« J’ai choisi la vigne par défaut, j’y suis resté par amour du métier », ils trouvent leur chemin vers l’emploi via le travail à la vigne

« J’ai choisi la vigne par défaut, j’y suis resté par amour du métier », ils trouvent leur chemin vers l’emploi via le travail à la vigne
« J’ai choisi la vigne par défaut, j’y suis resté par amour du métier », ils trouvent leur chemin vers l’emploi via le travail à la vigne

Dans les vignes, on la repère de loin avec son bonnet rouge et sa capuche rose. Raymonde, 61 ans, fait « tomber les bois » au passage des tailleurs. Elle s’agenouille près de chaque vigne pour ramasser les sarments, puis se lève et les ajoute au tas commencé en début de journée. Tout cela avec un grand sourire. Dans quelques jours, elle signera un CDI avec Preistavigne.

L’entreprise de services vitivinicoles et forestiers, basée à Toulenne, près de Langon, est une entreprise d’insertion par l’activité économique. Elle emploie notamment des chômeurs de longue durée, des bénéficiaires des minima sociaux, des jeunes et des seniors, comme Raymonde. Elle raconte : « J’ai fait un peu de tout : je travaillais dans des épiceries fines, je faisais du ménage… Mais j’adore la vigne, mes parents ont toujours travaillé dans ce domaine.

Financement du permis

Le petit plus de ce CDD inclusif, c’est l’accompagnement socioprofessionnel en même temps. C’est la mission de Nathalie Ryssen. « Nous travaillons sur des problématiques périphériques à l’emploi : logement, mobilité, surendettement. Ces deux années sont aussi le moment de construire un projet professionnel. Les salariés peuvent effectuer des stages via Travail et les missions locales. »


Karine, superviseure technique, et Jeanne, co-gérante, montrent à Will les gestes.

PAR EXEMPLE

« J’étais mère au foyer, maintenant que mes trois enfants sont partis, j’avais envie de travailler. »

Pour le guide, la mission est réussie lorsque les salariés ont repris confiance et sont autonomes. Elle se souvient du parcours d’un quadragénaire : « Sa première tentative lors des vendanges a été difficile, il souffrait d’addictions. Nous lui avons proposé un soutien médical et il a accepté notre aide. Aujourd’hui, il a signé un contrat avec une autre entreprise et nous restons en contact. »

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De la comptabilité au vignoble

A 61 ans, Raymonde va enfin passer son permis. «Quand je prendrai ma retraite, j’aurai envie de voyager», aime-t-elle rêver. Elle assiste à des séances de préparation au code avec Nathalie, une maman de 45 ans. Pour elle, la vigne ne doit être qu’une étape. Son objectif est de devenir boucher. Elle n’a aucune expérience, si ce n’est l’habitude de préparer les animaux chassés par son mari et son fils. « Je suis mère au foyer, maintenant que mes trois enfants sont partis, j’aimerais travailler. »

Parmi les ouvriers du jour, il y a aussi les deux Natalias, l’une a 46 ans, l’autre 66 ans. Tous deux sont arrivés d’Ukraine, après l’invasion par la Russie en février 2022. Le premier était enseignant, le second comptable. « Je suis heureux de pouvoir travailler ici, en plein air. La France m’a aidé, je veux payer des impôts ici», raconte le sexagénaire qui bénéficie de cours de français grâce à l’aide de Preistavigne.


Natalia, 46 ans, a fui l’Ukraine en 2022. Dans son autre vie, elle était enseignante.

PAR EXEMPLE

Dans les rangs, on croise également Karine, devenue chef d’équipe après son premier contrat d’insertion il y a quinze ans. « Je suis fier de moi, je n’aurais jamais pensé pouvoir le faire. Je suis heureux de partager mes connaissances et de leur raconter mon parcours, je leur montre que c’est possible. » A ses côtés, Will, 35 ans, taille soigneusement les vignes. « J’étais cuisinier, agent de sécurité, j’ai choisi le vignoble par défaut, mais j’y suis resté par amour du métier. C’est gratifiant de voir le fruit de notre travail tout au long de l’année. »

« Cela demande beaucoup d’abnégation, c’est une tâche répétitive, il faut de la régularité et de la résistance physique », reconnaît Vincent Poutays, directeur technique et commercial de Preistavigne. Nous ne mettons pas en avant ce côté intégration au niveau commercial, mais d’abord la qualité de notre travail. Mais dans un secteur où les lois du travail ne sont pas toujours respectées, nous sommes fiers de proposer un encadrement bienveillant. »

 
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