Pourquoi avons-nous toujours cette sympathie particulière pour les personnages secondaires ? Pour les élèves du fond de la classe, pour ceux qui sont rarement entendus, ceux qui doutent, ces magnifiques perdants, les Verts en 76 au Poulidor. Peut-être parce qu’il n’a jamais été très charmant ni très poétique de se le raconter. Nous avons visité Ostende, et c’est ce que cela nous a rappelé.
Le meilleur restaurant steak d’Europe arrive à Knokke :
Les charmes discrets de la vie ostendaise
En matière de charme, on ne peut pas dire que la côte belge soit vraiment appréciée. Entre les immeubles à étages le long de la digue, les cuistaxes, les glaces à deux boules avec un supplément de chantilly et les cous rouges pivoines en fin de journée… Il y en a pourtant toujours un qui parvient à se démarquer : Knokke. Tant que c’est un cliché, autant que ça soit chic. Entre Marie Siska, la place M’as-tu vu, Memlinc (qui vient d’annoncer sa fermeture), Knokke Out et les cossues villas du Zoute. Et si on arrêtait de se montrer ? À l’ère du « luxe tranquille », nous fuyons les destinations flashy au profit d’escapades sous-estimées. Un gage de calme avant tout, de charme aussi, et de plus de sincérité aussi ?
Dans cette quête de plus d’authenticité, il y a Ostende, la petite sœur mal-aimée. Plus « city », moins « chic », le front de mer en béton n’est, a priori, pas vraiment attractif. Et encore. Il y a un charme discret dans cette station balnéaire qui se révèle à qui prend le temps de la découvrir. L’ancien trois étoiles Jean-Pierre Bruneau s’y est installé après sa retraite. C’est également ici que Marvin Gaye a écrit son célèbre tube Midnight Love. Mais la star d’Ostende reste sans conteste le peintre James Ensor. La ville célèbre également cette année le 75e anniversaire de sa mort à travers une série d’hommages épars. La visite nostalgique à ne pas manquer ? Celle de la maison de l’artiste, où il a peint ses crânes et masques uniques et où il a vécu toute sa vie. Pas de femme, pas d’enfants, le vieil homme choyé par un serviteur et ami omniprésent connaîtra le succès sur le tard, mais de son vivant.
Une fausse désinvolture qui séduit
A quelques maisons de là, en bord de mer, se trouve ce bar aux espaces maison, « ET SO – je m’en fou », qui résume parfaitement la décontraction nonchalante de l’adresse. A l’étage, on se blottit sur l’un de leurs bancs perchés sur le côté de la façade, et on admire la mer au loin en sirotant quelque chose de frais et de réconfortant. Pour les amateurs d’art, rendez-vous chez le galeriste Tom Gerits, dont la collection de bon goût (Raoul Utac, Roger Raveel, Luc Peire, etc.) fait mouche. Pour manger dans une ambiance funky de bons plats méditerranéens, rendez-vous chez Paroles Paroles qui vient d’allumer ses néons roses dans le Quartier SKY.
Et pour une expérience culinaire dont vous vous souviendrez toujours, nous réservons une table longtemps à l’avance chez Willem Hiele. Au bout d’une longue allée éclairée bordée de trognes, dans une maison aux allures de bunker nichée au milieu des polders, on découvre le nouveau restaurant éponyme du chef étoilé. Impossible d’en sortir indemne (y compris financièrement). Oui, entre originalité et simplicité, Ostende possède ce charme unique qui attire les talents. La ville a aussi le mérite de vivre toute l’année et pas seulement lorsque les beaux jours arrivent. Le meilleur ? Offrez-vous un week-end, même s’il pleut, vous ne vous en souciez pas, et savourez la délicieuse audace de ne pas être comme tout le monde…
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