Dernier jour de l’automne ou premier jour de l’hiver : le jour J est arrivé pour l’EPR de Flamanville. Avec 12 ans de retard, le réacteur nucléaire de nouvelle génération devrait être raccordé au réseau du jour au lendemain et contribuer à la production électrique de la France, avec un calendrier serré.
Initialement prévue à 10h00, reportée une première fois à 20h00, EDF a finalement fait état d’une opération de maintenance du réacteur qui devait se terminer à 23h00, impliquant un couplage juste avant le seuil de fin d’automne sur lequel EDF avait embauché en septembre. .
“Depuis hier et hier soir notamment, certaines opérations ont conduit à reprendre un peu de marge et à se décaler dans la journée”, mais “aujourd’hui, c’est cette heure qui est la plus probable”, a indiqué Régis Clément, directeur adjoint du Nucléaire. Division Production chez EDF lors d’un point presse vendredi après-midi. Il n’excluait pas totalement un accouplement plus tard dans la nuit.
L’opération doit être réalisée à très faible charge, après avoir atteint un niveau “de l’ordre de 20%” de sa puissance, a-t-il précisé. Cela permettra de vérifier que « tout va bien » avant de procéder à des « tests complémentaires ».
“Entre 10 et 15 arrêts et redémarrages sont prévus” puis pour tester le réacteur, qui atteindra 100% de sa puissance “à l’été 2025”, lors de son premier cycle d’activité industrielle de 18 mois, a-t-il précisé. noté.
Puis, probablement au printemps 2026, aura lieu un premier arrêt programmé pour maintenance et rechargement en combustible appelé Visite Complète 1″, selon EDF.
Vendredi marque l’aboutissement de ce projet qui accuse un retard de 12 ans sur le calendrier initial en raison de nombreux déboires techniques. Celles-ci ont fait exploser les délais et la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d’euros par EDF, soit quatre fois l’estimation initiale de 3,3 milliards.
En 2020, la Cour des comptes l’estimait à 19 milliards, en incluant les « surcoûts de financement ».
Paradoxalement, l’arrivée sur le réseau de ce réacteur de plus de 1 600 MW, le plus puissant du parc français, intervient à un moment où la consommation électrique du pays est en baisse par rapport aux années d’avant Covid-19, de l’ordre de 6 %.
“L’électricité est disponible, utilisons-la”, a déclaré la semaine dernière Luc Rémont, PDG d’EDF, sur fond de crise de l’industrie, notamment automobile, et de coupure de l’électricité. électrification des usages.
– Premier nouveau réacteur depuis 1999 –
Cela fait un quart de siècle que la France, pays qui compte le plus de centrales nucléaires par habitant, a démarré un nouveau réacteur, depuis 1999 avec le réacteur nucléaire 2 à Civaux, dans la Vienne.
Outre la complexité du projet, la longue pause dans la construction de nouveaux réacteurs en France est pointée du doigt par les experts, pour qui elle a provoqué une perte de compétences dans le secteur, expliquant en partie les déboires rencontrés sur ce projet colossal.
Et quelle est la prochaine étape ?
Emmanuel Macron a décidé de relancer le nucléaire civil en France, en commandant six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à l’énergéticien, mais le cadre budgétaire se fait attendre pour ce projet d’autant plus pharaonique depuis EDF , détenue à 100% par l’Etat, est lourdement endettée.
Le manque de visibilité politique n’arrange pas les choses, selon le journal Les Echos. Il affirme que, selon plusieurs sources, le conseil d’administration de l’énergéticien a voté mercredi, dans le budget 2025, une réduction de l’enveloppe dédiée aux travaux préparatoires du futur EPR2, de 2 milliards d’euros à une fourchette de 1,1 à 1,3 milliard d’euros.
Une information confirmée à l’AFP par une source interne à EDF, mais que la direction réfute.
L’entreprise affirme que le montant des investissements n’est à ce stade « pas décidé » et qu’il « sera examiné ultérieurement », une fois que tous les termes du programme auront été définis.
La mise en service du réacteur, initiée le 3 septembre, a marqué le début de sa montée en puissance, qui permettra de le raccorder au réseau électrique.
L’EPR, réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, est le 4ème de ce type installé dans le monde (deux en Chine, un en Finlande et un en construction au Royaume-Uni), et le 57ème du parc nucléaire français. A terme, il devrait alimenter en électricité environ deux millions de foyers.