Il y a 30 ans, Le Roi Lion est devenu un classique instantané. Disney revisite son univers avec Moufasaun prologue qui explore l’enfance du père de Simba. Pour réaliser ce blockbuster, le studio a surpris en confiant les rênes à Barry Jenkins, figure du cinéma indépendant américain. Malgré son étonnement initial – Jenkins avoue avoir dans un premier - refusé l’offre –, il s’est laissé séduire par le projet, voyant dans ce récit initiatique une complexité inattendue. Cette profondeur reste cependant relative. Si le film entend poser des questions universelles – innées ou acquises, appartenance et identité – il peine à s’affranchir des clichés du « parcours du héros ».
Histoire simpliste
L’intrigue suit un Mufasa orphelin, ostracisé par ses pairs, qui trouve d’abord du réconfort dans une nouvelle famille, avant de faire face à des trahisons et de se révéler comme un futur roi. Le scénario, ponctué d’une succession d’embûches et d’affrontements contre des lions blancs menaçants, tient en haleine grâce à un tempo soutenu. Mais ce cadre d’aventure palpitant reste conventionnel : amour, amitié et rivalités familiales composent une histoire prévisible, où le courage triomphe toujours et où l’héroïsme va de pair avec les inévitables et banales leçons de la vie.
L’un des points faibles du film réside dans son écriture, parfois apaisante, à l’image des maximes du type “chaque être vivant a sa place dans le souffle de la vie”. Ces messages, déjà entendus dans l’univers Disney dans des formulations plus ou moins similaires, manquent de mordant pour tenir. Même les questions politiques abordées par Barry Jenkins – la monarchie, l’héritage du pouvoir et la méritocratie – sont à peine effleurées, écrasées par un récit simpliste plutôt que portées par une exploration plus audacieuse.
Visual tour de force
Visuellement, Moufasa est un tour de force. Réalisé entièrement en images de synthèse, ce nouvel opus impressionne par son réalisme saisissant et ses paysages somptueux – on dirait que c’est déjà ça ou que c’est déjà beaucoup. Cette prouesse technique donne un peu de relief à une structure narrative standard, typique des grandes productions Disney. Le travail minutieux sur l’animation des animaux, conçu des chercheurs en éthologie, allie rigueur anatomique et expressivité cinématographique.
Cette esthétique soignée ne suffit pas à compenser le manque de personnalité de la mise en scène. Barry Jenkins lui-même avoue que l’exercice était très encadré : « Parfois les gens me disaient : c’est trop Clair de lunepas assez Moufasa. » Si le film porte une part de sa sensibilité, il reste largement soumis aux impératifs d’une franchise où chaque détail doit être validé par le studio. D’où un film spectaculaire, mais cadré, formaté.
Mufasa : Le Roi Lion de Barry Jenkins, en salles ce mercredi 18 décembre. Durée : 1 heure 58 minutes.
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