La santé numérique est largement devenue une réalité. Ainsi, en 2021, il y a eu plus de 350 000 demandes de santé et déjà en 2020, 73 % des établissements publics et privés affirmaient s’engager fortement pour améliorer le parcours patient via le numérique. « Tous les 75 jours, la quantité de données de santé dans le monde double », a également rappelé le Dr Yann-Maël Le Douarin, chef du service transformation numérique de la DGOS, lors du webinaire du 16 décembre 2024. Le déploiement du numérique désormais propose des études et des expériences montrant les effets positifs de l’utilisation des outils de santé. Par exemple, les délais d’attente des patients ont été réduits de 30 % aux urgences du CHU de Rennes grâce à l’installation d’un logiciel de lecture automatique des radiographies en cas de suspicion de fracture. Selon une étude de l’OCDE de 2024, l’IA pourrait automatiser jusqu’à 36 % des activités de santé et de services sociaux et donc libérer du temps pour les soignants. Une étude réalisée avec l’Institut Curie en 2021 a également démontré que la préparation chirurgicale est quatre fois plus rapide grâce à l’utilisation d’un outil de visualisation d’images médicales basé sur la réalité virtuelle (VR), intitulé DIVA.
Leviers par prestataire de soins
D’où l’objectif de la DGOS de dresser une cartographie des usages actuels et futurs du numérique, dont l’IA. « Nous avions besoin de ce premier bilan pour pouvoir savoir sur quoi nous concentrer ou sur quoi accélérer, voire préparer et anticiper », explique Yann-Maël Le Douarin. Nous avons donc co-construit cette cartographie avec les différentes parties prenantes : institutionnels, professionnels, fédérations, associations de patients, représentants de l’industrie. » Ces travaux ont abouti à une liste des prestataires de soins (établissements de santé et établissements ou services médico-sociaux, soins de proximité, pharmacies d’officine, laboratoires de biologie médicale, plateaux techniques, etc.) – les patients et la recherche sont également intégrés à la cartographie – et des leviers numériques . Cette carte recense également les différentes composantes de l’action publique mises en œuvre : stratégies (par exemple la feuille de route du numérique santé), dispositifs (Mon espace santé, prescription numérique, etc.) et financements (Hopen 2, Ségur du numérique, France 2030…).
Concernant l’IA, la cartographie montre qu’elle est ou sera utilisée dans tous les secteurs de l’hôpital et lors de toutes les étapes du parcours de soins : accueil, activités de soins (diagnostic et aide à la décision, thérapeutique, parcours de soins, information patient, sécurité), soins. services et hébergements, plateaux techniques (interprétation et diffusion d’images médicales, amélioration des circuits/automatisation des processus, etc.), services logistiques, pharmacie hospitalière, gestion hospitalière.
Un impact sur l’ensemble du système de santé
Pour la DGOS, le recours à l’IA peut véritablement être un atout en termes de gain de temps et de gestion des ressources humaines. L’IA peut par exemple se charger du pré-codage des actes mais aussi du rappel des patients et de leur suivi, ou encore de la gestion des plannings de prestations. Les soignants auront alors la possibilité de consacrer plus de temps à leurs patients mais bénéficieront également d’une meilleure qualité de vie au travail. L’IA couvrira en effet tous les domaines : partie administrative, gestion des ressources humaines et activités de soins y compris les soins non programmés. L’ensemble du système de santé sera donc impacté par le numérique et l’intelligence artificielle. Autre exemple : les épidémies. Selon Yann-Maël Le Douarin, le numérique permet de prévoir les épidémies et donc d’anticiper les pics et les moyens humains et matériels nécessaires pour y faire face.
De nombreuses applications et usages sont déployés. D’où l’utilité de la cartographie pour faire le point sachant qu’elle sera mise à jour progressivement. Les usages de l’IA se développent actuellement dans les établissements sans que la DGOS ou les agences régionales de santé en aient forcément conscience. D’où l’importance de la co-construction de la cartographie. Autre problème : celui de l’interopérabilité des différents systèmes d’information hospitaliers. Une IA utilisée dans un hôpital universitaire particulier peut-elle être déployée dans un autre hôpital universitaire ? « L’objectif de la cartographie, c’est aussi d’avoir un peu plus de visibilité sur ce qui existe aujourd’hui et de pouvoir poser collectivement les bonnes questions », répond Yann-Maël Le Douarin.
Magali Clausener
(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return ; js = d.createElement(s); js.id = identifiant; js.src = “//connect.facebook.net/fr_FR/sdk.js#xfbml=1&version=v2.0”; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs); }(document, ‘script’, ‘facebook-jssdk’));