Des dizaines de clients affirment avoir été trompés par un massothérapeute du Québec qui leur vendait des forfaits incluant des massages sans leur fournir ces services.
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Massothérapeute depuis au moins 2015, Valérie Côté semble avoir « disparu », selon ce qu’affirment plusieurs anciens clients interrogés par La Revue.
Récemment, au moins trois plaintes ont été déposées à la police et elle a été exclue de son groupe (voir autre texte).
En juillet dernier, Mmoi Côté a en effet quitté définitivement ses deux cliniques, celle de l’avenue Chauveau à Québec et celle du boulevard Guillaume-Couture à Saint-Romuald, sans préavis ni avertissement.
« Elle a vendu beaucoup de colis et puis pouf ! elle a disparu», s’insurge Réjean Pouliot, un ancien client de Lévis.
Qui plus est, les propriétaires des locaux de ses deux cliniques affirment qu’elle n’est jamais venue récupérer son matériel, malgré plusieurs demandes de leur part.
Elle n’a pas non plus payé les frais liés à la location de ses locaux « quelques mois » avant son départ.
Le nez à la porte
Au Québec comme sur la Rive-Sud, les clients qui avaient pris rendez-vous sur son site Internet se sont présentés jusqu’en novembre dernier en tapant du nez à la porte. Plusieurs autres sont venus, essayant en vain de retrouver les sommes perdues.
«Il y a même des personnes âgées qui sont venues ici, dont un monsieur qui nous a dit avoir payé un forfait de 800$», déplore le chiropraticien Marc Drolet, qui a loué un espace au massothérapeute dans sa clinique.
La massothérapeute Valérie Côté a exercé dans cette salle, située dans la clinique du dos du chiropraticien Marc Drolet, sur l’avenue Chauveau à Québec, de décembre 2023 à mai 2024. Des clients qui avaient pris rendez-vous à l’avance puis s’y sont présentés se sont présentés plusieurs semaines après son départ. Certains ont continué à s’y rendre en novembre dernier pour tenter de réclamer leur argent, sans succès.
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC
En 37 ans de pratique, le Dr Drolet affirme n’avoir jamais été confronté à une telle situation. Il est désolé pour les anciens clients de Mmoi Côté qui se présente chez lui.
Forfaits à faible coût
Selon son site Internet, où elle se présente comme « massothérapeute sportive », ses forfaits proposant des massages abordables se vendent entre 90 $ et 210 $.
Sentant une bonne affaire, plusieurs clients en ont acheté plusieurs, afin de leur garantir des soins à moindre coût sur une plus longue période, nous dit-on.
Les témoignages que nous avons recueillis révèlent que les sommes réclamées par des dizaines de clients trompés varient entre 200$ et 1 200$.
Annulations répétées
Depuis le printemps, la massothérapeute de 35 ans annule de plus en plus ses rendez-vous, parfois à la dernière minute, nous dit-on.
« Elle m’a annulé plusieurs fois. J’ai réessayé de prendre rendez-vous, mais après le 7 octobre […] elle ne répondait plus», déplore Martin Faucher, qui lui réclame toujours près de 500 $.
Ancien client de Valérie Côté, Martin Faucher a tenté par plusieurs moyens de contacter le massothérapeute, dans l’espoir d’obtenir un remboursement. Il a finalement déposé une plainte au Service de police de Québec.
Photo STEVENS LEBLANC
De son côté, Nancy Tessier soutient que Mmoi Côté a cité plusieurs raisons pour annuler ses rendez-vous. «Elle a dit qu’elle avait eu des problèmes avec ses grands-parents ou sa famille, ou je sais qu’elle s’est blessée au pied», raconte la femme qui veut maintenant récupérer ses 400 $.
M.moi Côté aurait invoqué cette blessure au pied, survenue en juin, pour forcer l’annulation d’autres rendez-vous, jusqu’en octobre, selon les échanges entre le massothérapeute et d’anciens clients qui La Revue a pu consulter.
Lors de ces échanges, Mmoi Côté a révélé qu’elle avait plus de 790 clients dans la région.
Serveuse dans un bar
Rejoint par La Revue par différents moyens, Mmoi Côté n’a jamais retourné nos demandes d’entrevue.
Nous avons pu retrouver la massothérapeute, qui était jusqu’à la fin novembre serveuse dans un bar de Lac-Etchemin, depuis au moins le 1er septembre.
Rejoint par La Revue Vendredi, une employée de l’établissement a confirmé qu’elle était récemment partie travailler dans un autre bar du quartier.
“Tu n’as pas à être gêné […] », réagit Ysabel Pincemin, une ancienne cliente qui avait encore 1 200 $ de services payés, mais non rendus.
Or, c’est à la suite de discussions avec M.moi Côté, au cours de laquelle la massothérapeute lui a suggéré de réclamer les sommes dues directement auprès de son institution financière, que Mmoi Pincemin a finalement pu se faire rembourser.
M.moi Côté lui a même proposé de lui fournir ses factures, pour faciliter son remboursement.
«C’était tellement compliqué et ardu. Mais j’ai pu prouver [à son institution financière] que je lui ai demandé de me rembourser et qu’elle n’avait pas l’intention de le faire », explique celle qui était sa cliente depuis huit ans.
Exclus et visés par les plaintes
Les plaintes contre la massothérapeute s’accumulent, puisqu’elle a récemment été exclue du Regroupement des massothérapeutes du Québec (RMQ), dont elle était membre depuis neuf ans..
C’est ce que confirme Christine Myette, responsable de l’éthique et des affaires juridiques au RMQ.
Une enquête a été menée, au cours de laquelle le groupe n’a jamais pu parler avec la massothérapeute Valérie Côté, et cette dernière a été exclue le 23 septembre.
« C’est une situation qui est devenue très grave. […] Nous n’avons jamais reçu autant de plaintes que celle-ci [visant une massothérapeute]pas ces dernières années », affirme-t-elle.
« La seule chose que nous pouvons faire est de radier [il ne s’agit pas d’un ordre professionnel NDLR]», ajoute M.moi Myette, admettant que le manque de communication entre les associations de massothérapeutes crée un « vide juridique » dans de telles circonstances (voir autre texte).
Actuellement, rien n’empêcherait Mmoi Côté à adhérer à une autre association, malgré la perte de sa licence RMQ.
Plaintes
Par ailleurs, au moins trois anciens clients ont déposé des plaintes au Service de police de Québec, confirme le porte-parole William Robitaille.
Et au moins six autres personnes ont déposé plainte contre lui auprès de l’Office de protection des consommateurs.
M.moi Myette tient également à prévenir la population, puisque la plateforme de vente de Valérie Côté, via sa page Facebook, est toujours active pour certaines promotions.
Elle conseille également aux clients de toujours payer pour chaque service une fois le massage terminé et non à l’avance.
Dans le cas de Mmoi Côté, aucun contrat ni confirmation détaillée de vente n’a été transmis au client. La massothérapeute gérait elle-même le nombre de soins restants pour chaque client dans un carnet, nous dit-on.
La Revue j’ai essayé de contacter Mmoi A pris plusieurs fois parti, sans succès.
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