Jany Grassiot, généalogiste amateur élevée au rang de Chevalier de la Francophonie

Jany Grassiot, généalogiste amateur élevée au rang de Chevalier de la Francophonie
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J.Acques Chirac, Renaud et Jany Grassiot auront bientôt un point commun. Comme les deux premiers, le Charentais-Maritime deviendra ce lundi 22 avril récipiendaire de l’Ordre de la Pléiade (lire par ailleurs), une décoration décernée par l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF). Un honneur assez unique en France puisqu’ils ne sont qu’une centaine à pouvoir y prétendre.

Mais que fait dans cette short list Jany Grassiot, retraité de 67 ans de la fonction publique territoriale, lui qui n’est pas chanteur et encore moins ancien président de la République ? La réponse réside dans son amour pour l’histoire et la généalogie.

Les premières flammes de cette passion jaillissent du foyer d’une ancienne ferme plantée au cœur de la plaine de l’Aunis, à Puyravault. Au coin du feu, Aline Dillerin aime raconter les histoires de ses ancêtres, vivant sur ces terres depuis, au moins, 1640. Dans les années 1960, son arrière-petit-fils, âgé d’à peine 10 ans, passait ses hivers à l’écouter. « Un jour, elle m’a dit que nous descendions de seigneurs », se souvient Jany Grassiot. A l’âge de 12 ans, en 1968, alors que la vieille femme était décédée il y a deux ans, il décida de vérifier cette affirmation qui lui trottait dans la tête. Sans ordinateur et encore moins Internet, il écume durant son adolescence les mairies et le service des Archives départementales pour dresser l’arbre généalogique de sa grand-mère, le premier d’une longue série.

sang royal

Première découverte, son arrière-grand-mère ne racontait pas de légendes. Jany Grassiot est en effet le descendant des seigneurs de la région, et notamment de la famille De Hillerin. Elle vécut notamment dans l’ancien prieuré de Puyravault, aujourd’hui disparu, et dans le logis seigneurial datant de la Renaissance, encore visible dans le bourg du village. « Ils sont les descendants directs d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine », souligne l’historien amateur. J’ai du sang royal, mais aujourd’hui, beaucoup en ont ! » Cette humilité transparaît chez le personnage, lui qui a toujours vécu à Puyravault. Il a cependant côtoyé quelques personnalités importantes. Et c’est grâce à Ozanne Achon.

La première fois qu’il en a entendu parler, Jany Grassiot ne connaissait pas son nom. C’est bien sûr son arrière-grand-mère qui parlait d’« une servante de leurs seigneurs ancêtres partie dans un pays très lointain… » Des années plus tard, en 1985, cette anecdote lui revint en mémoire. Une délégation de l’Association des Tremblay d’Amérique (ATA) est ensuite passée par l’Aunis pour visiter les terres de son ancêtre, Ozanne Achon, épouse de Pierre Tremblay. Mariés en Nouvelle-France en 1657, ils eurent une douzaine d’enfants et, aujourd’hui, le nom Tremblay est porté par 150 000 personnes en Amérique du Nord, pour une descendance estimée à 800 000 personnes. Née au Chambon en 1633, Ozanne Achon part pour le Nouveau Monde en 1657 après sa vie de servante chez les De Hillerin.

Plusieurs voyages outre-Atlantique

Cette visite de 1985 est le point de départ de l’intérêt de Jany Grassiot pour les pionniers partis vers ce qui deviendra le Québec. Les trente années suivantes le voient fouiller dans la généalogie d’Ozanne Achon et de sa famille. En 2008, lors de sa première traversée de l’Atlantique pour l’anniversaire de l’ATA, quelque chose le frappe. « Parmi les Tremblay que j’ai vus, il y avait des sosies de moi et de mon père… » De retour en France, il explore la branche de son arbre généalogique qu’il n’avait pas étudié jusqu’ici, du côté paternel. Il n’en revient pas de sa découverte : « La mère d’Ozanne Achon et un de mes ancêtres étaient frère et sœur ! »

“M. Grassiot, il faut de la gratitude, ce n’est pas possible ! »

Ensuite, Jany Grassiot traverse encore deux fois l’Atlantique pour revenir au Canada, où il ne manque pas d’amis. Pas sûr cependant qu’il aurait franchi le pas au 17e.e siècle. « Ces pionniers avaient une certaine audace, il fallait aimer l’aventure, n’importe qui ne pouvait pas y aller. Mais ici, la vie était très dure et très chère à l’époque, donc c’était réussir ou mourir. »

Dion, Boulay, Plamondon…

Au fil des années, sa réputation grandissante de fouineur d’archives incite de nombreux Québécois à lui demander de créer leur arbre généalogique et, « lorsque cela est possible, de retrouver le lieu de naissance de leurs ancêtres ». « J’ai fait celui de la famille de Céline Dion, Isabelle Boulay, Fabienne Thibault… » Cette dernière, également descendante d’Ozanne Achon, est ainsi une cousine éloignée – la chanteuse « vient à la maison de temps en temps » – de la soixantaine. -ans, qui a également mis ses talents au service de Luc Plamondon, le célèbre parolier québécois de « Starmania ». « J’ai fait son arbre généalogique en 2016 et il m’a invité pour une représentation de « Notre-Dame-de-Paris ». » De quoi rendre la pareille à quelqu’un qui n’a jamais fait ça autrement que par plaisir.


Fabienne Thibeault et Jany Grassiot, devant la demeure seigneuriale de Puyravault où leur ancêtre Ozanne Achon était domestique avant son départ pour la Nouvelle-France en 1657.

Archives Pascal Couillaud/SO

Cependant, nombreux sont ceux qui lui disent qu’il mérite d’être reconnu pour son travail, toujours effectué sur une base bénévole. Line Beauchamp en fait partie. Déléguée générale du Québec à Paris, elle l’a choisi comme guide en 2017 pour se rendre à Notre-Dame-de-Cougne, à La Rochelle, d’où sont originaires ses ancêtres. “M. Grassiot, il faut de la gratitude, ce n’est pas possible ! », lui a-t-elle dit avant d’en parler avec insistance au président de l’Assemblée nationale du Québec. Et aujourd’hui, Jany Grassiot s’apprête à se rendre à Paris avec ses deux filles pour recevoir le titre de chevalier de l’ordre de la Pléiade. Même si elle n’est pas aussi tape-à-l’œil que celle du seigneur, son arrière-grand-mère aurait sans doute adoré raconter cette histoire devant un bon feu.

Ordre de la Pléiade

Jany Grassiot sera décorée de l’Ordre de la Pléiade ce lundi 22 avril à Paris par Francis Drouin, président de la section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie et député du Canada. Le Charentais-Maritime sera élevé au rang de chevalier de cet ordre créé en 1976, qui comporte plusieurs niveaux : chevalier, officier, commandeur, grand officier et le plus prestigieux, la dignité de grand-croix.

 
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