Peut-on rêver de taux d’intérêt très bas en 2025 ?

Selon les économistes, la Banque du Canada ne fera pas un gros cadeau aux emprunteurs

Les récentes réductions du taux d’intérêt directeur par la Banque du Canada ont soulagé de nombreux emprunteurs.

Pour rappel de 2024 : après avoir bondi de 0,25 % à 5 % entre février 2022 et juin 2023, le taux directeur a été abaissé de 175 points de base (1,75 %) en quelques mois, à 3,25 % mi-décembre.

Evidemment bienvenue, cette baisse du taux directeur a aussi ravivé l’espoir d’un retour à des taux d’intérêt aussi bas que ceux qui prévalaient depuis le début des années 2010. Et même vers des taux encore plus bas – le taux directeur à 0,25 % – instaurés en 2021 et 2022 par la Banque du Canada, afin de contrer la crise économique liée à la pandémie.

Pourtant, de l’avis des économistes bancaires, cet espoir d’un retour à des taux d’intérêt très bas devrait être relégué aux oubliettes !

En fait, ils s’attendent à quelques réductions supplémentaires des taux directeurs dans les mois à venir. Mais ce sont des baisses qui, en l’absence de perturbations soudaines et majeures de l’économie, devraient s’arrêter autour de 2,25% fin 2025 et pour l’année suivante, en 2026.

« Un facteur important pour les emprunteurs est que la perspective de taux d’intérêt encore plus bas est désormais mince, surtout pour les emprunts à plus long terme », explique Jean-François Perrault, vice-président principal et économiste. chef de la Banque Scotia, dans sa récente mise à jour des perspectives économiques et financières.

« Du point de vue d’un acheteur potentiel, il ne faut plus s’attendre à des taux d’intérêt beaucoup plus bas sur les prêts hypothécaires à cinq ans. En effet, ce que l’on observe sur les marchés financiers, c’est que les prochaines baisses de taux d’intérêt seront très limitées et beaucoup plus concentrées sur les prêts à maturité courte (moins de trois ans) et à taux d’intérêt variables ou préférentiels. »

INFOGRAPHIES LA PRESSE

Changement de politique monétaire

Bien que décevante pour les attentes des emprunteurs, cette atténuation des baisses de taux d’intérêt doit également être considérée dans le contexte du revirement récent et rapide de la politique monétaire.

« En seulement six mois, la Banque du Canada a réduit son taux d’intérêt de base d’un niveau très restrictif de 5 % jusqu’à la limite supérieure de son estimation d’un taux considéré comme neutre pour l’économie, soit environ 3,25 %, a rapporté Douglas Porter, économiste en chef à la Banque du Canada. Banque de Montréal (BMO), à la suite de la plus récente déclaration de politique monétaire de la banque centrale à la mi-décembre.

PHOTO PRISE SUR LE SITE DE LA BANQUE DE MONTRÉAL

Douglas Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal

Pour l’avenir, la Banque du Canada a clairement indiqué que le rythme des baisses de taux ralentirait considérablement lors de ses prochaines réunions de politique monétaire. Mais à condition que l’économie ne réserve pas de surprises majeures – négatives ou positives – au cours des prochains trimestres.

Douglas Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal

Observation similaire de la part de Randall Bartlett, directeur principal de l’analyse de l’économie canadienne au Mouvement Desjardins.

« Ramené à 3,25 %, le taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada se rapproche désormais d’un taux dit « neutre » pour l’économie, c’est-à-dire le taux estimé lorsque l’inflation est à 2 % et que le niveau de production revient au niveau de long terme. tendance », selon M. Bartlett.

« Autrement dit, cela implique que la politique monétaire de la Banque du Canada n’est plus « restrictive » pour l’économie. C’est la raison pour laquelle je ne m’attends pas à de nouvelles baisses significatives des taux dans un avenir proche. »

Retour à la normale ?

Dans ce contexte, quelle consolation pour les emprunteurs encore nostalgiques des taux d’intérêt très bas ? « Les banques centrales n’adoptent pas toujours les politiques que nous souhaiterions. Mais parfois, c’est ce dont nous avons besoin», souligne Pierre-Benoît Gauthier, vice-président à la stratégie d’investissement de la firme IG Gestion de Patrimoine, dans sa récente mise à jour des perspectives économiques et financières pour la nouvelle année.

« Même si les taux d’intérêt semblent encore élevés par rapport à ceux d’il y a seulement trois ans, ils sont en fait revenus proches de leurs moyennes historiques à long terme, y compris les taux observés dans les années 2000. [taux directeur moyen autour de 3,25 %]et avant la crise financière de 2008. Ce constat renforce le point de vue selon lequel on revient à une « vieille normalité » en matière de taux d’intérêt », selon M. Gauthier.

« Même si des baisses rapides des taux peuvent atténuer les pressions sur les coûts hypothécaires, elles sont également considérées comme génératrices de risques économiques », rappelle Beata Caranci, vice-présidente principale et économiste en chef à la Banque TD.

PHOTO PRISE SUR LE SITE DE LA BANQUE TD

Beata Caranci, vice-présidente principale et économiste en chef de la Banque TD

Entre autres choses, les baisses de taux encouragent la demande de biens immobiliers résidentiels et accélèrent les dépenses de consommation, ce qui peut alimenter les pressions inflationnistes dans l’économie.

Beata Caranci, vice-présidente principale et économiste en chef de la Banque TD

Par exemple, Mmoi Caranci rappelle l’épisode de surchauffe du marché immobilier résidentiel survenu fin 2020 et en 2021.

« Après que la Banque du Canada a abaissé son taux d’intérêt directeur à près de zéro [0,25 %, pour contrer la crise pandémique]les ventes de maisons ont bondi de 40 % en seulement 12 mois. Les acheteurs de maison ont vivement réagi à une baisse record des taux hypothécaires, une fois par génération. »

Par ailleurs, souligne l’économiste en chef de la Banque TD, « des baisses de taux prononcées peuvent affaiblir le dollar canadien sur le marché international des devises. Un dollar canadien faible augmente le coût des biens et services importés. Cela peut également s’avérer contre-productif pour les investissements des entreprises dans des machines et des équipements provenant d’autres pays.»

La Banque du Canada en avance

Comme réconfort supplémentaire, les nostalgiques des taux d’intérêt très bas pourront peut-être se consoler avec le fait que la Banque du Canada, après deux baisses de taux consécutives de 0,5% fin 2024, est l’une des banques centrales les plus agressives en matière de taux d’intérêt. réductions dans les économies développées.

« Aucune autre banque centrale du G10 n’a réduit ses taux de plus de 125 points de base (1,25 %) en 2024. Même la Réserve fédérale américaine (Fed) s’est limitée à des baisses totalisant 75 points de base (1,25 %). base (0,75 %) jusqu’à la mi-décembre 2024 », rappelle Douglas Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal (BMO).

En contrepartie, cet empressement de la Banque du Canada à baisser son taux directeur au cours du deuxième semestre 2024 est considéré comme l’un des principaux facteurs de la dévaluation du dollar canadien par rapport au dollar américain.

Au plus fort des baisses de taux, de septembre à la fin décembre, la valeur du dollar canadien est passée de 74,5 cents américains à 70,3 cents américains.

Le huard canadien se négocie ainsi à son plus bas niveau depuis mars 2020, lorsque l’économie était durement touchée par la pandémie de COVID-19.

Pour les voyageurs et vacanciers parmi vous, soyez prévenus : le taux de change pourrait vous surprendre lors de votre prochain séjour hors du Canada !

 
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