La cohabitation entre travailleurs et itinérants s’organise de différentes manières d’un bout à l’autre de la rue Saint-Joseph, poussant parfois certains commerces à reconsidérer leur modèle.
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« Si les choses continuent à se dégrader, nous envisagerons de partir »
Michel Labrecque est propriétaire du studio de création sonore Doki Doki situé sur la rue Saint-Joseph depuis 2015.
Photo Jean-Philippe Guilbault
Le propriétaire du studio de création sonore Doki Doki ne cache pas ses hésitations à rester plus longtemps dans le quartier compte tenu de la cohabitation plus difficile avec les sans-abri. «Oui, je pensais partir», raconte Michel Labrecque, dont le studio produit de la musique pour les entreprises de jeux vidéo. Cela me ferait mal de partir, mais je suis pour la sécurité de tous et si les choses continuent de se détériorer, nous y réfléchirons certainement.
Déménage à Beauport pour élever son fils
Steven Milhomme vivait à Saint-Roch, mais a déménagé après la naissance de son enfant pour l’élever à Beauport.
Photo Jean-Philippe Guilbault
Après avoir vécu plus de cinq ans à Saint-Roch, Steven Milhomme a décidé de déménager à Beauport pour élever son fils dans un environnement plus tranquille. « Je ne me voyais pas faire ça ici et aimer jouer dans une cour qui donne sur une rue ici », explique celui qui travaille au magasin Fanamanga depuis une quinzaine d’années et qui a vu « l’évolution » du quartier. « Il n’y a pas que Lauberivière qui pose problème », estime le jeune père de famille. La crise économique actuelle, les sans-abris, les problèmes financiers de chacun, tout cela entre en ligne de compte.»
Des collaborateurs formés pour intervenir
La directrice de la Librairie Pantoute de Saint-Roch, Isabelle Verrette, a fait appel à une intervenante du CIUSSS à la demande de ses employés, qui ne se sentaient pas outillés pour gérer la problématique de l’itinérance.
Photo Le Journal de Québec Vincent Desbiens
Les employés de la Librairie Pantoute ont demandé une formation d’une assistante sociale auprès de leur gestionnaire pour mieux gérer la hausse de l’itinérance dans le quartier Saint-Roch et ses impacts sur la clientèle. « Ils n’étaient pas équipés pour faire face à ces situations au quotidien. Le but est de mieux aider ces personnes et de les orienter vers des ressources d’aide», explique la directrice de la librairie, Isabelle Verrette. Aucun autre commerçant rencontré par La Revue n’a pas jugé bon de former ses employés dans ce domaine.
Terrasse fermée pendant deux ans
Le gérant du Nektar Caféologue de la rue Saint-Joseph, Bertrand Charpentier, affirme que l’entreprise a dû se résigner à fermer sa terrasse pendant deux ans pour empêcher les ambulants de venir semer le trouble ou mendier des clients.
Photo Le Journal de Québec Vincent Desbiens
Le Caféologue Nektar de Saint-Roch a pris la décision de ne plus avoir de terrasse, principalement en raison des maux de tête occasionnés par la présence de sans-abri. « Ils venaient là-bas pour fumer ou mendier de l’argent. Nous avons dû gérer cela en permanence, alors nous avons pris la décision de le fermer », raconte le gérant du café, Bertrand Charpentier. Son homologue du magasin EXO, Mathieu Dhani, en rajoute une couche : des itinérants consomment de la drogue en pleine rue Saint-Joseph devant un immeuble vacant, juste à côté du café, « en plein jour, sans se cacher ».
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