Enseigner le français : arrêtons de couper !

Enseigner le français : arrêtons de couper !
Enseigner le français : arrêtons de couper !

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a promis que 75 % des élèves québécois fréquentant une école publique seraient inscrits dans un projet éducatif spécial (PPP) sans aucune forme de sélection d’ici 2026-2027.

Nous comprenons que cette manœuvre politique se veut une réponse à ceux qui reprochent à la CAQ de ne pas reconnaître les effets de l’école à trois vitesses et de la ségrégation scolaire créée par les écoles privées. M. Drainville semble ignorer que cette promesse engendrera des effets secondaires importants, pour ne pas dire indésirables, sur le terrain.

Ainsi, on constate que, dans de nombreuses écoles, les PPP déjà existants ont souvent conduit à une réduction du - d’enseignement alloué à certaines matières de base, une réduction allant parfois jusqu’à 25 % dans le cas du français. Comment le ministre peut-il appuyer une telle réduction alors qu’il a lui-même demandé une révision du programme de formation en français langue première face aux nombreux échecs de nos jeunes?

Problèmes

Étant enseignant dans un programme particulier où les étudiants sont sélectionnés en fonction de leurs résultats scolaires, je constate que certains d’entre eux ont du mal à suivre le rythme d’une matière pour laquelle le - d’enseignement a été réduit. de 25%.

Je n’ose imaginer ce que seront les PPP sans sélection avec des élèves qui ont accédé au secondaire après avoir difficilement terminé le primaire. Quand on sait que c’est aussi dans ces groupes qu’on intègre les étudiants qui ont besoin de soutien, quel mauvais service à leur rendre !

Une expérience similaire a été tentée dans une école de mon secteur avec des élèves du secteur régulier et elle n’a pas été répétée, car les résultats des jeunes en français ont connu une baisse de 8 à 10 %.

En fait, les élèves éprouvent déjà tellement de difficultés en français que, dans plusieurs écoles, on ajoute souvent deux périodes au nombre prévu en cinquième secondaire pour s’assurer qu’ils ont de meilleures chances de réussir l’examen écrit ministériel. . Passons au secondaire, ajoutons au cinquième : quel bel illogique !

Alternative néfaste

Une façon que les centres de services scolaires ont trouvé pour mieux répartir la réduction du - d’enseignement entre les différentes matières pour établir un PPP est d’adopter un horaire de 10 jours de classe. Expliquer les effets d’un horaire est un peu technique mais cela se traduit en français par un plus grand nombre de groupes par enseignant (donc plus d’élèves sous sa supervision) et moins de périodes consacrées à la récupération et à la formation. aide à l’éducation.

Bref, si l’on se place du point de vue des étudiants, ils se retrouvent face à un enseignant dont la charge de travail est devenue plus lourde et qui a moins de - à consacrer à ceux – plus nombreux – qui connaissent des difficultés. Est-ce vraiment ce que souhaite le ministre concernant l’enseignement du français au Québec?

En matière d’éducation, chaque ministre veut marquer son « règne » par une mesure phare dont il peut s’estimer fier. M. Drainville répète l’erreur de ses prédécesseurs : faire passer son héritage politique avant le véritable bien-être des étudiants. S’il veut entrer dans l’histoire et être logique avec les positions de son gouvernement, le ministre devrait interdire la réduction du - d’enseignement du français lorsque les étudiants sont inscrits dans des programmes où ils ne sont pas sélectionnés.

Luc Papineau, French teacher

 
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