En 2024, de bonnes recettes du cinéma français

En 2024, de bonnes recettes du cinéma français
En 2024, de bonnes recettes du cinéma français

Le cinéma peut être « cocorico ». Avec deux films autour de 10 millions d’entrées – Un petit quelque chose en plus et Le Comte de Monte-Cristo –, et quatre dans le top 10 des plus gros hits de l’année si l’on y ajoute Amour ouf et Les Trois Mousquetaires : Milady (deuxième volet de la saga), la production française ne s’est jamais aussi bien portée. « Il faut remonter dix ans en arrière, avec Qu’avons-nous fait au bon Dieu, trouver un film français à un tel niveau, mais à deux, c’est très exceptionnel, acquiesce Cécile Lacoue, directrice des études au CNC. En 2023, les plus gros succès français tournaient autour de 4 millions d’entrées. »

Pourtant, l’année avait mal commencé pour les cinémas avec des quatre premiers mois catastrophiques. En cause, l’absence de productions américaines, le retentissement final de la grève à Hollywood, et des performances en baisse pour ces comédies françaises aux recettes éprouvées. – Chien et chat, Cocorico, Maison de retraite 2 –, généralement de gros pourvoyeurs de jeune public. Et puis, le 1er mai, sort un film que personne n’a vu venir : Un petit quelque chose en plus. Réalisé par Artus, ce « feel-good movie » au budget modeste, où l’acteur et comédien s’infiltre dans une colonie de vacances pour personnes handicapées, affole les compteurs. Plus d’un million d’entrées la première semaine et un phénomène qui continue.

Dès lors, la machine prend son envol. La fête du cinéma, du 30 juin au 3 juillet, enregistre une fréquentation record (4,65 millions) et Pathé, qui anticipe la sortie du Comte de Monte-Cristoprévu à l’automne, profite de la vague. Les deux films sont en tête de l’affiche tout l’été. “Dix millions d’entrées, ça fait plus de 15% de la population, c’est énorme, ça touche tout le territoire et ça contribue à ancrer davantage le cinéma comme pratique culturelle première des Français”, note Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF).

Des réussites avec des profils très divers

A l’automne, l’engouement continue. Malgré le retour en force des productions américaines, les films français se portent largement. Émilie Pérezde Jacques Audiard, enregistre plus d’un million d’entrées, Monsieur Aznavour, 2 millions, les films de François Ozon, Quand l’automne arrive, et Daniel Auteuil, Le filrassemblent près de 700 000 spectateurs chacun.

Aussi, L’histoire de Souleymane crée la surprise avec 500 000 entrées, et Une fanfare, sorti le 27 novembre, a déjà dépassé le million. « La bonne nouvelle, c’est que tous les publics sont revenus au cinéma et, fréquemment, analyse Éric Marti, de la société Comscore, spécialiste de l’analyse de fréquentation. Les films qui marchent ont tendance à durer dans le -, ce qui signifie que le bouche à oreille s’est rétabli. Le cinéma est redevenu un sujet de conversation.»

La part de marché du cinéma français n’a jamais été aussi élevée. Fin novembre, il représentait 46 % de la fréquentation contre 39,9 % pour les films américains, alors qu’il se situait autour de 35 % avant l’épidémie de Covid-19. Un résultat toutefois à relativiser. Avec la pandémie puis la grève à Hollywood, les sorties américaines sont devenues moins fréquentes.

Surtout, notre système unique de financement du cinéma garantit un haut niveau de productions locales. «La force du cinéma français réside dans son offre abondante, sans équivalent sur les autres marchés européens et qui contribue par sa richesse et sa diversité à remplir les salles.confirms Cécile Lacoue. En 2023, plus de 400 films français sortiront en salles, contre 86 (films) Américains. La bonne nouvelle est de constater que certaines attirent un large public, notamment les jeunes. »

Même s’il est encore tôt pour tirer des conclusions, quelque chose a sans doute changé. “Avant le Covid-19, on allait au cinéma, aujourd’hui on va voir des films, explique Éric Marti. Face à la multitude de propositions ciblées existant sur les plateformes, le cinéma doit répondre par autre chose. Il faut des histoires, surprendre, être ambitieux dans la narration et les moyens. Quand on voit Le Comte de Monte-Cristonous savons immédiatement que nous avons affaire à un « classique instantané » comme disent les Américains. »

