« Les PME françaises sont héroïques ! »»

« Les PME françaises sont héroïques ! »»
« Les PME françaises sont héroïques ! »»

Le JDD. Les Français ont-ils encore de l’appétit pour l’entrepreneuriat ?

Nicolas Dufourcq. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les créations d’entreprises en 2024 sont en hausse de 5 % par rapport à 2023. L’indice entrepreneurial français [qui mesure l’appétence des Français à entreprendre, NDLR] est en constante augmentation d’année en année. En 2024, un Français sur trois participait à la chaîne entrepreneuriale, c’était considérable.

L’instabilité politique est-elle un frein à l’entrepreneuriat ?

L’instabilité n’est jamais une bonne nouvelle. Même si elle ne tue pas l’envie d’entreprendre et d’investir, elle la réduit. Selon nos derniers indicateurs, un entrepreneur sur deux souhaite continuer à investir en 2025. C’est bien, mais c’est dix points de moins que la moyenne de long terme. En d’autres termes, le volume de la volonté diminue.

En 2024, les chantiers industriels ont été plus nombreux que les ouvertures, une première depuis 2016. La est-elle en voie de désindustrialisation ?

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Les ouvertures d’usines sont à peu près égales au nombre de fermetures. Mais cette donnée est à relativiser avec un autre fait : il existe de nombreuses extensions d’usines par des PME, des ETI ou des groupes étrangers. Nous ne sommes donc pas partis dans la désindustrialisation. C’est lent, cher, mais on va remonter la pente.

Que propose la BPI pour relancer notre industrie ?

Nous prévoyons d’investir 35 milliards d’euros dans l’industrie au cours des quatre prochaines années. La BPI investit dans le capital des entreprises, accorde des crédits et des garanties, finance l’innovation. Elle est devenue la première société de conseil auprès des PME, avec 10 000 missions par an. La France ambitionne de porter son industrie à hauteur de 10 à 12 % du PIB d’ici 2035. Un projet gigantesque.

« Les petites et moyennes entreprises sont héroïques »

Faut-il avoir peur du choc économique promis par Trump ?

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Tous les quatre ans, le personnel politique américain tente de nous impressionner avec des vociférations masculines. On nous explique que l’Europe est une vieille dame qui n’a rien compris au monde moderne. C’est absurde. L’Europe dispose d’atouts considérables. Or, c’est vrai, avoir vingt-sept ans pose problème : nos coûts de coordination sont trop élevés. De plus, nous sommes plus âgés que les Américains. Leur désir d’investir dans le risque est bien plus fort que le nôtre. Le rapport Draghi propose des instruments pour y remédier. Gageons que la nouvelle Commission européenne en tiendra compte. L’envie de risque doit s’imposer partout. Les assureurs doivent pouvoir investir massivement dans la technologie. Les grandes familles d’entrepreneurs européens doivent aussi s’investir dans la Deeptech. Est-il normal que les tableaux de l’industrie française des ordinateurs quantiques se fassent principalement avec des capitaux du Golfe et des Etats-Unis ?

Les 10 et 11 février prochains, Paris accueillera le sommet de l’IA, domaine dans lequel la France accuse un retard important.

Les grands Congs de pointe sur l’IA sont américains ou chinois, pas européens. Mais nous avons une place à prendre dans cette révolution. Mistral, Poolside, Hugging Face, H, Dataiku ou encore Dust sont des entreprises françaises reconnues comme des pépites. Il faut leur donner leur chance sans céder à un défaitisme auto-interprète.

Le patron de Bercy, Éric Lombard, a décidé de ne pas embaucher les impôts des PME et des artisans. Etes-vous soulagé ?

C’est une excellente nouvelle ! Les PME françaises apportent autant que possible leur possible contribution. Ils ont déjà tant à faire pour décarboner leur production, se réinventer par l’innovation, se projeter pour exporter, financer leur croissance, lutter parfois contre le dumping chinois et la dureté des donneurs d’ordre, se mettre à l’IA. Franchement, ils sont héroïques.

La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, suggère de taxer certains retraités. Êtes-vous abonné ?

Quel que soit le contexte politique très particulier de ce printemps, il n’est pas hérétique de dire que dans un pays où le taux de fécondité s’effondre à 1,62 enfant par femme, où le nombre de Français de plus de 75 ans va passer de 50 % d’ici 2030, il Il est probable que les retraités devront contribuer à un moment ou à un autre à l’effort collectif. Tout comme il est inévitable, à terme, de disposer d’un diagramme d’indexation automatique des paramètres de retraite sur l’augmentation de l’espérance de vie. Comme en Italie ou au Portugal. Quand on gagne plusieurs mois d’espérance de vie par an, comment ne pas vouloir reculer l’âge de la retraite ou augmenter le nombre d’années de cotisations nécessaires pour liquider à taux plein ?

Tout ce qu’on met dans le déni sur les retraites, on ne le met pas dans le salaire des enseignants, des chercheurs, des juges, des infirmiers, dans le financement de l’innovation, dans le réarmement militaire.

Approuvez-vous l’idée de travailler sept heures de plus par an, comme le suggère la ministre Catherine Vautrin ?

Nous sommes le pays développé qui travaille le moins, qui a les prestations sociales les plus généreuses, qui émet la plus grosse dette en relatif : ce n’est pas tenable. C’est l’économie qui finance l’État-providence, et non l’inverse. Depuis des décennies, elle croit moins vite aux dépenses sociales. Il faut dire que plus on est protégé, plus il faut embrasser l’avenir en prenant son risque et en travaillant. Sinon, ça ne boucle pas. Je suis donc favorable à tout ce qui permet aux Français de s’accomplir plus intensément par le travail.

 
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