C’est plus précisément avec Desjardins Capital, l’un des trois principaux créanciers du groupe, qu’il y a un désaccord, depuis des mois, en termes de structuration de la dette, a immédiatement expliqué Olivier Corneau, le copropriétaire de l’entreprise, en entrevue avec Le Quotidien.
« Nous avons demandé à nos créanciers de s’asseoir avec nous pour restructurer nos dettes. La FTQ a accepté de nous écouter et de collaborer, pareil pour Filaction. Desjardins Capital, quant à lui, ne voulait rien entendre. Ils nous ont complètement bloqués dans notre désir d’avoir quelque chose qui ait plus de sens en 2024. »
— Olivier Corneau, co-owner of Ongerneige
Les taux d’intérêt ont augmenté pendant la pandémie et Ongerneige aurait souhaité, avec Desjardins, étaler le montant restant de sa dette sur une plus longue période.
« Avec des taux de financement variables ces dernières années, nous avons englouti le allersurtout avec le COVID. On parle de taux qui étaient descendus jusqu’à 15% du financement. Ce qu’on avait demandé à Desjardins, c’était quelque chose de plus adapté à la réalité de 2024 et ils ont fermé la porte. Ils nous ont dit que pour rompre le contrat que nous avions avec eux, nous devions nous placer sous la protection de nos créanciers et nous l’avons fait », a ajouté M. Corneau.
Dans l’avis d’intention déposé chez le syndic de faillite Raymond Chabot le 9 décembre, on peut lire qu’Ongerneige devait la somme de 322 376 $ à Desjardins Capital et que parmi ses dettes non garanties, un montant de 2 115 000 $, lié aux dépôts perçus d’avance auprès des clients, était ajouté au solde. A ce sujet, le cogérant de l’entreprise s’est voulu rassurant. « Cet argent, ces deux millions, c’est de l’argent auquel Desjardins n’a pas le droit de toucher. C’est prévu dans notre décaissement, ils n’y ont pas accès », a-t-il précisé.
Le déneigement se poursuivra
C’était très important pour le copropriétaire, dans son échange téléphonique avec Le Quotidienpour rassurer ses clients. « Les affaires se portent bien. Nous avons de l’argent dans les caisses en ce moment pour déneiger jusqu’en juin si nécessaire. Le problème est de nature administrative. Nous ne voudrions pas que les gens s’inquiètent à l’approche des vacances », a-t-il insisté.
L’entreprise, qui compte 75 salariés dans ses rangs, maintiendra la relation de travail avec l’ensemble de son personnel, a tenu à le mentionner Olivier Corneau. « Nous sommes un très bon employeur dans la région. Nous offrons emploi annuellement et de manière récurrente. Le remaniement de notre financement n’aura aucun impact sur nos effectifs », a-t-il déclaré.
“Ce n’est pas facile de gagner de l’argent avec la neige”
En 2019, Oliver Corneau et Alex Tremblay créent le Groupe Ongerneige en investissant 7 millions. Avec ce premier investissement, les entreprises de déneigement Ongerneige, Création Paysage, Déneigement SM, Hudon & Tremblay et Déneigement Pro sont passées sous le contrôle de la nouvelle entité créée par les deux entrepreneurs.
Depuis cette transaction majeure, le marché du déneigement a beaucoup évolué au Saguenay, a déclaré Oliver Corneau. « En 2019, nous étions présentés comme monopolistiques au moment de la transaction. Nous n’avons jamais voulu construire un monopole, bien au contraire. Nous avons perdu des clients depuis que nous avons repris l’activité de déneigement. Nous sommes aujourd’hui en dessous de 50 % de notre part de marché.
Depuis la crise sanitaire, la conduite des affaires du Groupe Ongerneige n’a pas été des plus simples. « Nos dépenses ont explosé. Les machines coûtent 42 % de plus qu’avant la pandémie. Tout le monde sait que le prix de l’essence a augmenté. Cela s’est stabilisé récemment, mais cela représente toujours une augmentation considérable de nos dépenses. Ensuite, nous avons aussi investi davantage dans la masse salariale », partage le dirigeant.
Certes, le dernier hiver n’a pas été le plus enneigé, le comprend Olivier Corneau, mais les deux précédents, celui de 2021 et celui de 2022, ont été particulièrement exigeants. « Nous avons usé notre matériel plus rapidement ces deux années-là. Nous avons déneigé l’équivalent de 150 % d’un hiver normal et cela nous a obligé à acheter des tracteurs plus rapidement. Ce n’est plus facile de gagner de l’argent avec la neige en 2024», a conclu M. Corneau.