la harpe et le chemin – .

N’est-ce pas merveilleux ? Ces lignes vous entraînent dans l’univers enchanteur, magique et mélodique des harpistes, réunis pour les 7èmes Journées de la Harpe à Espéraza du 19 au 24 avril, est aussi improbable que de voir Poutine gambader dans un champ de coquelicots en tutu avec une lyre dans les bras. . Oui, mais nous sommes dans la Haute Vallée de l’Aude et, là-bas, les effets de surprise font partie d’un quotidien sans routine.

Il faut une grande sensibilité et un cœur à l’unisson de son âme pour se lancer dans un tel festival. Réunir la quintessence des harpistes d’Occitanie et d’ailleurs, pour les présenter dans toute leur splendeur mélodique à ce petit morceau d’Oc qu’est Espéraza, mérite d’être porté aux nues. Sans doute être un doux rêveur, un poète dans l’âme, ne pas réagir aux propos d’économistes anxieux, chipoter sur une probable déflation qui entraînerait la fin du monde, pour, comme Patrick Dhersin, se jeter dans l’arène.

Nadia Birkenstock, la harpe naturelle
Harfe Laub Quer

Instrument mythique

Non pas qu’il bâille, mais ce fondateur du festival harpe day et directeur artistique de celui-ci, vole au milieu des arpèges comme d’autres au milieu des sondages. Ce n’est pas la même stratosphère. Fasciné par la harpe, originaire du Pas-de-Calais, Patrick Dhersin, dont le prénom très celtique préfigurait son allégeance à l’instrument mythique, débute sa carrière professionnelle dans le monde équestre. Amoureux des chevaux, il a été palefrenier et entraîneur de chevaux en région parisienne pendant 20 ans. Un rêve d’enfant, qui a d’abord mûri dans le monde agricole, en tant que vacher et chevrier. Ce n’est qu’en 2009 qu’un ami l’a amené ici, en Haute Vallée, pour un stage sur les écovillages. Parallèlement, Michel Garnier, un ami musicien, lui demande d’organiser un improbable concert en 2012 à l’Ermitage de Galamus, avec l’accord du curé et du diocèse, car la grotte était sacrée. De corde en corde, il crée l’association « Nasuar Terre Vivante » pour structurer ses projets musicaux et écologiques. Patrick fait partie de ceux qui donnent constamment. Sarkozy, Fillon, Balladur, ricanent en chœur, ils ne savent pas.

Duo de harpistes dans les gorges de Galamus
Produit

Un monde plus vivable

Un partage essentiel pour lui, qui se traduit par des concerts de harpiste qu’il programme de temps en temps dans des EHPAD avec des effets assez extraordinaires. Par exemple, une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer a reconnu ses fils lors d’un concert de harpe. Les sons qui provoquèrent en elle une émotion intense débloquèrent instantanément les données supprimées. Cette puissance bien connue de la musique et de certaines fréquences sonores n’est plus à démontrer, sauf peut-être pour les amateurs de Techno hard-core ibérique ou de Black Metal norvégien.
Patrick œuvre donc dans cette culture du don et, à travers ses journées de harpe, contribue à rendre notre monde plus vivable durant la semaine du 19 au 24 avril.

Morgan of Glencoe, en concert le 19 avril à Espéraza
Lauren Keravec

Fantasmes lyriques

Il y a deux écoles de harpe, nous explique-t-il au bar du PMU à Espéraza un dimanche de marché fébrile et animé (voir la page art de vivre dans ce numéro). La harpe celtique, plus petite, plus facilement transportable – tout cela restant relatif surtout pour les flûtistes – sans assommer ses voisines immédiates, se joue plus dans une ambiance festive, gaélique et joyeuse, autour de parfums raides de houblon, que la harpe immense que l’on rencontre. dans les grands orchestres symphoniques et qui provoque une scoliose chez ses praticiens, issus d’un milieu social plus aisé. Plutôt pratique. Dans notre imaginaire d’hommes blancs en préretraite, la harpe est associée à la femme. Belle vestale aux longs cheveux soyeux, sylphe du ciel pourvoyeuse de fantaisies lyriques, elle est une déesse inaccessible, bien loin des succubes déguisées des plateaux de télévision.

Cours d'initiation à la harpe
Cours d’initiation à la harpe
Produit

Un concert : un arbre

Cette pureté absolue, associée à cet instrument à la résonance magique et ésotérique, ne pouvait se développer nulle part ailleurs que dans les terres gnostiques de la Haute Vallée. Il n’existe pourtant pas de tradition harpiste sur ce territoire, mais Patrick a souhaité redonner quelque chose à cette terre qui l’a accueilli. Sa grande idée : un concert équivaut à un arbre planté. Le bois utilisé pour les harpes est rendu à la nature, nous raconte-t-il. Un équilibre fragile, qu’il veut préserver avec ses micro-actions pas si farfelues que ça. Son festival attire près d’un millier de personnes sur la semaine et permet aux professionnels du tourisme de se remettre sur pied pendant cette période. Ô miracle de la mélodie transcendantale.

 
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