Le sculpteur Hong Jinshi avec l’un de ses Trump Buddhas.
AFP
Sérénité et calme sont rarement les premiers mots qui viennent à l’esprit pour décrire Donald Trump. Pourtant, dans cet atelier d’un artisan chinois, c’est bien le président élu américain qui est assis les jambes croisées, plongé dans une méditation divine.
Cette version en porcelaine du milliardaire républicain transformé en Bouddha est l’œuvre du designer et sculpteur Hong Jinshi.
Ces figurines, vendues entre 130 et 2.400 francs selon leur taille, ont fait sensation en 2021 sur Tabao, plateforme chinoise de commerce en ligne.
A l’approche de la deuxième investiture du magnat de l’immobilier, le 20 janvier, ils sont à nouveau très convoités.
“Il y a eu un regain d’intérêt dans les jours qui ont suivi son élection”, a expliqué à l’AFP Hong Jinshi, qui avait initialement créé ces statues pour plaisanter.
L’artiste de 47 ans affirme en avoir vendu des centaines ces dernières années.
Elles amusent les acheteurs car « la personnalité de Trump et l’apparence de la statue sont radicalement opposées », ajoute-t-il.
Chaque figurine est présentée dans un emballage sur lequel est écrit « Make Your Business Great Again » en mandarin – un clin d’œil au célèbre slogan de Donald Trump « Make America Great Again ».
Des exemplaires sont même apparus sur des plateformes de vente aux Etats-Unis, comme Amazon et Temu, à des prix pouvant atteindre 40 francs.
Elon Musk et Iron Man
« C’est toujours amusant de se moquer des figures d’autorité et des gens célèbres », explique Hong Jinshi, assis pieds nus sur le sol de son studio à la décoration minimaliste.
Crâne rasé et parlant d’une voix douce, vêtu de vêtements amples blancs, l’artiste contraste avec les sujets excentriques de ses sculptures.
Le sculpteur a récemment conçu l’effigie tout aussi ironique d’une autre figure américaine controversée : Elon Musk, partisan de Donald Trump appelé à jouer un rôle important dans la nouvelle administration.
Le milliardaire s’est transformé en Iron Man, le super-héros Marvel, vêtu d’une imposante armure métallique.
Mais dans la version de M. Hong, une grosse fusée émerge de l’entrejambe de Musk, symbole des ambitions galactiques du patron de SpaceX.
Malgré sa démarche oscillant entre hommage et provocation, M. Hong dit avoir beaucoup d’admiration pour Elon Musk, dont la société de véhicules électriques Tesla, très populaire en Chine, exploite une immense usine à Shanghai.
“Les fusées de Musk sont incroyables : il a considérablement réduit leur coût”, dit-il. « Il a accompli, en tant qu’entrepreneur, ce qu’un pays tout entier ne peut même pas faire. »
“Toujours aussi drôle”
Hong Jinshi refuse toutefois de commenter la politique de Donald Trump à l’égard de la Chine, un sujet sensible dans un pays où la liberté d’expression reste muselée.
Durant sa campagne, le candidat républicain a adopté une position dure à l’égard de Pékin, promettant par exemple d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises.
L’ancien président américain avait déjà imposé des impôts élevés lors de son premier mandat, mesures largement retenues par son successeur, Joe Biden.
Donald Trump a également provoqué la colère des dirigeants chinois avec une rhétorique tenant Pékin pour responsable du déclin de l’industrie américaine ou qualifiant systématiquement le Covid-19 de « virus chinois ».
Mais l’homme politique septuagénaire compte aussi de nombreux admirateurs en Chine.
“Je pense qu’il est toujours aussi drôle qu’avant”, déclare Hong Jinshi. “Quand il est président, il y a des histoires drôles tous les jours.”
Malgré leur succès, les statuettes Hong Jishi ne sont plus disponibles sur internet chinois, les publicités ayant été supprimées.
Les œuvres ont peut-être été considérées comme offensantes par les bouddhistes, estime-t-il.
Mais les commandes continuent d’affluer de touristes passant par son atelier, ou d’amis et de connaissances. Son explication : « Trump est une personnalité avec de nombreuses histoires. »
(AFP)
