Durov reconnaît « la gravité des faits » accusés par Telegram

Patron mis en examen à Paris

Pavel Durov reconnaît « la gravité des faits » accusés par Telegram

Face aux juges français, le milliardaire a promis d'”améliorer” la modération de sa plateforme.

Publié aujourd’hui à 13h35

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Le fondateur de Telegram Pavel Durov, inculpé à Paris pour complicité d’activités criminelles, a reconnu devant les juges d’instruction avoir “pris conscience en garde à vue de la gravité des faits” reprochés à sa plateforme et a promis d'”améliorer” sa modération.

Lors de son réquisitoire fin août, Pavel Durov avait d’abord imputé la faute aux Français qui n’avaient pas alerté, selon des propos obtenus samedi par l’AFP.

Et il a assuré avoir toujours été « disponible et prêt à répondre à toutes les demandes » de la . Par ailleurs, Pavel Durov assure que les « autorités françaises », dont « la présidence, le consul de France à Dubaï » et même « un agent de la DGSI », le renseignement intérieur, connaissaient son « compte personnel Telegram » et son « lieu » de résidence. résidence.

L’agent de la DGSI s’est dit satisfait de la coopération de Telegram mais, selon lui, d’autres services d’enquête ont demandé de « mauvaises adresses email ». A chaque signal, “j’ai fait de mon mieux” pour répondre “à la hauteur de la tâche”, a assuré le milliardaire de 40 ans.

“Une fuite”

Le 6 décembre, pour son premier interrogatoire sur le fond, M. Durov a néanmoins reconnu avoir “pris conscience de la gravité de tous ces faits (…) en garde à vue”. Il “n’a pas créé” Telegram en 2013 avec son frère “pour les criminels” mais leur présence, “une fraction minime”, “a aussi augmenté”, concède cet homme qui possède plusieurs nationalités, dont française.

Les juges s’interrogent : la plateforme vérifie-t-elle avec précision l’identité de ses utilisateurs ? “Non, et je pense que c’est le cas pour tous les services de messagerie”, répond Pavel Durov.

Ils l’interrogent également sur le cryptage d’une partie des conversations. Un « standard de l’industrie », rétorque Pavel Durov, satisfait qu’aucun employé de Telegram « ne puisse avoir accès aux messages » et provoquer « une fuite », car un algorithme gère le décodage.

Les juges détaillent alors une quinzaine de groupes dédiés à la pédocriminalité, aux stupéfiants, aux escroqueries, aux armes, à la recherche d’assassins, ayant parfois une présence sur la plateforme, ce qui a valu au PDG de Telegram sa mise en examen pour complicité d’activités criminelles.

Telegram est « efficace »

“Savez-vous que la facilité d’utilisation de Telegram permet à n’importe qui d’accéder à des plateformes illicites, de manière beaucoup plus simple, notamment que sur le dark web ?”, lui demandent-ils.

M. Durov « n’est pas d’accord ». Telegram est « efficace » et supprime « 15 à 20 millions de comptes d’utilisateurs et un à deux millions de chaînes et de groupes » chaque mois.

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Le milliardaire met en cause le manque de retour d’expérience de la part de la justice ou des associations, et affirme avoir récemment lancé des partenariats avec certaines d’entre elles.

“Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?” insiste un juge, rappelant également les alertes médiatiques. Pavel Durov reconnaît une nouvelle « erreur » : avoir considéré que ces derniers « n’ont jamais rien contenu de solide ».

Un juge l’interroge également sur la fonction « Personnes à proximité », soupçonnée d’avoir rendu des services criminels géolocalisés. “Dans la majorité des pays”, cette option, remaniée après la garde à vue, n’a pas été utilisée à des “fins illégales”, assure M. Durov.

Le juge grince : « La France a peut-être une particularité en matière de gastronomie, mais certainement pas en matière de délinquance. »

M. Durov répète qu’il est « personnellement dégoûté » par ces délits, « mauvais pour la société et les affaires ». Si l’entreprise basée à Dubaï a annoncé son premier bénéfice net annuel fin décembre, selon Pavel Durov, elle souffre d’une dette de 2 milliards de dollars.

« Nos processus de modération »

“Nous nous engageons à améliorer nos processus de modération”, promet-il, faisant écho aux annonces publiques de septembre, saluées par Emmanuel Macron, sur sa collaboration accrue avec les autorités judiciaires ou sur la modération qui doit devenir “une source de fierté”. «Mes équipes ont fait beaucoup de progrès», souligne M. Durov.

En France, Telegram affirme avoir répondu à 4 demandes judiciaires au premier trimestre 2024, contre 673 pour le dernier. Selon des données recueillies par les internautes que Telegram n’a pas confirmées à l’AFP, une progression comparable est visible dans une grande majorité de pays.

Sur les six premiers mois de 2024, à l’échelle mondiale, Telegram a livré “des informations d’identification (…) concernant plus de 10.000 utilisateurs”, selon M. Durov. « Ce n’est pas grand-chose comparé à » vos 950 millions d’utilisateurs revendiqués, estime un juge d’instruction.

Les juges doivent réinterroger en détail M. Durov, qui doit fournir des pièces justificatives. Interrogé, Me David-Olivier Kaminski, son avocat, n’a pas répondu.

Telegram a déclaré à l’AFP que le service de messagerie “coopérait avec les autorités judiciaires du monde entier depuis 2018, fournissant des informations sur les criminels lorsque des demandes valables le demandaient et via les canaux de communication appropriés”.

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