« Le viol est minimisé en Afrique subsaharienne, on est loin du #MeToo »

Publié le 17 avril 2024 à 20h58 / Modifié le 17 avril 2024 à 21h13

Petite fille, elle voulait être Cyd Charisse, cette actrice et danseuse américaine qui a conquis tant de cœurs. Comme cette idole de la comédie musicale, elle aurait descendu les escaliers du casino royal et chanté sous la pluie. Léonora Miano partage avec vous cette vie de rêve autour d’un chocolat chaud, dans le foyer du Théâtre de Vidy à Lausanne. Le ciel s’enrhume, tant pis, toi, tu goûtes avec l’auteur de Impératrice Rouge (Editions Grasset), de Le contraire de la blancheur. Réflexions sur le problème blanc (Editions Le Seuil) et La Foufoune pas si amoureuse ces jours-ci, texte qui met à nu les tortures d’alcôve des femmes subsahariennes, la gueule de bois qui suit le nirvana des nuits d’hymen.

C’est pour cette chanson crue et caustique, cette description d’une société où le viol n’est qu’un accident dans la descente des jours, où les mâles règnent du haut de leur faiblesse, que l’on rencontre l’écrivaine camerounaise, devenue française pour sa fille, née en France, comme elle le dit dans son essai Afropée. Elle lâche ce réquisitoire poétique, escortée par Francis Lassus, dont les percussions dessinent les rives d’une libération imminente. Sur scène – jusqu’à jeudi – ces deux personnages magnifiques allient âme, malice et bravade comme il convient lorsqu’il s’agit de fomenter une révolution.