Des réductions trop importantes pour être vraies

Des réductions trop importantes pour être vraies
Des réductions trop importantes pour être vraies

Les rabais sont partout, tout le temps, lorsque vous achetez en ligne, à tel point qu’on se demande si le prix régulier n’est pas une illusion. La tendance atteint ses limites sur les pages des « influenceurs », des deal masters qui relaient des deals qui n’en sont pas.

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«De nouveaux comptes Facebook ou TikTok apparaissent chaque jour», observe un expert québécois en la matière, Julien Gaudelin, fondateur du guide spécialisé en magasinage en ligne BuyLeMeilleur.ca.

Avec des noms comme « Les meilleurs rabais de Noémie » ou « Meilleures offres Amazin Canada », ces pages prétendent offrir 20, 30 ou 40 % de rabais sur des produits comme une enceinte Bluetooth ou une poêle antiadhésive.

Cette page propose des rabais trompeurs, selon la méthodologie de Julien Gaudelin.

capture d’écran de la page Facebook « Les meilleures réductions de Noémie »

Chaque jour, un flux continu de brevets et d’outils apparaissent sur les écrans des clients, pardon, des internautes. Chaque fois que l’on clique sur « Passer la commande » – souvent sur Amazon – le chasseur d’influenceurs derrière la vente reçoit de l’argent, son couper vous traitez.

Certaines pages, comme The Deal League, font bien leur travail, ajoute Julien Gaudelin, qui insiste sur le fait que tous les deal hunters ne sont pas trompeurs.

« Le succès des uns incite les autres à copier-coller la recette, mais sans vérifier les remises », observe celui qui sait reconnaître une bonne affaire.

Le compte TikTok @pattiqcanada ne propose pas de rabais authentiques, selon la méthodologie de Julien Gaudelin.

capture d’écran du compte TikTok @pattiqcanada

70 % de fausse remise

Grâce à son outil gratuit The Filter, qui suit l’évolution des prix de milliers de produits, Julien Gaudelin a calculé, l’été dernier, que sept remises sur dix sont trompeuses sur les pages des chasseurs d’influenceurs.

Avec son équipe, il a passé au crible 1 450 réductions tirées de 29 pages populaires. Cinquante publications de chacune de ces pages, comptant au total plus de 3 500 abonnés, ont été analysées.

Les offres trompeuses sont celles affichées à un prix supérieur au prix le plus bas observé sur les 90 derniers jours et/ou celles qui ne précisent pas le prix du produit sur les trois, six ou douze derniers mois.

Profitez du monde

Julien Gaudelin est aussi dans le deal business, son site est rentable grâce aux revenus tirés des offres qu’il publie.

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Certaines pages ne font que répéter le contenu de la boutique d’offres Amazon, déplore-t-il.

“Ils profitent des bonnes affaires, tout le monde n’est pas honnête”, résume l’expert.

Fausses réductions, selon la loi

Il est interdit de faire de la publicité pour un bien ou un service à prix réduit s’il est faux, précise la Loi sur la protection du consommateur (LPC). Un commerçant ne peut afficher une remise que si le produit a été affiché au prix fort dans les 30 jours précédents. C’est pour les magasins. Car en ligne, « c’est plus flou », note Jean-François Ouellet, professeur en marketing à HEC. « Une entreprise étrangère qui vend en ligne n’a pas tout à fait les mêmes normes qui s’appliquent », résume-t-il.

-60% partout : la folie des deals

Dans le monde merveilleux du shopping en ligne, l’essentiel est que le client ne laisse pas son panier plein sans rien acheter.

« Au moins 70 à 80 % des paniers d’achat sont abandonnés », illustre Jean-François Ouellet, professeur en marketing à HEC. Walmart, tout comme la PME locale, est confronté à ce problème.

Pour accélérer le rythme entre le clic « Ajouter au panier » et le clic « J’achète », les enseignes misent sur les instincts de base du consommateur-internaute.

« Le discount est une bonne arme, il nous incite à faire des achats impulsifs, il nous fait ressentir le FOMO – la peur de rater quelque chose –, comme lorsqu’il disparaît en cinq minutes ou moins », illustre le spécialiste du comportement du consommateur.

En magasin, les détaillants prennent des marges de 40 à 60 % par vente afin de couvrir le loyer, les salaires, etc. En ligne, les marges peuvent être plus faibles.

«Quand on a juste un entrepôt à gérer, on fonce», s’amuse Ouellet à propos des rabais qu’on retrouve partout.

Toutes les entreprises le font, de la plus grande à la plus petite, car pour conserver sa part de marché, il faut courir aussi vite que son concurrent.

« C’est la théorie de la Reine Rouge. Si tout le monde fait la même chose, vous n’avez pas le choix, que vous le vouliez ou non », résume le professeur.

Les spécialistes du marketing en ligne savent très bien qu’un consommateur qui a acheté une fois de manière impulsive a de bonnes chances de le faire à nouveau.

« Ils le savent de plus en plus précisément. Bienvenue en 2025 », souligne-t-il, avant de mentionner « les nombreuses start-ups en IA » spécialisées dans le domaine à Montréal.

 
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