Malgré une entente conclue l’an dernier, le nombre de Québécois en attente d’une consultation chez un médecin spécialiste continue d’augmenter. Il y en a désormais près de 900 000 en attente, soit une augmentation de 7 % en un an.
En novembre 2023, le ministre de la Santé déclarait avoir conclu une entente de principe avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) « afin de permettre un meilleur accès des patients aux consultations avec des médecins spécialistes partout au Québec ».
Christian Dubé a ainsi mis fin à sa menace d’inclure les nouvelles obligations des spécialistes directement dans son projet de loi 15. Ces « activités médicales spéciales » (AMP) devaient plutôt être négociées et mises en place progressivement jusqu’au 30 novembre.
Les PMA devaient comprendre des consultations offertes selon les priorités gouvernementales, du travail en milieu hospitalier et du soutien en région.
Mais depuis, les travaux sont au point mort. Selon nos informations, les deux parties espèrent toujours pouvoir parvenir à une entente « dans les prochains mois » et l’arrivée de ces obligations ne serait pas liée au renouvellement de l’entente-cadre entre Québec et la FMSQ.
“Une chose est sûre : on ne peut pas donner plus d’argent pour les mêmes résultats”, a commenté mardi le cabinet du ministre de la Santé. La FMSQ, de son côté, affirme qu’à ce jour la question des SAP a été réglée pour une douzaine de spécialités, sur 35.
Longues listes
Entre--, loin de diminuer, les listes d’attente ont continué de s’allonger. Au moment de l’accord en novembre 2023, ceux-ci comprenaient plus de 823 000 patients.
Un an plus tard, ils sont désormais 878 742 dans la file d’attente, dont 62 % sont déjà hors délai, selon le tableau de bord du ministère de la Santé.
Québec s’est fixé l’objectif ambitieux de réduire la proportion de patients en retard à 35 % d’ici mars prochain, soit la même proportion qu’avant la pandémie. Un peu plus de 500 000 personnes attendaient de consulter un médecin spécialiste.
Cette accumulation de retards inquiète le critique libéral en matière de santé. «Il y a des gens parmi ces 900 000 qui, lorsqu’ils parviendront à voir un spécialiste, apprendront qu’ils ont un cancer» et qui devraient commencer les traitements dès maintenant, souligne André Fortin.
Il qualifie la situation d’« échec monumental » de la part du gouvernement.
Doublons
Le Dr Akram Rahal, président de l’Association d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale du Québec, se dit également préoccupé par les quelque 114 000 consultations en attente de voir un ORL, la spécialité la plus demandée.
Mais la productivité de ses membres, assure-t-il, dépasse déjà celle des autres provinces canadiennes.
Selon lui, même si les besoins sont réels, les listes d’attente peuvent contenir de nombreux doublons et des patients déjà vus. En neurologie, l’épuration des listes a réduit de 30 à 40 % le nombre de consultations en attente, avance-t-il.
Son association s’appuie également sur des « conseils numériques » pour désengorger le système. Avec cette approche, un médecin généraliste peut par exemple envoyer une échographie pour obtenir l’avis d’un spécialiste sans rendre visite au patient.
“Cela permet de répondre à la demande de première ligne, sans augmenter le nombre de consultations non pertinentes”, estime le Dr Rahal.
Patients en attente d’une consultation avec un spécialiste
- Octobre 2024 : 878 742
- Octobre 2023 : 824 454
- Octobre 2022 : 824 657
- Octobre 2021 : 641 148
- Octobre 2020 : 549 429
Source : Tableau de bord – Performance du réseau de la santé et des services sociaux
Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?
Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.