« Pour ce film, nous avons mangé des rats, des asticots vivants et des cœurs crus »

« Pour ce film, nous avons mangé des rats, des asticots vivants et des cœurs crus »
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Paris Match. Le réalisme du film est étonnant. Comment avez-vous procédé ?Jacques Malaterre. Quand on réalise des docu-fictions, il n’y a rien de plus stimulant qu’un film sur la préhistoire. Si vous vous trompez dans le maquillage, les effets spéciaux et surtout le jeu des acteurs, vous faites l’erreur du siècle. C’est une prise de risque totale. Habituellement, toutes les informations proviennent des dialogues et des paramètres. Ici, le spectateur écoute un langage préhistorique qu’il ne comprend pas. Il faut donc que les acteurs deviennent préhistoriques. Mais ils n’ont pas de modèle. Pour ce faire, ils se sont entraînés pendant trois mois avant le tournage. Ils mangeaient des rats, des asticots vivants, des cœurs crus, des sauterelles vivantes. Ils marchaient pieds nus. Je ne voulais pas tricher, alors j’ai fait la même chose. C’était extrêmement difficile. Et c’est aussi pour cela qu’il y a si peu de films sur les hommes préhistoriques dans le monde. Il y en a un tous les dix ans, et généralement, c’est moi qui le fais.

Comment imaginiez-vous les langues parlées ?
Nous avions deux solutions. Soit nous avons bu une bouteille de vodka, et nous avons déliré avec Yves Coppens et ses collègues scientifiques, soit nous avons essayé de nous rapprocher de la vérité. Eh bien, nous avons choisi la deuxième option. Pour ce faire, nous avons observé attentivement le singe. Lorsqu’il se relevait, son larynx et son palais se développaient et le cri animal se transformait en sons, en syllabes. Puis nous nous sommes intéressés aux dialectes zoulous et chinois. Nous avons alors imaginé un lexique basé sur tout cela.

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Jacques Malaterre, Meng Lin Gong et Victor Robert, au Festival francophone d’Angoulême.

Nivière David/ABACAPRESS.COM / © Nivière David/ABACAPRESS.COM

Pourquoi vous êtes-vous concentré sur la Chine ?

Le reste après cette annonce

Nous avons fait « L’Odyssée des espèces » en Afrique, « Homo sapiens » en Europe, puis « Le Rite de l’Homme » au Moyen-Orient. Nous nous sommes naturellement tournés vers l’Asie, car elle abrite une Préhistoire très méconnue. Et pour le réalisateur que je suis, c’est un fabuleux terrain de jeu. Vous passez des forêts tropicales aux grandes steppes en passant par les plaines glacées. Il y avait des animaux préhistoriques endémiques, comme le gigantopithèque ou le stegodon. C’est un territoire riche d’enseignements sur la fragilité de l’espèce humaine. En 100 000 ans, pas moins de sept espèces humaines ont occupé ce continent.

Un film hommage à Yves Coppens

Quelle découverte scientifique illustrée dans le film vous a marqué ?
L’art a longtemps été attribué à Homo sapiens, même si Homo erectus était un artiste avant lui. Sur les rives de la rivière Solo à Java, en Indonésie, des paléontologues ont découvert une coquille sur laquelle étaient gravées des lignes. Elle constitue la plus ancienne représentation géométrique connue à ce jour. Les nouvelles technologies ont apporté beaucoup de lumière sur ce qui a façonné notre âme. Il y a quarante ans, l’homme préhistorique était considéré comme hirsute et stupide. Mais si tel était le cas, il n’aurait jamais pu évoluer dans la nature pendant deux millions d’années.

Comment avez-vous imaginé l’histoire et tous les détails qui aident à raconter l’histoire ? (Scarifications, tenues, rites, comportements etc.)
J’ai travaillé avec Yves Coppens et Antoine Balzeau. Ce dernier, paléontologue au Musée de l’Homme, a vérifié beaucoup de choses au niveau de la 3D, des costumes et de l’histoire. Pour les scènes de chasse, nous avons utilisé des faux animaux ultra réalistes, comme un phoque, qui m’ont coûté 15 000 euros. Malheureusement Yves est décédé pendant le tournage. C’était un ami, un vrai. Il m’a toujours dit : « Je te tiens la main dans la connaissance mais ensuite je lâche prise ! » Mais il était dans un mauvais état et il n’a jamais pu s’en remettre.

A la fin du film, Nicolas Duvauchelle, qui fait la voix off, se pose la question de l’avenir de l’humanité. As-tu une réponse à cette question?
Je crois en l’homme. Mais je le vois devenir prétentieux, replié sur lui-même et égoïste. Cela me fait peur. C’est pourquoi j’ai adoré cette expérience en Chine. J’ai retrouvé le sens du collectif. Je ne veux pas arrêter d’y croire. Les paléontologues nous disent que l’homo sapiens va également disparaître et qu’une autre espèce va naître. Une chose est sûre : si nous continuons à agir de manière stupide, notre extinction s’accélérera bien plus vite qu’on ne le croit.

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L’affiche du film.

©DR

 
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