Vie numérique | « Résidu IA », l’héritage technologique de 2024

Vie numérique | « Résidu IA », l’héritage technologique de 2024
Vie numérique | « Résidu IA », l’héritage technologique de 2024

Ce ne sera pas une bombe nucléaire. Ce sera l’eau dans laquelle se baignera la grenouille. L’impact de l’intelligence artificielle (IA) pourrait être plus progressif et sournois que soudain et explosif. Selon la manière dont les géants du numérique envisagent de les commercialiser dans les mois à venir, les applications d’IA générative ne feront que faire monter la température de l’eau.

La webosphère anglophone a déjà trouvé un mot pour décrire cette émergence de contenus numériques créés de toutes pièces par l’IA générative : elle parle de « pente « . En français, on pourrait dire « résidus », ou « rejets ». Contenu sans réelle valeur, créé uniquement pour combler un vide dans l’espace numérique.

Génératif et créatif

Cela commence par un contenu banal, comme une lettre de présentation accompagnant votre CV lorsque vous postulez à un emploi. « Dirigez notre IA vers votre compte LinkedIn et elle rédigera même votre CV pour vous », suggérait la semaine dernière un représentant de Google, vantant l’efficacité de son application Gemini Live.

Les PME pourraient également être intéressées : un hôtel pourrait décorer ses murs avec de fausses peintures bon marché et libres de droits. La fille à la boucle d’oreille en perle et Gothique américain ils le prendront pour leur rhume. Un magasin branché pourra diffuser une musique de fond sans payer de royalties à aucun artiste.

On pourrait même s’éloigner de certaines tâches familiales ingrates, a ajouté le représentant de Google. Un dialogueur automatisé divertira votre mère âgée qui se plaint, seule dans sa maison de retraite, de ne pas pouvoir vous appeler tous les jours.

Ce sont des exemples très concrets d’utilisation de l’IA générative cités ces jours-ci par les représentants de Google, Microsoft et OpenAI pour convaincre le public et les entreprises d’adopter leur technologie.

La vidéo maintenant

Le média américain qui a parlé le premier de « pente », « résidus d’IA », faisaient référence à ces éléments de contenus générés automatiquement, et parfois maladroitement, qui permettent de construire un site internet, de rédiger un email ou d’illustrer un document en une minute.

« Ce livre électronique à faible coût qui semble être celui que vous recherchiez, mais n’est-ce pas tout à fait ça ? Ces publications sur votre fil Facebook qui semblent sortir de nulle part ? C’est pente », illustrait récemment le New York Times.

A cela s’ajoute désormais l’audiovisuel. La sortie par OpenAI d’une version publique de Sora, son outil de génération de vidéos à partir d’une simple phrase de texte, laisse imaginer que TikTok, Instagram et autres réseaux sociaux seront bientôt inondés de fausses vidéos.

C’est l’objectif affiché d’OpenAI. Sa vidéo d’introduction sur Sora montre des girafes, un animal qui vit en Afrique subsaharienne, gambadant dans la toundra. C’est impossible.

Sora AI produit des vidéos d’une durée maximale de 20 secondes, en haute définition (1920 x 1080 pixels), horizontalement ou verticalement. “Nous espérons que cette version préliminaire de Sora permettra aux créateurs du monde entier de mieux raconter leurs histoires et de repousser les limites de la narration sous forme vidéo”, a expliqué OpenAI lors du dévoilement de son nouveau produit.

L’association californienne à but non lucratif a amorcé un changement dans sa structure pour, justement, devenir une entreprise (très) lucrative. OpenAI espère que les « créateurs de contenu » adopteront Sora AI pour créer des vidéos qui inonderont les médias sociaux, bien sûr. Et ce qui l’aidera à devenir rentable.

L’IA au bureau

L’OpenAI évolue rapidement, car sur le marché encore naissant de l’IA générative, la concurrence est féroce. On sait déjà que les prochaines mises à jour du système Android, sur les appareils des principales marques vendues au Canada, serviront à intégrer Gemini, l’IA de Google, dans tous les recoins de leur logiciel.

Microsoft évolue également rapidement. Depuis l’été dernier, son application Copilot est au cœur des améliorations de sa suite bureautique et de son système Windows. Apple vient de lancer Apple Intelligence, sa propre application d’IA générative, au Canada. C’est en anglais seulement. Son homologue français sera probablement téléchargeable sur votre iPhone, iPad ou Mac au premier semestre de l’année prochaine.

Pour se démarquer, OpenAI a décidé d’opter pour une formule d’abonnement dont le prix varie en fonction de l’ampleur de la tâche à accomplir : pour 20 $ par mois, vous pouvez générer du texte, des images ou de courtes vidéos selon vos envies.

À 200$ par mois, vous pourrez demander, par écrit ou oralement, d’effectuer des tâches plus complexes pour produire des documents de qualité professionnelle.

Selon certaines sources, OpenAI souhaiterait à terme proposer un abonnement à 2 000 dollars par mois pour les entreprises. Est-ce trop cher ? Non, c’est une bonne affaire : OpenAI pense que chacun de ces abonnements pourrait remplacer un employé de bureau.

L’eau commence à chauffer !

 
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