(Agence Ecofin) – Face à la crise énergétique et à la hausse du prix des carburants, les Nigérians adoptent des solutions solaires pour leurs habitations. Ce changement marque un changement majeur pour un pays traditionnellement dépendant des générateurs diesel, coûteux et nocifs pour l’environnement.
Pendant des décennies, les générateurs ont été la solution par défaut aux insuffisances chroniques du réseau électrique nigérian. L’approvisionnement en énergie ne répondant qu’à la demande de 52 % de la population, les foyers et les entreprises comptent sur ces appareils pour obtenir de l’électricité de manière intermittente. Cependant, la suppression des subventions aux carburants en 2023 a entraîné une flambée des prix à la pompe, rendant inabordable le recours aux groupes électrogènes.
« Nous dépensons une fortune pour alimenter nos générateurs. Maintenant que le carburant est si cher, nous recherchons des alternatives plus abordables. »explique Akin Olukiran, directeur général d’ABG-CAPS Clean Energy Generation, une entreprise spécialisée dans les installations solaires.
Malgré les défis liés au financement de grands projets solaires, le marché des micro-systèmes solaires pour les maisons a connu une véritable percée ces dernières années. Selon la Global Off-Grid Lighting Association (GOGLA), les ventes de systèmes solaires domestiques entre juillet et décembre 2022 ont enregistré une augmentation de 46 % par rapport au premier semestre de la même année, pour s’établir à 928 000 unités. Ces systèmes, capables de fournir de l’électricité pour l’éclairage et de recharger les téléphones, remplacent progressivement les lampes à pétrole et les petits groupes électrogènes.
Parallèlement, le rapport « Exploiter le soleil : Une feuille de route pour la fabrication solaire au Sahel » de la Banque africaine de développement (BAD) met en avant un autre facteur clé : le coût des panneaux solaires. Produits localement, les panneaux nigérians sont 4 % moins chers que ceux importés de Chine, favorisant ainsi leur adoption par un plus grand nombre de foyers.
L’engouement pour l’énergie solaire ne se limite pas à une simple réponse à la hausse des prix des carburants. Cela crée également des opportunités d’emploi. Au Nigeria, les entreprises solaires emploient des milliers de vendeurs, de techniciens d’installation et de maintenance, etc. Cependant, ceux-ci sont souvent formés de manière informelle, ce qui entraîne de fréquentes plaintes de clients concernant des installations inadéquates.
Pour Siré Diallo, expert en finance climat au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les progrès actuels ne doivent pas occulter l’urgence de renforcer les programmes de formation. En effet, l’Afrique est la région qui compte le moins de professionnels qualifiés tout au long de la chaîne de valeur des énergies renouvelables. En 2023, la région ne comptait que 320 000 emplois dans les énergies renouvelables, soit 2,34 % des emplois recensés dans le secteur au niveau mondial, selon un rapport de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) l’Organisation internationale du travail (OIT).
Malgré une transition encore lente, le potentiel solaire du Nigeria reste immense. Un programme de 750 millions de dollars approuvé par la Banque mondiale vise à améliorer l’accès à l’électricité pour 17,5 millions de Nigérians, en mettant l’accent sur les micro-réseaux et les systèmes solaires domestiques.
Olivier de Souza
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