Depuis vendredi matin, des militants occupent un immeuble du quartier Hochelaga pour dénoncer le fait qu’il ait été transformé en Airbnb « illégal », contournant les règles relatives à l’hébergement touristique temporaire.
• Lire aussi : « Ce sont des capitalistes criminels » : manifestation contre Airbnb dans Hochelaga-Maisonneuve
« Nous avons loué l’appartement sur Airbnb. Notre loyer est maintenant terminé, mais nous ne partirons pas tant que la police n’aura pas reçu un mandat d’expulsion », a déclaré Jimmy, l’un des manifestants occupant l’appartement. Il a refusé de donner son nom de famille.
Zoé Arcand
Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées au coin des rues Sainte-Catherine et Préfontaine, dans Hochelaga, pour appuyer l’occupation.
Les manifestants estiment que ce logement n’est pas une résidence principale louée occasionnellement comme hébergement touristique, comme le permet la loi. Il s’agit selon eux d’un logement locatif transformé « illégalement en Airbnb », affirment-ils.
L’un des propriétaires, Vadim Kuzmenko, dispose d’un permis pour louer une résidence principale à cette adresse. Ce numéro est affiché sur deux publicités différentes, ce qui est illégal au sens du Loi sur l’hébergement touristique du Québec.
On ne verrait pas non plus d’indices indiquant que le logement est une résidence principale, comme des photos de famille ou des biens personnels. On y trouverait plutôt des livres touristiques sur Montréal. M. Kuzmenko est aussi l’un des exploitants d’une deuxième résidence principale à Notre-Dame-de-Grâce, selon les données du ministère du Tourisme rendues publiques en mars.
Photo: Zoé Arcand
Les occupants affirment que d’autres personnes ont réservé ce logement Airbnb et devraient arriver d’ici la fin de la journée. « Nous allons simplement les informer qu’ils ne peuvent pas revenir. Il y a des gens devant la porte qui s’en chargeront », explique Paula, qui occupe également le logement.
Des voisins horribles
« Nous vivons ici depuis qu’il a été transformé en hébergement touristique, nous avons été témoins de la transformation », raconte un voisin d’en face, qui préfère garder l’anonymat.
« Ce sont de terribles voisins. Quand nous avons emménagé ici, le coin était une maison de crack et de l’autre côté de la rue, c’est devenu un Airbnb. Entre les deux types de soirées, je préfère celles au crack house à celles avec les touristes », dit-elle. « Ils sont bruyants, ils ne sont pas respectueux. Ils agissent comme si tout le quartier leur appartenait.
Zoé Arcand
Exigences au gouvernement
La poignée de citoyens masqués qui occupent l’appartement réclament notamment que le gouvernement du Québec permette aux villes d’« interdire la location à court terme sur leur territoire ». Ils souhaitent également que les municipalités surveillent l’application de la loi. Loi sur l’hébergement touristiqueen plus de Revenu Québec, qui a actuellement cette responsabilité.
Dans une ambiance festive, les manifestants ont également exigé que les propriétaires et les plateformes de location d’hébergements touristiques paient des amendes pour chaque nuit louée illégalement. Ils vont même jusqu’à exiger la « confiscation des logements locatifs des propriétaires qui ne respectent pas la loi et que ceux-ci soient transformés en logements sociaux, en coopérative ou en OBNL d’habitation ou autres types de logements similaires ».
La manifestation s’est jusqu’ici déroulée dans une ambiance festive et pacifiste. Un groupe de musique s’est produit sur place pour encourager les manifestants et des hot-dogs grillés ont été distribués.
Zoé Arcand
Selon la porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, Véronique Dubuc, les policiers contrôlent la « manifestation pacifique » mais « aucune contravention n’a été remise, il n’y a pas d’excès ».
Vadim Kuzmenko n’a pas répondu à nos appels.
