Recueillir l’ADN de 10 000 Wallons pour établir des critères de risque de cancer du sein et d’autres maladies

Recueillir l’ADN de 10 000 Wallons pour établir des critères de risque de cancer du sein et d’autres maladies
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On connaît le fameux gène d’Angelina Jolie, BRCA, qui augmente considérablement le risque de cancer du sein. Mais de nombreuses maladies sont liées à des facteurs génétiques. L’objectif du projet ENSEMBLE, porté par le CHU et l’ULiège, est d’obtenir un facteur prédictif d’autres cancers et d’autres maladies. “Les êtres humains possèdent 30 000 gènes. Nous étudions des millions de marqueurs et maintenons les plus efficaces», explique le professeur Edouard Louis, doyen de la faculté de médecine et initiateur du projet.

Le projet est inclus dans MedResyst (Médecine des Réseaux et des Systèmes) et soutenu par le FEDER et la Wallonie. Il est doté d’un budget de 1,8 million sur deux ans.

Nous demandons l’accord des patients ordinaires

Pour pouvoir déterminer les marqueurs annonciateurs d’une potentielle future maladie, l’ensemble de l’équipe collecte l’ADN des patients qui donnent leur consentement éclairé aux chercheurs. “Il s’agit de patients hospitalisés ou visitant le CHU.», commente le Dr Sophie Vieuxjean, coordonnatrice clinique.

Deux animateurs rencontrent les patients, leur présentent leur projet et leur demandent si, lors de leur prise de sang, ils acceptent de donner un flacon supplémentaire, pour la recherche, ainsi que de remplir des questionnaires. “Nous avons un taux de réussite d’environ un sur deux. Mais quand j’en parle à mes patients atteints de la maladie de Crohn, ils disent oui à 100 %.

Quels profils recherchez-vous ? Idéalement, des patients pas trop jeunes. “Par exemple, pour établir un score de risque de cancer du sein, nous avons besoin de 300 patientes qui ont eu un cancer et de 300 qui n’en ont pas eu..» À l’aide de sang ou de salive, l’ADN est extrait, puis extrapolé pour avoir une idée globale du génome de la personne, et donc de l’ensemble de son information génétique. Ce génotypage coûte 90 € par personne.

Établir des scores de risque polygénique

Quand ENSEMBLE aura ses 10 000 ADN différents, le recours aux algorithmes et à l’intelligence artificielle permettra d’établir des risques polygéniques, qui portent ce nom car une multitude de risques sont impliqués dans l’apparition d’une maladie »,en plus d’un facteur environnemental, et d’un facteur malchance» ajoute le professeur Louis.

Ainsi, demain, une patiente pourra savoir si elle présente un risque élevé ou faible de cancer du sein, et commencer un dépistage à un âge plus ou moins avancé, à une fréquence plus ou moins fréquente. Même chose pour le cancer de la prostate, le risque de crise cardiaque, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), l’insuffisance rénale chronique, etc.

Et si ce sont des personnes plus âgées qui participent pour donner les clés des scores de risque, les informations obtenues pourraient servir à aider les jeunes à ne pas développer ces maladies, ou à les dépister très tôt, pour ne pas développer de complications… De quoi récupérer rapidement l’€ 90 investissements dans le génotypage !

L’objectif est d’avoir 10 000 ADN d’ici juin 2025, puis 100 000, 500 000, et d’élargir le ciblage à l’ensemble de la Wallonie. “Il est important que la communauté universitaire établisse ces scores. Nous ne voulons pas que les entreprises privées disposent des outils nécessaires et nous les fassent payer.» ajoute le professeur Louis.

De nombreuses questions éthiques

»La volonté est de disposer d’un outil maîtrisé afin de rendre un service au patient, mais tout en gardant le libre choix», explique Benoît Pétré, spécialiste de santé publique.

Les 10 000 cobayes qui participent à l’élaboration de l’outil d’évaluation n’auront pas accès à leurs informations, dans un premier temps, mais l’étude comporte une clause permettant qu’elles leur soient communiquées ultérieurement. Connaître son score de risque pour différentes maladies permet d’adapter son mode de vie ou ses bilans. “Mais il faut évaluer ce que représente le fardeau de cette connaissance, l’anxiété, par rapport au bénéfice» a déclaré M. Pétré. La plupart des patients déclarent encore qu’ils « préfèrent savoir ».

Mais au-delà des cas individuels, ce nouvel outil pourra mieux cibler la prévention en Wallonie à un niveau plus général. « La Belgique est à la pointe en matière de médecine curative, mais pauvre en prévention. Nous pouvons améliorer cela » conclut le professeur Louis.


83 pathologies avec le PRS calibré

Les scores de risque (PRS) permettent d’anticiper plusieurs cancers (côlon, poumon, pancréas), la maladie de Parkinson, la dépression, le choc septique, les allergies… au total 83 pathologies possibles.

La population des patients du CHU est majoritairement blanche et européenne. Il existe une volonté de recruter dans des centres médicaux fréquentés par d’autres ethnies.

Vous pouvez participer à l’étude même sans être suivi au CHU, en contactant [email protected] ou en appelant le 04 323 65 43.

 
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