Le petit roi étanche sa soif

Le petit roi étanche sa soif
Le petit roi étanche sa soif

Et puis, lequel est votre préféré ?

Mais oui, après Au revoir, nous demandons maintenant aux autres quelle était la meilleure publicité pour la série. Alors Mondou ? AirCanada? L’érable du Québec ?

Pour moi, il ne fait aucun doute que Coca-Cola remporte le prix avec son hommage à petit roi by Jean-Pierre Ferland1. Quelle magnifique idée d’avoir réuni des artistes de toutes générations (Claude Dubois, Marjo, Louis-Jean Cormier, Klô Pelgag, Émile Bourgault, Pierre Lapointe, Rose Perron, Lou-Adriane Cassidy, Les Louanges et Sarahmée) autour de cette chanson emblématique.

J’ai eu des frissons en voyant cette publicité de 90 secondes savamment réalisée. Et encore plus quand j’ai vu la version de cinq minutes.

Mais tout le monde ne réagit pas comme moi. Depuis la diffusion de ce clip, des voix s’élèvent autour de moi et sur la toile pour exprimer leur mal-être. Comment une marque, symbole suprême du capitalisme américain, peut-elle s’emparer d’un joyau de notre culture pour nous inviter à boire son verre comme le fait Émile Bourgault à la fin de la publicité ?

Nous acceptons que des stars québécoises fassent la promotion de grosses voitures américaines ou étrangères, nous sommes fiers de voir nos cinéastes et nos chanteurs faire carrière aux États-Unis, mais nous sommes exigeants lorsqu’un annonceur américain rend un splendide hommage à l’un de nos plus grands créateurs.

J’avoue que j’ai du mal à suivre ce défilé.

D’abord, sait-on que Coca-Cola a bâti sa réputation autour de publicités fédératrices comme se sentir bien qui tendent à fédérer les cultures et les générations ? J’aimerais apprendre au monde à chanter (en parfaite harmonie)est-ce que ça te dit quelque chose ?

C’est exactement ce que représente le concept de petit roi reprend.

On ne cesse de répéter que la chanson québécoise est en danger. Nos artistes musicaux ont du mal à remplir les salles. Leurs chansons sont ignorées des radios commerciales et ne rapportent plus d’argent (j’espère aussi que les 10 artistes qui ont participé à cette publicité ont reçu une bonne cachet).

Quant à l’écoute de chansons québécoises sur les plateformes de streaming, elle atteint les niveaux les plus bas. Vous avez vu les données 2024 que nous avons publiées cette semaine2 ? C’est un désastre !

Seulement 6,8 % des morceaux écoutés par les Québécois sont des chansons composées par leurs compatriotes. L’artiste québécoise qui a généré le plus d’écoutes dans notre pays est Charlotte Cardin. Elle arrive à 36 anse classer avec une chanson… en anglais. C’est inconfortable !

Alors, permettez-moi de dire à ceux qui se drapent de vertu pour dire que Coca-Cola ne devrait pas exploiter une chanson de Jean-Pierre Ferland pour vendre sa « liqueur », qu’ils devraient commencer par écouter davantage nos artistes.

Il y a aussi ceux qui prétendent que Jean-Pierre Ferland aurait sans doute refusé cette proposition. Rien n’est moins sûr. En 1989, il accepte d’interpréter une version révisée de sa chanson Au fond le soleil t’emmène au soleil pour le beurre. Et, je l’espère pour lui, beaucoup de beurre.

Il y a deux ans, je dénonçais le fait qu’une majorité des publicités diffusées au Québec sont des concepts passe-partout fabriqués à Toronto, aux États-Unis ou ailleurs et offerts clé en main. Tout ce que vous avez à faire est de doubler deux ou trois phrases et c’est tout.3.

Il faut maintenant attendre le Au revoir pour que les annonceurs mettent tout en œuvre et fassent preuve de créativité pour nous impressionner et vraiment nous parler. Comme l’écrivait mon collègue Hugo Dumas : il est devenu clair que les publicités du Au revoir suscitent plus d’intérêt que les croquis.

Je n’ai pas toujours pensé cela, mais aujourd’hui, je m’en fiche qu’un annonceur, aussi américain soit-il, vienne jouer dans nos jardins. Si c’est pour arroser notre jardin, je suis prête à fermer les yeux.

Après tout, Jean-Pierre Ferland l’a compris avant tout le monde : Dieu est américain !

L’idée d’exploiter Le petit roi de Jean-Pierre Ferland dans ce message est issu de la collaboration entre Coca-Cola et l’agence Taxi, qui représente la marque au Québec. « Ce qui était important pour nous, c’était de mélanger les différentes générations », m’a expliqué Solange Grimard, directrice marketing de Coca-Cola au Canada. Nous voulions montrer le principe du don au suivant. »

Gorditos a produit le film et Matt Charland a réalisé le film. Ils n’ont pas voulu me dire le budget qui était alloué aux deux messages, se contentant de me dire que pour rassembler autant de talents, « il faut des moyens ».

C’est la septième année que Coca-Cola produit un message « sur mesure » pour le Au revoir. D’autres artistes québécois y ont déjà participé.

Nous avons bien sûr obtenu un accord formel avec les ayants droit pour l’utilisation de la chanson. Éditorial Avenue, propriété de Quebecor, est propriétaire de la totalité de ces droits.

Guillaume Lafrance, directeur général adjoint de cette maison d’édition, m’a dit que cette opération a été réalisée dans le plus grand respect. « Nous avons d’abord été approchés par une agence d’autorisation des droits. Les héritiers furent même consultés. Nous préférons travailler de cette façon. »

Une fois vérifiés, les deux enfants de Jean-Pierre Ferland et son ancienne compagne, Julie Anne Saumur, ont été informés. «Ma sœur Julie et moi avons été prévenus par courriel», m’a raconté Bruno Ferland. Nous avons vraiment aimé le résultat. »

1. Voir la version longue de l’annonce

2. Lire « québécoise : le déclin se poursuit »

3. Lisez la colonne « Insérer une voix ici »

 
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