Notre journaliste sillonne le Grand Montréal pour parler de personnes, d’événements ou de lieux qui font battre le cœur de son quartier.
Publié à 1h52
Mise à jour à 8h00
De nombreux festivals ont lieu en centre-ville ou sont produits par des promoteurs établis de longue date. Dans un esprit plus souterraindeux amoureux du Sud-Ouest ont décidé de créer un festival de quartier indépendant à travers un circuit de bars et de lieux méconnus.
« Le Sud-Ouest est un quartier vivant qui ne demande que du neuf et du dynamisme culturel », estime Clément Sageste. « Le but du festival est d’être le festival près de chez soi, comme dans un village », ajoute Moose Felinhi.
Mais bien sûr, les gens des autres « villages » de Montréal – que ce soit Villeray, Le Plateau, Hochelaga-Maisonneuve – sont les bienvenus !
Clément Sageste rappelle que le Sud-Ouest est un berceau naturel d’artistes. C’est notamment un lieu incontournable de l’histoire du jazz à Montréal et c’est là que de grands artistes comme Oscar Peterson et Oliver Jones ont grandi.
Clément Sageste et Moose Felinhi se sont rencontrés dans un espace de travail partagé du quartier Saint-Henri, l’atelier 257. Le premier, qui a quitté la France pour s’installer à Montréal il y a une dizaine d’années, est photographe et fondateur d’Arts Le Média, une agence de soutien aux artistes. Quant au second, humoriste et cinéaste d’origine marocaine, il a vécu en France et aux États-Unis avant de choisir de vivre à Montréal. Il a d’abord vécu sur le Plateau, où il y avait une saturation de l’offre culturelle, a-t-il constaté. À Saint-Henri, dans la Petite-Bourgogne, à Griffintown ou à Verdun, le champ est plus libre.
Avide de diversité artistique, il crée avec Clément en 2023 le festival La Vitrine qui pour sa première édition s’est déroulé sur une seule journée – tandis qu’il s’est déroulé sur une semaine pour sa deuxième présentation, jusqu’au 6 juillet.
« L’année dernière, c’était une version pilote avec 50 artistes qui jouaient pendant 20 heures d’affilée, raconte Clément. Cette année, nous avons décidé de changer de formule en tissant une toile dans les quartiers du Sud-Ouest. »
Une soirée d’humour au programme
Pluridisciplinaire, la programmation est sous le signe de l’émergence, mais elle comprend aussi des noms déjà connus. Le mercredi soir par exemple, le public se retrouve pour une soirée d’humour à la succursale Siboire de la rue Notre-Dame avec trois étoiles montantes, Charlie Morin, Tranna Wintour et PO Forget. Jeudi soir, il y a une soirée de Confiture et live painting au Riverside St-Henri avec GROWVE Mtl, un collectif d’improvisation musicale de renom (habituellement en résidence au bar Turbo Haüs).
Des étoiles montantes au programme de la soirée humour
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Le festival La Vitrine a débuté dimanche avec l’événement Rythmes culinaires, où des chefs ont cuisiné en direct, accompagnés aux platines par les DJ Ellxandra et MeloDrastik. « Nous voulons briser les règles en mélangeant les disciplines. Comment la cuisine peut-elle influencer la musique ? Comment la musique peut-elle influencer la cuisine ? », explique Moose.
Une cinquantaine d’artistes au total
Pour notre rendez-vous, Clément et Moose nous ont donné rendez-vous sur la rue Wellington, une rue piétonne durant l’été à Verdun. Mardi soir, c’est sur cette artère que se déroulera la soirée, qui débutera au bar Palco avec un match d’improvisation de la Ligue LUDIC (de l’Université de Montréal) et qui se poursuivra en face, au Benelux, avec un spectacle du « looper » Oli Page et de Soulium, un groupe qui mélange jazz et rock progressif.
En plus des événements énumérés ci-dessus, mentionnons également le gala de clôture, le samedi 6 juillet, au loft Imagemotion de Griffintown, qui réunira la plupart des artistes de la programmation, en plus d’un défilé de mode et d’une vente de œuvres aux enchères.
A noter deux événements au-delà des frontières du Sud-Ouest : un marché d’art et une projection de courts métrages à l’Union Française (en face de la place Viger) ce lundi soir, et un Bataille de DJ Friday at L’Éloi studio (in Outremont).
Clément et Moose n’ont pas de commanditaire, mais ils ont fait une campagne de financement participatif avec La Ruche. Ils ont une équipe dont les membres sont rémunérés en fonction de leur implication. Ils ne veulent pas s’armer uniquement de bénévoles afin de créer un modèle de festival qui puisse perdurer et qui pourrait être admissible à des subventions. Il y a aussi un partage de la billetterie avec les artistes, et c’est un risque financier moindre de collaborer avec des entreprises locales plutôt que de louer des salles de spectacle. Du donnant-donnant, résument-ils. Et comme pour la première édition, ils peuvent compter sur la présence du député Guillaume Cliche-Rivard.
Selon les deux acolytes, les Montréalais ont besoin de renouveau, surtout en cette période de récession. Et la communauté souterrain a besoin de lumière et d’un événement comme celui de la Vitrine, affirment-ils.
Visitez le site du festival La Vitrine