« Des montagnes russes émotionnelles »

« Des montagnes russes émotionnelles »
« Des montagnes russes émotionnelles »

Le JDD. Anthracite, diffusé sur Netflix, est une expérience visuelle unique, un ovni à la croisée de plusieurs genres. Comment avez-vous construit ce projet ?

Julius Berg, réalisateur. Nous voulions explorer différents genres, à mi-chemin entre l’aventure, l’horreur, la comédie et “vrai crime”. Nous voulions une série à la fois divertissante et graphique. Le travail sur le casting a également été déterminant : nous voulions des personnages très incarnés. C’est le cas de Giovanna, l’enquêtrice de gendarmerie incarnée par Camille Lou.

“J’ai essayé de nourrir ce côté brut, toujours avec intensité”

Camille Lou, comédienne. J’ai immédiatement rejoint le projet. Je me suis plongé dans le personnage de Giovanna, dans sa psychologie, dans son passé. Elle porte une expérience qui l’a brisée. J’ai essayé de nourrir ce côté brut, toujours avec intensité. Pour une actrice, c’est agréable de jouer un tel personnage.

Le reste après cette annonce

Anthracite est-elle une simple série policière ?

Camille Lou. Anthracite ne ressemble pas à une série policière classique. Les codes sont inversés, l’évolution est inattendue. Nous apprenons ce que « enquête sur le Web », l’élucidation de cas par des passionnés. J’aime ce côté ludique, choral et jeune adulte. On ressent une certaine énergie.

Ce n’est pas un thriller, c’est plutôt un groupe d’amis ! »

Jules Berg. Oui, ce n’est pas un thriller, même s’il y a un mystère à élucider. C’est plutôt un groupe d’amis ! Outre Giovanna, qui est rapidement exclue de la gendarmerie parce qu’elle va à contre-courant de ses collègues, il y a trois jeunes hauts en couleur qui ne sont pas des enquêteurs professionnels.

D’ailleurs, nous avons très peu filmé à la gendarmerie – seulement trois jours – pour donner plus d’importance aux différents décors, et à l’aventure !

La puissance qui se dégage des décors est saisissante. Ce ne sont pas seulement de beaux paysages de la région Rhône-Alpes : ils font aussi partie de l’histoire…

Jules Berg. La co-créatrice et scénariste de la série, Fanny Robert, a grandi dans cette région, au pied d’une ancienne mine d’anthracite – la plus pure du monde, prétendait-on. Ce décor a un côté magique. Et terrifiant, puisque c’est le lieu du suicide collectif de l’ordre du Temple Solaire, en 1995, qui a alimenté son inspiration pour la série. La montagne était au cœur de l’ambition narrative de la série, presque un personnage à part entière. Avec des lieux de tournage parfois difficiles d’accès, n’est-ce pas Camille ?

Camille Lou. Nos décors étaient mérités, c’est vrai ! En montagne, il fallait déjà une heure de route pour arriver au lodge HMC [Habillage, Maquillage, Coiffure, NDLR] suivi d’une balade de vingt minutes en télécabine, puis d’un quart d’heure en télésiège, avant encore un quart d’heure de marche dans la neige… On s’est donné, mais je pense que c’était pour le mieux !

« Camille est une actrice explosive ! »

Comment s’est passée votre collaboration avec Julius Berg ?

Camille Lou. Je ne connaissais pas Julius avant le tournage, puis je suis tombée amoureuse de lui. Travailler avec lui a été une véritable rencontre. J’ai adoré l’esthétique d’une de ses séries précédentes, La forêt. Dans Anthracite, on retrouve la touche unique de Julius Berg. Et sa vision d’ensemble, qui allie travail graphique et travail sur l’acteur : les deux se nourrissent l’un de l’autre pour créer quelque chose de fort, que je trouve très réussi.

Comment s’est fait le choix de Camille Lou ?

Jules Berg. Camille est l’une des rares actrices à incarner physiquement son rôle, un peu à la manière anglo-saxonne. En France, les comédiens ont tendance à trop intellectualiser, au risque de produire un spectacle désincarné ; Ce n’est pas le cas de Camille, qui vit son personnage en chair et en os. Camille est une actrice explosive !

« Le traitement du dessin animé permet de s’éloigner de l’obscurité »

La série est assez sombre. Avez-vous pu vous amuser sur le plateau ?

Jules Berg. Oui, car le traitement un peu caricatural de la série permet de prendre ses distances avec la noirceur. Nous n’avons pas été hantés par les problèmes narratifs.

Camille Lou. C’est une tournée d’anxiété qui agit comme un vaccin. On a tourné avec du sang, de l’horreur, des faux corps humains extrêmement réalistes… A tel point qu’il y avait quelque chose de jouissif dans l’horreur qui conjurait l’angoisse ambiante.

Jules Berg. Je me souviens d’un bon moment de tournage. Camille face à l’homme à tête de bouc, qui est l’hallucination d’un autre personnage. Elle s’exclame : “Mais il n’y a personne”tandis que la tête de la chèvre est juste devant elle. Cela a provoqué des rires incontrôlables.

“En tant qu’actrice, l’important est de sympathiser avec le personnage”

En tant qu’actrice et réalisatrice, quelles ont été vos sources d’inspiration ?

Camille Lou. En tant qu’actrice, je n’essaie pas d’imiter. Ma méthode consiste plutôt à m’immerger dans le personnage, à le comprendre, à me mettre à sa place. J’y mets toujours un peu de ce que je suis, même quand le rôle est assez loin de moi. je je ne peux pas faire une proposition qui ne vienne pas de moi. L’important est de sympathiser avec le personnage.

Jules Berg. Pour la production, c’est un peu différent. Nous avons besoin de références, notamment pour communiquer avec les chefs de gare. Nous nous sommes inspirés de séries comme Vestes jaunes, pour la tension colorée qu’il dégage. Nous voulions éviter les séries dépressives du type Rivières violettes.

Le film Soirée boogie et la série récente Euphorie nous a également intéressés pour leurs mouvements de caméra très libres. Cette grammaire cinématographique variée permet de nouvelles propositions de films.

« L’ambition initiale était de proposer des montagnes russes émotionnelles »

Cette série n’a pas de temps d’arrêt. Tout est surprenant. Au niveau narratif comme au niveau graphique, c’est un spectacle total…

Jules Berg. L’ambition initiale était de proposer des montagnes russes émotionnelles. Un divertissement un peu au-delà du réel, qui est crédible et incarné, sans pour autant être dans la pure réalité.

Camille Lou. En tant que spectateur, j’étais très sensible au côté participatif de la série. On mène l’enquête avec les personnages, on élucide à leur rythme, au fur et à mesure. Même s’il est très difficile de trouver d’emblée le coupable, on ne peut s’empêcher de chercher, de faire ses hypothèses…

 
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