« La Belle Noiseuse : Divertimento », de Jacques Rivette : notre critique

Par Guillemette Odicino

Publié le 21 mai 2024 à 8h00

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jeCela fait dix ans que le célèbre peintre Édouard Frenhofer a abandonné un tableau, La belle noiseuse, pour lequel sa femme Liz a servi de modèle. Mais désormais, grâce à une visite de courtoisie, la belle Marianne pourrait devenir son nouveau modèle. D’abord réticente, la jeune femme accepte et finit même par se consacrer corps et âme à la création du tableau…

On pourrait parler si longtemps de la version longue, la vraie, et pour certains, la seule qui compte : un chef-d’œuvre sur les affres de la création, les tensions et les torsions entre un corps et la main qui le peint, mais aussi , sur le thème très actuel de la muse comme chair d’inspiration – Rivette explore mais n’abuse jamais de cette relation cruelle dont le centre est la nudité d’Emmanuelle Béart. Mais cette version est donc la version courte, due par contrat à la chaîne de télévision qui avait financé un film de deux heures, et non quatre. Alors divisons les 4T en 2T…

Beaucoup de choses diffèrent dans le montage, et même dans la fin où la rébellion de Marianne est remplacée par le pouvoir de l’argent. Surtout, ceci Divertissement, cette « musique légère » s’appuie beaucoup moins sur l’affrontement psychologique et charnel entre Emmanuelle Béart, sublime, et Michel Piccoli, exceptionnel comme figure absolue de l’artiste aux prises avec le doute et la matière : Rivette quitte l’atelier-volcan, ne laissant que des bavardages insolents dans les ruelles de la maison du château de Frenhofer. Et c’est Jane Birkin, second rôle, ancienne égérie, qui devient l’héroïne. On se rend alors compte à quel point elle est redoutable en épouse douce-amère d’un créateur qui a arrêté de fantasmer sur elle.

 
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