les Britanniques manquent de Guinness

Sa couleur foncée est due à une partie d’orge torréfiée, en plus des ingrédients habituels de la bière.Image: unsplash

Ceux qui souhaitent commander une Guinness dans les pubs londoniens ces jours-ci pourraient avoir une mauvaise surprise.

Sebastian Borger, Londres / ch media

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Les fêtes de fin d’année dans les îles britanniques ont mis en lumière ce qui courait déjà pendant l’Avent : le géant des boissons Diageo est à court d’un de ses principaux produits. Dans de nombreux pubs anglais, les fûts de Guinness, l’or noir des bières, restent secs jusqu’à nouvel ordre. La reprise n’est pas attendue avant février au plus tôt.

Au légendaire pub du nord de Londres, le Faltering Fullback, les habitués reçoivent toujours une bière gratuite pour le traditionnel rassemblement de quartier du premier jour. De nombreux fêtards, en particulier les plus jeunes, ont demandé une pinte de Guinness – et on leur a répondu non.

“Je peux me passer de nouvelles chaussettes, mais les vacances sans Guinness sont vraiment impossibles”, grogne Adam Seear. Charles Grane n’a pas non plus caché sa déception :

« Comment se fait-il qu’il n’y ait plus de bière pendant les vacances ?

C’est la question que se posent de nombreux restaurateurs. En effet, sur l’île britannique, le marasme des brasseries irlandaises ne se ressent pas uniquement dans les restaurants indépendants comme le Faltering Fullback. D’énormes chaînes de pubs comme Admiral Taverns, qui possède près de 1.600 pubs, ou Wetherspoons, dont près de 800 établissements servent normalement 25 millions de pintes de Guinness par an, sont tout aussi touchées.

Le patron de Wetherspoons, Tim Martin, s’est montré certes conciliant, comme il se doit en cette période de fêtes, puisqu’il peut compter sur Guinness comme fournisseur fiable depuis 45 ans.

“Mais ils doivent brasser plus de bière”

Plus tôt ce mois-ci, Diageo, propriétaire de Guinness, a parlé d’une « demande exceptionnellement élevée », raison pour laquelle les livraisons ont dû être limitées. Les voisins de la Grande-Bretagne sont approvisionnés depuis le site d’origine, St. James’s Gate à Dublin, où Arthur Guinness a commencé à brasser sa bière brune appelée stout en 1759. L’énorme installation avec sa propre mini-centrale électrique fonctionne « à pleine capacité » » et une augmentation de la production n’est pas possible pour le moment.

Les ingénieurs et artisans brasseurs travaillent actuellement fébrilement à la construction d’une ligne de production supplémentaire sur le site de Dublin, qui coûtera environ 30 millions d’euros. De plus, une toute nouvelle brasserie est en cours de construction dans le comté voisin de Kildare, pour un coût estimé à 200 millions d’euros. Pour Diageo, il s’agit d’éviter le pire des cas.

Le dernier jour du mois de janvier marque le début du mythique tournoi de rugby des Six Nations, au cours duquel l’Irlande défendra son titre. Et les fans de rugby comptent parmi les clients les plus fidèles de Guinness, sponsor de longue date de l’événement.

Les spécialistes du marketing parlent avec respect de la marque irlandaise et, ces dernières années, les publicités de l’entreprise ont remporté de nombreux prix. « La Guinness est bonne pour vous » était le slogan accrocheur de cette boisson au goût légèrement amer et au titre alcoométrique de 4,2 %. La couleur sombre de la boisson tant convoitée est due à une portion d’orge torréfiée, en plus des ingrédients habituels de la bière comme le houblon, la levure et l’eau.

Une autre particularité est le fait que le produit se présente en deux phases, ce qui est en fait superflu. Pour cela aussi, les annonceurs ont inventé un joli slogan :

«Les bonnes choses arrivent à ceux qui attendent»

Tout arrive à temps pour ceux qui attendent.

Murphy’s Stout est là les starter-blocks

La crise des ventes a suscité des critiques. Diageo se serait trop concentré sur les spiritueux et aurait négligé l’ancienne marque Guinness, critique par exemple John Gapper de Temps Financier. Pourtant, en juillet dernier, le groupe avait déjà salué une hausse de 18 % des ventes de bière, exclusivement due à la vénérable marque, qui trouve un accueil favorable auprès des jeunes et des célébrités comme Kim Kardashian.

Le fait que cet or noir soit plus souvent associé à une agréable sortie dans un pub qu’à une bière tranquille sur le canapé à la maison y contribue clairement. L’incapacité de Diageo à répondre à la demande croissante pourrait s’avérer être une « erreur coûteuse », estime Gapper.

Le leader du marché peut être menacé par la concurrence, qui n’a pas d’échec de livraison. Le pub Faltering-Fullback a récemment commencé à proposer du « Murphy’s Stout ». Sur l’Île Verte, la vente de cette boisson brune était jusqu’ici limitée à la région de Cork, la grande ville du sud. Est-ce que cela gagne du terrain chez les Britanniques ? Les amis Seear et Grane ne s’y opposeraient en aucun cas. « Pas si mal », ont-ils jugé après la troisième pinte. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté de l’allemand par Léa Krejci