La santé des femmes dans les soins personnels à l’étude

La santé des femmes dans les soins personnels à l’étude
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C’est pour remédier à cette lacune qu’une spécialiste en toxicologie du Centre de biotechnologie Armand-Frappier Santé de l’Institut national de la recherche scientifique, la professeure Isabelle Plante, a récemment lancé une vaste étude pour laquelle elle recrute actuellement des participants aux quatre coins de la province.

«La prémisse de ce projet est de déterminer si travailler ou être continuellement exposé à diverses molécules présentes dans les produits que nous utilisons quotidiennement peut avoir un effet sur la santé», a résumé Mme Plante.

Les produits comme les shampoings, les revitalisants, les colorations, les vernis et le maquillage contiennent des molécules synthétiques qui peuvent interférer avec le fonctionnement des hormones, appelées « perturbateurs endocriniens ».

Cela peut entraîner divers problèmes de santé liés au développement, à la fertilité et à la grossesse, en plus d’augmenter le risque de cancer du sein.

La quantité de produits capillaires et de beauté que les coiffeurs, maquilleurs, esthéticiennes et autres manipulent quotidiennement augmente leur exposition à ces substances.

De plus, ces femmes sont exposées à une large gamme de produits contenant de multiples molécules perturbatrices. Lorsqu’elles sont combinées, on ne peut exclure que ces différentes molécules puissent interagir entre elles et provoquer d’autres effets indésirables.

Ce potentiel « effet synergique », dont on ne sait pas grand chose pour le moment, inquiète particulièrement Isabelle Plante.

« Nous avons des réglementations qui disent, par exemple, que nous ne pouvons pas être exposés à plus d’un certain nombre de milligrammes de triclosan par jour », a-t-elle cité en exemple. Mais cette réglementation est faite pour chaque produit individuellement. Alors oui, on a une limite pour le produit A, une limite pour le produit B et une limite pour le produit C. Mais ces trois produits peuvent être présents en même temps chez les femmes qui les utilisent, et on ne connaît pas vraiment le » effet de ce mélange sur leur santé.

Il est possible que l’action des produits A, B et C s’additionne, ajoute-t-elle, et que « un plus un plus un ne fasse plus trois, mais fasse tout d’un coup cinq ou six parce qu’il y a un effet d’amplification, finalement ».

La première étape du projet consiste à évaluer l’état de santé global des participantes, avec un questionnaire portant particulièrement sur leur santé reproductive – leur cycle menstruel, les difficultés rencontrées (ou non) pour tomber enceinte, etc.

Il sera ensuite demandé aux femmes qui souhaitent s’impliquer davantage de fournir des échantillons d’urine qui seront analysés en laboratoire pour déterminer à quelles substances elles sont exposées.

L’étude irait encore plus loin en s’intéressant à la santé de la progéniture, puisque les effets néfastes de l’exposition aux perturbateurs endocriniens se transmettent d’une génération à l’autre. L’étude pourrait donc contribuer à mieux protéger la santé des enfants et petits-enfants de ces femmes.

«Par exemple, les œstrogènes et la progestérone sont des hormones extrêmement importantes chez la femme», rappelle Mme Plante. Alors le fait d’avoir plusieurs de ces perturbateurs endocriniens auxquels nous sommes exposés quotidiennement peut avoir des effets assez importants au niveau de notre santé reproductive.

La littérature scientifique montre déjà que les femmes qui travaillent dans le domaine de l’esthétique ont de plus grands problèmes de fertilité. On sait aussi que ces femmes sont de grandes consommatrices de produits contenant des perturbateurs endocriniens.

Ce qu’on comprend moins, dit Mme Plante, « c’est si l’un est la cause de l’autre, ou quelle corrélation il y a entre les deux ».

Les données scientifiques sont actuellement ambiguës.

“Certaines études trouvent des effets, d’autres trouvent moins d’effets”, précise le chercheur. Mais nous pensons que le problème est qu’elles (les études) porteront sur une molécule en tant que telle et non sur toutes les molécules, d’où l’effet synergique que peuvent avoir tous ces produits. C’est donc un peu notre nouveauté.

Les femmes intéressées à participer à cette étude sont invitées à contacter les chercheuses, qui souhaitent recruter à la fois des femmes travaillant dans le secteur des soins personnels et un groupe témoin de femmes provenant d’autres secteurs.

 
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