Moins de films mais plus chers

Un constat qui semble valider la stratégie engagée par Pathé : produire moins mais de meilleurs films et surtout avec plus de moyens, 72 millions d’euros pour les deux volets du Trois mousquetaires43 millions pour le seul Comte de Monte-Cristo. ” Attentiontempère cependant Ardavan Safaee, président de Pathé films, Il ne faut pas croire que nous avons trouvé la recette miracle. A chaque film, tout entre en jeu. Mais avec cette stratégie, nous avons réussi à attirer un public jeune qui ne venait plus voir les films français. Notre ambition est de renverser le discours : c’est du français, donc c’est de la foutaise.»

Une manière, aussi, de renouer avec l’ambition des films français à gros budget des années 1990, portés à l’époque par Luc Besson ou Jean-Pierre Jeunet. Elle est pleinement assumée par une nouvelle génération de producteurs comme Hugo Sélignac (J’adore ouf, Leurs enfants après eux) ou Dimitri Rassam (Les Trois Mousquetaires), déterminés à rivaliser avec les Américains sans les imiter. « Nous n’essayons certainement pas de les copier ; de toute façon, nous n’avons pas les moyens financiersconfirme Ardavan Safaee. Il faut chercher autre chose, puiser dans la culture et l’imaginaire européens, dans notre manière de raconter des histoires et dans nos savoir-faire techniques et artistiques pour toucher intimement le public français. »

Une franchise Dumas ?

Pari réussi avec Dumas. Une troisième partie de Trois mousquetaires est attendu pour 2027, et l’univers sera décliné en deux séries pour Disney+, à l’instar des franchises américaines Marvel. Pathé annonce également un diptyque sur le général De Gaulle autour de la Libération de Paris, réalisé par Antonin Baudry, ainsi qu’un film sur le général Dumas, père de l’écrivain et premier officier métis, Le Diable Noir, par Ladj Ly. De son côté, StudioCanal produira Chien 51 de Cédric Jimenez, adapté du livre de Laurent Gaudé, et annonce une nouvelle version de Misérables de Victor Hugo, adapté par Fred Cavayé.

Des ambitions possibles grâce à l’arrivée sur le marché de nouveaux financiers, comme les plateformes de streaming, contraintes depuis 2021 par une directive européenne à investir dans la production locale, mais aussi grâce à un fort mouvement de concentration dans le secteur de la production. Mediawan, créé par Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, l’un des poids lourds de la production audiovisuelle en Europe, est actionnaire des sociétés de Hugo Sélignac (Chi-Fou-Mi productions) et Dimitri Rassam (Chapitre 2).

Ce dernier vient également d’annoncer la création d’un fonds (qui inclut le CMA Média de Pathé et Rodolphe Saadé), Yapluka, pour financer des projets « Ambition européenne ». A commencer par une adaptation en sept films (!) de Rois maudits, interprété par le duo gagnant de Comte de Monte-CristoMatthieu Delaporte and Alexandre de La Patellière. What should Hollywood worry about?

Le top 10 des plus gros succès en salles

1. Un petit quelque chose en plus, d’Artus, 10,8 millions d’entrées.

2. Le comte de Monte-Cristo, by Matthieu Delaporte and Alexandre de La Patellière, 9.3 million.

3. Vice-versa 2, de Kelsey Mann, 8,4 millions.

4. J’adore ouf, by Gilles Lellouche, 4.6 million.

5. Moi, moche et méchant 4, de Chris Renaud et Patrick Delage, 4,4 millions.

6. Dune : deuxième partie, par Denis Villeneuve, 4,09 millions.

7. Vaiana 2, de David G. Derrick Jr, Jason Hand et Dana Ledoux Miller, 4,08 millions.

8. Wonka, par Paul King, 3,74 millions.

9. Deadpool et Wolverine, de Shawn Levy, 3,71 millions.

10. Les Trois Mousquetaires : Milady, par Martin Bourboulon, 2,58 millions.

 
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