce que vit une personne atteinte de sclérose en plaques. Des stands d’information seront installés à partir de 10 heures (kinésithérapeutes, psychologue, ergothérapeute, matériel médical, sophrologue, enseignants du centre…)

Une journée dans la peau de quelqu’un d’autre pour se rendre compte que la maladie peut toucher n’importe qui. Sandrine s’apprête à dire au revoir, à déménager à Rodez pour se rapprocher des onze praticiens et des services de soins. « Il faut changer de regard sur le handicap, il n’y a même pas de groupe de parole pour les jeunes », constate celle qui s’estime néanmoins « chanceuse » car elle est soutenue par son mari René, « qu’elle a demandé de partir et qui est resté », l’amour de ses deux enfants et le fait d’avoir les moyens financiers de couvrir les moindres tâches coûteuses comme ouvrir une entreprise.

« Le président de la République a dit pendant les Jeux paralympiques que les fauteuils roulants seraient remboursés, mais il faut aussi quelqu’un derrière pour s’en occuper. » Les Jeux sont terminés mais le combat ne fait que commencer. Sandrine Jourdan garde l’espoir du soleil levant, avec un projet, notamment, de créer un centre d’accueil de jour pour les jeunes. Pour que demain soit moins dur et moins pesant pour eux afin qu’ils puissent avoir la vie devant eux.

Témoignages, repas et conférence

Le professeur Pierre Labauge, du CHU de Montpellier, centre expert de la sclérose en plaques et coordinateur du service de neurologie, animera une conférence à partir de 13h30 pour évoquer les symptômes invisibles. Troubles sensoriels et cognitifs, fatigue, troubles de l’humeur, troubles de la déglutition, troubles urinaires et de la vision, douleurs, spasticité, troubles du sommeil, problèmes respiratoires sont autant de troubles causés par la sclérose en plaques qui ne sont pas visibles. De nombreux témoignages de personnes de tous âges, et touchées à des degrés divers, viendront raconter leur vie avec cette maladie. Un repas est proposé à partir de midi, sur réservation, pour tisser du lien et prolonger la discussion.

Réservations au 05 65 44 89 42 ou [email protected]

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Octobre rose pour une deuxième édition à Buzançais
NEXT « Plus vous mangez ces aliments, plus vous risquez un cancer, un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque », prévient le Dr Cocaul.