Même constat chez Mohamed, dans un magasin de téléphonie. “A partir du 15 du mois, on le voit, les gens se serrent la ceinture. Les gens viennent même vendre leurs téléphones.dit-il, soulignant la responsabilité des grandes marques et du commerce en ligne. “Nous nous spécialisons donc dans ce que vous ne trouvez pas en ligne : les services, comme les réparations.“
Il s’agit de l’artère commerciale la plus fréquentée de Bruxelles : « Les habitués du quartier apprécient cette simplicité populaire »
« Tout a beaucoup changé »
Si le moral est en berne aujourd’hui rue Marie-Christine, cela n’a pas toujours été le cas. Avec nostalgie, beaucoup regrettent le dynamisme commercial du passé. “On l’appelait ‘la petite rue Neuve’ »sourit encore Wendy, fleuriste dont la boutique existe depuis les années 70.Personnellement, je n’ai rien à redire car j’ai mes clients qui viennent me chercher. Mais tout a beaucoup changé. Avant, les gens venaient ici le week-end pour faire du shopping.
Derrière les comptoirs des boutiques, on souligne le manque de diversité commerciale de l’artère, à savoir une prolifération de petits commerces alimentaires. “Depuis 2000, le quartier a changé. Les anciens ont pris leur retraite et ils ont été remplacés par des snacks, des fruits et légumes, des coiffeurs, des boulangeries… Uniquement de la nourriture. Mais avant, il y avait de tout et des boutiques de luxe. Des vêtements, des meubles, trois cinémas”Philippe se souvient avec le sourire de la célèbre torréfaction.
“Iconique? La rue n’est malheureusement plus emblématique”à son tour, il désigne Sumeyya, d’un magasin de vêtements. Elle évoque la disparition de grandes marques comme Di, Planet Parfum et Bristol. “Cela a ramené les gens. Maintenant, il manque de diversité. C’est dommage car ce quartier a vraiment du potentiel, j’y crois.“
« Avant, notre rue commerçante était très chic, maintenant elle devient la rue de Brabant. Certaines personnes ne se sentent plus à l’aise. »
-Mais tout le monde n’a pas cet optimisme.“C’est de pire en pire.”soupire, sur le trottoir, Célia. “Pourtant, j’habitais ici. Je venais tout le temps me promener avec mon fils. C’était une merveille, un très beau quartier. Maintenant, je ne viens que lorsque je dois déposer une lettre et je pars immédiatement», déplore-t-elle. “C’est triste ce qui est arrivé à ce quartier.“
De son côté, Wendy regrette »mauvaise réputation“dont souffre la rue Marie-Christine, notamment en termes de sécurité.”J’ai grandi ici. Il n’y a pas plus de problèmes ici qu’ailleurs.
Un domaine « prioritaire »
Contacté, le nouvel échevin bruxellois à l’Economie a annoncé que «Le quartier Bockstael-Marie-Christine fait partie des zones prioritaires, une de ces artères trop peu soignées.» Didier Wauters (Les Engagés) evokes “une identité commerciale à redéfinir avec les habitants, les commerçants et les usagers ».
Pour l’heure, aucune mesure forte à annoncer : le collège échevinal vient d’être créé et le premier budget est en cours d’élaboration. “Mais nous n’allons pas nous lancer dans des études tous bords. Nous voulons des résultats »promet le nouvel échevin.