Au cœur de ce documentaire, une mystérieuse partition médiévale retrouvée en Islande. Sverrir Gudjohnsson, maître islandais du chant grégorien, et Philippe Lenoble, ancien chef de chœur de la cathédrale du Mans, associeront leurs connaissances pour le déchiffrer et révéler un chant oublié depuis des siècles.
Accompagnant la christianisation d’une Europe couverte de monastères, le chant grégorien se répandit tout au long du Moyen Âge. Après être tombée en désuétude, les moines de l’abbaye de Solesmes dans la Sarthe furent dès le XIXème siècle les artisans de sa conservation et de sa perpétuation jusqu’à nos jours. Telle une première mondialisation culturelle, la diffusion du chant grégorien emmène la langue latine aux confins du monde connu de l’époque, jusqu’en Islande.
Sverrir Gudjohnsson contre-ténor et membre de la chorale islandaise Voces Tules en Islande.
•
© M. Arnaud & J. Debs J. Rippert
C’est ici qu’a été trouvée la partition en question ici, qui célèbre Thorlac, le seul saint islandais. Mais une partition de chant grégorien n’a rien à voir avec celles que nous connaissons aujourd’hui. A l’époque, la notation que nous connaissons n’existait pas ; il fallait s’appuyer sur des neumes, des indications carrées qui laissaient une grande place à l’interprétation. Il s’agit de la première tentative d’écriture de musique, qui auparavant se transmettait oralement et gestuellement.
Philippe Lenoble devant la cathédrale St Julien du XVe siècle au Mans.
•
© M. Zouki
Sverrir Gudjohnsson, contre-ténor et membre de la chorale islandaise Voces Tules, est un chanteur talentueux, mais incapable de lire le manuscrit qu’il a trouvé à Reykjavik. C’est pourquoi il est venu en France solliciter l’aide d’un des meilleurs spécialistes du chant grégorien, le Mansois Philippe Lenoble. Ensemble, ils mèneront leurs recherches et viendront tester les résultats avec la chorale La Schola formée par des moines de l’abbaye de Fleury dans le Loiret.
Chœur La Schola formé par des moines de l’abbaye de Fleury dans le Loiret
•
© 24 Images
Le film de Jacques Debs et Marie Arnaud suivra pas à pas les tâtonnements et les tentatives pour donner une voix à la partition, pour ensuite accompagner Sverrir Gudjohnsson de retour en Islande. Commence alors une autre plongée, historique et tellurique, vers les origines de la christianisation de l’île. Images, sons et musiques imposent alors une perception différente des sources de la foi dans cette fin du monde.
Dans une contemplation parfois hallucinatoire, de paysages tourmentés qu’on croirait tout droit sortis d’une légende, foi chrétienne et forces païennes à l’œuvre sous le sol volcanique semblent former un alliage qui noue une relation inédite et spectaculaire avec le divin.
Des paysages islandais qui semblent tout droit sortis d’une légende
•
© 24 Images
C’est dans cette dernière partie que ce « Chant des Origines » atteint son ambition formelle, se concluant en un crescendo magistral et dépouillé par le chœur Voces Tules du chant décrypté en France, dans la modeste cathédrale de bois de Saint-Thorlac.
Le Chant des Origines, le manuscrit grégorien d’Islande, un film de Jacques Debs et Marie Arnaud – Une coproduction 24 Images / France Télévisions avec la participation de RUV Islande
►Diffusé le jeudi 28 mars à 23h05 et rediffusé à 9h10 le vendredi 29 mars et le mercredi 10 avril.
► À revoir en replay sur france.tv dans notre collection La France en réalité
► Retrouvez tous nos programmes sur france.tv
