Il devait se prononcer mardi soir sur le changement de zonage nécessaire à la construction de ce logement social sur une partie du parc Girard, à proximité de la rue Sainte-Marguerite. Au lieu de cela, il a décidé de le retirer de l’ordre du jour, ce qui scelle probablement le sort du projet, du moins à cet endroit.
C’est un maire visiblement déçu qui s’est exprimé devant les médias suite à la décision des conseillers.
« Dire non à 100 portes de logements sociaux pour des personnes de 65 ans et plus qui auraient eu la possibilité de payer entre 600 et 900 dollars de loyer par mois, oui, c’est une grande déception. Ça va être difficile de parler de crise du logement après avoir dit non à cela. Maintenant, c’est la décision du conseil, je suis d’accord.
— Jean Lamarche, mayor of Trois-Rivières
La Ville avait ciblé ce terrain pour accueillir le projet Unitaînés, une initiative de l’homme d’affaires Luc Maurice. Mission Unitains est un organisme à but non lucratif qui construit des logements sociaux pour les personnes âgées. Dix immeubles sont prévus dans autant de villes, dont Shawinigan et Drummondville.
Les villes doivent uniquement fournir des terrains municipaux. Trois-Rivières n’a cependant pas été retenue initialement, faute de terrains disponibles. C’est pourquoi elle a tenté d’identifier un emplacement où un tel bâtiment pourrait être érigé. Selon elle, seule cette section du parc Girard répond aux critères des Unitains.
Les conseillers espèrent que le projet pourra se réaliser ailleurs. La Ville devrait toutefois acquérir des terrains privés. Le maire n’y croit pas. « Certains conseillers ont émis le souhait que l’on trouve un autre terrain, mais en passant du côté privé. Ça va être trop long. Nous n’y arriverons pas.
Le projet était sur la table depuis plusieurs mois, selon le maire Lamarche. « Au départ, nous n’étions pas dans les dix premiers. Nous avons réussi à nous glisser dans ces dix, mais il faut reconnaître que nous venons de perdre notre place au classement », déplore-t-il.
Une décision difficile
Les conseillers ont discuté du dossier pendant près d’une heure et demie mardi après-midi lors d’une réunion préparatoire.
Conscients de l’importance de construire des logements sociaux en pleine crise du logement, mais également sensibles aux propos de la quarantaine d’habitants du quartier venus s’exprimer lors d’une assemblée publique la semaine dernière, les élus ont qualifié la décision de déchirante et déchirante. Ils estiment qu’un projet moins imposant serait plus acceptable.
« Ce que nous souhaitons faire à terme, du côté de la municipalité, c’est trouver un projet qui serait socialement plus acceptable pour les résidents. Peut-être moins de six étages, mais ce sera à nous de voir comment on l’aménagera», a expliqué le maire Lamarche.
Il faudra cependant renoncer aux logements sociaux des Unitaînés qui proposent des immeubles d’une seule taille, soit six étages. Le projet était estimé à environ 35 millions de dollars. Habituellement, dans ce type de construction, la Ville doit débourser entre 40 000 $ et 60 000 $ par logement. Ce dossier n’a cependant nécessité aucun investissement de sa part, hormis le terrain.
Selon certains élus, le bâtiment projeté ne s’intègre pas harmonieusement au quartier. «Je veux que le projet soit bien intégré à l’environnement. […] Il y a un choc entre le quartier actuel et la situation projetée », a mentionné Dany Carpentier.
«Je pense qu’on devrait accueillir un projet comme celui-ci à Trois-Rivières, mais ce n’est pas le bon endroit», a ajouté le conseiller du district de La-Vérendrye.
“Six étages, c’est un monstre dans ce parc.”
— René Martin, Carrefours district councilor
«Je me sens mal à l’aise de construire dans un espace vert auquel les citoyens sont très attachés, où ils ont mis leur cœur, où ils ont planté des arbres», a soutenu Pascale Albernhe-Lahaie.
De son côté, Daniel Cournoyer a mentionné que ce projet aurait un effet domino en libérant des logements. « Ce projet ne profitera pas seulement aux personnes âgées. Cela aidera toute notre population, les familles, les jeunes, les personnes âgées. Je vous rappelle que Trois-Rivières est une ville-amie des aînés.
Le projet aurait occupé 12 % de la superficie du parc Girard, qui sert de zone tampon entre un quartier résidentiel et un parc industriel. Le conseiller Dany Carpentier a proposé que la Ville prenne les mesures nécessaires pour préserver le reste du parc.
La Ville envisage également de transférer cette partie du parc à la Fondation durable de Trois-Rivières afin d’éviter qu’elle ne soit considérée pour un développement futur. La Ville continuerait d’en assurer l’entretien.
Président de la Table de travail sur le logement social et abordable, le conseiller Pierre Montreuil n’a pas caché sa déception face à la décision du conseil.
« Il y a 100 portes de logements sociaux qui ne viendront pas à Trois-Rivières. C’est frustrant, c’est choquant. De nombreuses personnes ont travaillé pour que cela se réalise. J’espère toujours que nous ferons autre chose, mais il est très peu probable qu’il y en ait 100 d’un coup.
— Pierre Montreuil, Carmel district councilor