Drame et comédie avec Franck Dubosc, une romance contemporaine entre Andrew Garfield et Florence Pugh, des oiseaux dans les quartiers populaires d’Angleterre… La sélection cinéma de Figaro.
Eephus, le dernier tour – Avoir
Drame de Carson Lund – 1 h 38
« Que deviendrons-nous, Joe Di Maggio ? » C’est la question. Leur terrain de baseball va être détruit. Elle sera remplacée par une école. En Nouvelle-Angleterre, dans les années 1990, la nouvelle a eu de quoi choquer les habitués, qui allaient disputer leur dernier match. Ils ont la quarantaine, la brioche et des problèmes de genoux. Leurs maillots les serrent étroitement. Ce sont des amateurs, des petits sportifs. Leurs rencontres leur ont servi de soulagement. C’était leur jardin secret, leur parenthèse. Ils parlaient de tout et de rien, se connaissaient par cœur, n’avaient plus la force de se mettre en colère. Les arguments appartenaient au folklore. Le score importait peu. En marge, un vieux supporter compte les points avec une folie ridicule. Ils continuent à agir comme si.
Sentimental sans pleurer, avec une détresse qui ne gonfle pas la poitrine, le premier film de Carson Lund s’inscrit dans la lignée de Le Dernière séance de Bogdanovich, autre métaphore crépusculaire, adieu à un monde enseveli. ET. N.
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L’amour au présent – Avoir
Comédie dramatique de John Crowley – 1 h 48
C’est par une collision qu’Almut entre dans la vie de Tobias. Cette étoile montante de la cuisine croise sur la route ce directeur marketing d’une entreprise de céréales pour petit-déjeuner, déprimé par son divorce imminent. Pour se faire pardonner de l’avoir envoyé à l’hôpital, elle l’invite à dîner dans son établissement londonien étoilé au Michelin. Les étincelles ne se produisent pas seulement dans l’assiette. C’est une extravertie qui vise un Bocuse d’or. Lui, qui n’est plus une fleur bleue, rêve de fonder une famille. L’amour au présent suit leur trajectoire à trois moments clés : les débuts de leur romance, la naissance de leur fille et le combat d’Almut contre un cancer en phase terminale. Ces chronologies s’entrelacent dans un big bang de petits riens joyeux et de réminiscences plus mélancoliques.
Le réalisateur irlandais John Crowley tisse une réflexion sur les instants qui nous changent, et ceux qui nous construisent, sur le temps qui échappe à tout contrôle et recompose les mémoires. Florence Pugh et Andrew Garfield insufflent légèreté et absurdité à cette partition. C. J.
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Maja, une épopée finlandaise – Avoir
Drame de Tiina Lymi – 2 h 44
Une terre aussi majestueuse qu’inehospitalière, particulièrement en hiver. C’est ici que s’installe Maja, autrefois mariée par son père à Janne, un pêcheur modeste, barbu et bienveillant. Parce que ce patriarcat cache le véritable amour. Après une nuit de noces atroce, les deux jeunes époux s’ébattent dans l’eau gelée et se réchauffent sur les rochers. Janne construit à son bien-aimé une maison solide, un foyer chaleureux qui accueille bientôt quatre beaux enfants blonds. Pas de pleurs, pas de coups, pas de viol conjugal. Le mariage arrangé devient un facteur d’émancipation pour la jeune femme initialement soumise et analphabète. Janne lui donne une ardoise pour qu’elle apprenne à écrire. Mais la guerre vient contrarier ces jours heureux.
Maja, une épopée finlandaise ressemble un peu à une version douce de La leçon de pianoLa palme d’or de Jane Campion. Cela dit, le film de Tiina Lymi est moins une épopée qu’un mélodrame, ou du moins le portrait d’une femme, plus intime qu’épique. Cela peut être considéré comme une histoire de Noël. ET. S.
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Oiseau – On voit
Drame d’Andrea Arnold – 1 heure 58
Bailey, 12 ans, vit avec son frère Hunter et son père Bug dans un squat. Bug, tatoué de la tête aux pieds, roule sur un scooter électrique et compte gagner de l’argent avec un crapaud du Colorado qui crache de la bave hallucinogène quand on joue de la musique. Lorsque cette affaire sociale annonce à Bailey qu’il va se marier avec sa nouvelle petite amie rencontrée trois mois plus tôt, la jeune adolescente refuse de jouer les demoiselles d’honneur. Les enfants sont plus matures que les adultes, irresponsables et même violents. Un groupe d’enfants mène également des expéditions punitives contre les parents du quartier qui maltraitent leur progéniture, et ils sont nombreux. Le beau-père de Bailey est également un tyran à la peau épaisse qui terrorise sa mère et ses frères et sœurs. La chronique de la misère prend une autre tournure avec l’arrivée d’un étranger dans le monde de Bailey.
Et Oiseau décolle dans sa dernière partie et parvient à échapper à une peinture naturaliste et conventionnelle des classes populaires, elle reste bien en dessous du Règne animal. A côté du bestiaire fantastique de Thomas Cailley, l’oiseau d’Andrea Arnold ressemble un peu à un oiseau plumé. ET. S
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Vie tranquille – On voit
Drame d’Alexandros Avranas – 1 h 39
Un titre en anglais (à la place d’un autre titre en anglais, Apathie). Un réalisateur grec. Une esthétique autrichienne (on pense à Michael Haneke). Un syndrome observé en Suède qui touche les enfants de réfugiés d’un pays jamais nommé (l’Ukraine ?). Drôle de salade. Alexandros Avranas s’inspire du « syndrome de la résignation », un phénomène qui touche des centaines d’enfants poussés sur le chemin de l’exil avec leurs parents. Désespérés, ces enfants plongent dans le coma. Une manière de se retirer du malheur du monde, de s’extraire d’une réalité sans joie – l’ex-Yougoslavie hier, la Syrie aujourd’hui, l’enfer ne manque pas sur Terre. Les deux petites filles de Sergueï et Natalia « s’absentent » lorsque leur demande d’asile est rejetée.
La froideur de la mise en scène chasse tout pathos. Au point de se figer et de tuer toute émotion. Il faudra attendre la toute fin pour qu’un peu de chaleur humaine réchauffe les cœurs. Personnages et spectateurs. ET. S.
Un ours dans le Jura – A éviter
Comédie de Franck Dubosc – 1 h 53
Tout a commencé le 21 décembre sur une route sinueuse dans les montagnes du Jura. Alors qu’il tente d’éviter un ours qui apparaît sur la route verglacée, Michel, vendeur de sapins de Noël désabusé, percute violemment une voiture arrêtée sur l’accotement. Évaluation? Deux morts et, dans le coffre de la Mercedes, 2 millions d’euros en billets usagés, cachés dans un sac de sport… A cela, on ajoutera des migrants en transit, de sinistres trafiquants, un tueur à gages têtu comme une buse, et des policiers un peu stupides. qui ne pensent qu’à rentrer chez eux pour fêter Noël.
L’éternel amuseur des plages de camping se perd dans une forêt de clichés un peu désolée. Le pseudo-thriller cinglant à l’humour acéré se transforme alors en un calvaire prévisible doublé d’un vaudeville mal rythmé. Rien à voir, le film hésite constamment entre drame sérieux et comédie de situation, sans jamais choisir son camp. Au final, cette balade dans le Jura ressemble à une randonnée mal préparée. Quant à l’ours, il aurait mieux fait de rester dans ses montagnes. O. D.
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