On connaît tous Lancelot, Arthur, Galahad, Gauvain… mais on en sait moins sur les autres chevaliers de la Table Ronde. Il y en a même un qui avait complètement disparu de nos livres et de nos mémoires. Ségurant a été redécouvert par un jeune archiviste italien. Le centre de l’imaginaire arthurien, dans la forêt de Brocéliande, nous invite à sa rencontre.
Un jour, en parcourant un manuscrit ancien de la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, Emanuele Arioli aperçut une enluminure et un morceau de texte. Il s’agissait d’un brave chevalier nommé Ségurant. Mais à peine le temps de découvrir le héros que le manuscrit fut interrompu. La phrase coupée au milieu.
Un chevalier inconnu, un texte qui s’arrête… le paléographe archiviste a été piqué au vif. Il avait 22 ans et pensait que mener des recherches sur ce mystérieux Ségurant prendrait quelques mois, son enquête a duré dix ans.
Emanuele part à la recherche de ce chevalier oublié. Il a visité les bibliothèques de toute l’Europe. Il retrouve une trace de Ségurant dans une bibliothèque de Venise, en Italie. Encore un morceau dans les rayons en Allemagne, en Angleterre.
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rapport de N. Corbard ; S. Izad et G. Hamon
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Parfois, l’encre de certains parchemins commençait à pâlir. D’autres rouleaux avaient été en partie dévorés par les flammes. Les textes ont été écrits entre 1240 et 1279. Mais peu à peu, texte après texte (Emmanuele exhumé 28), le portrait et le destin du chevalier se dessinent.
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Ségurant était un jeune chevalier de l’île du Non-Savoir. Il était très grand, presque un géant et il avait une force disproportionnée. Pour montrer sa valeur, il affronta et tua un lion.
Un jour, le roi Arthur organise un tournoi en son honneur à Winchester. “Dans le pré, les tentes étaient dressées. Celle de Ségurant était surmontée d’une pierre précieuse qui éclairait le jour et la nuit comme une torche.
Le roi Arthur est dans sa galerie. Gauvain, Lancelot, Galahad joutent devant lui, quand Ségurant entre et se précipite contre eux. Bientôt, tous les chevaliers brisèrent leurs lances sur son bouclier. Il semble invincible.
C’est alors que la Fée Morgan entre en jeu. Il évoque le diable et fait apparaître un hideux dragon. N’écoutant que son courage, Ségurant se précipite pour combattre le dragon. Mais lorsqu’il traverse le mur de flammes, victime du sortilège de la Fée Morgane, il oublie tout. Le roi, les chevaliers. Rien n’a d’importance à part ce dragon.
Ségurant veut s’en prendre au dragon. Il est prêt à parcourir toutes les terres et toutes les mers du monde. Mais comme le dragon n’est qu’un mirage, il sera à jamais impossible de le tuer. !
Profitant de son départ brutal, la Fée Morgane réussit à convaincre tous les participants du tournoi que Ségurant n’était qu’un rêve et que le vaillant chevalier était effacé des mémoires.
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Ségurant oublie et est oublié de ses contemporains et bientôt il disparaît lui aussi des livres. A une certaine époque, explique Emanuele Arioli, les textes médiévaux étaient copiés en morceaux. On n’a gardé que les épisodes les plus marquants, Ségurant est tombé dans l’oubli.
Disparu pendant des siècles, Ségurant a repris vie grâce aux travaux d’Emanuele. Il publie ses aventures sous forme de roman et de bande dessinée. Dans la forêt de Brocéliande, le Centre de l’imaginaire arthurien consacre une grande exposition à Ségurant et Emanuele Arioli. L’occasion de découvrir à la fois un valeureux chevalier et un vaillant archiviste.
(avec Nicolas Corbard)