CContre toute attente, Bank Al-Maghrib (BAM) a surpris les acteurs économiques et financiers en réduisant son taux directeur de 25 points de base, désormais fixé à 2,75%. Une décision qui rompt avec quatre réunions consécutives de statu quo monétaire.
“Cette décision prend en compte les progrès très notables dans le retour de l’inflation à des niveaux conformes à l’objectif de stabilité des prix et la préservation de la reprise post-Covid de l’activité économique, notamment à travers le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission. de ses décisions, ainsi que des mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et certaines activités économiques », a jugé le Conseil de la Banque centrale lors de sa deuxième réunion trimestrielle.
Jouahri a expliqué que cette décision unanime du Conseil BAM repose sur plusieurs facteurs favorables, dont notamment la stabilisation de l’inflation à des niveaux compatibles avec l’objectif de stabilité des prix. Il a déclaré que le taux d’inflation devrait tomber en dessous de 2% cette année, malgré la reprise partielle de la décompensation du gaz butane. La composante sous-jacente de l’inflation, reflétant l’évolution fondamentale des prix, a atteint en moyenne 2,1% sur les cinq premiers mois de l’année et devrait rester proche de ce niveau jusqu’à fin 2025, soit dans l’objectif de la Banque. L’autre argument majeur en faveur de cette décision réside également dans les prévisions optimistes du croissance économique.
Le wali a mis en avant une accélération attendue de la croissance, estimée à 4,5% en 2025, un niveau jamais vu depuis plusieurs années. Qui plus est, à moyen terme, les activités non agricoles devraient se renforcer à un rythme de 3,8% en 2024 et 4,1% en 2025, grâce notamment aux différents projets lancés et prévus, à la poursuite de la dynamique des activités liées au tourisme et à la consolidation de la consommation des ménages, en relation avec la baisse de l’inflation et des augmentations salariales. La réduction du taux directeur a été également portée par l’amélioration des avoirs officiels de réserve (ORA), qui devraient continuer à progresser, permettant de couvrir environ cinq mois et demi d’importations de biens et services. Ces perspectives positives sont également soutenues par la poursuite des investissements au Maroc.
En matière de finances publiques, BAM anticipe une stabilisation du déficit budgétaire à 4,4% du PIB cette année, avec une réduction à 4,1% en 2025, conformément à l’objectif de maintien des équilibres macroéconomiques évoqué dans la note de cadrage du Projet de Loi de Finances. . Bref, pour Bank Al-Maghrib, tous les critères pouvant justifier une baisse sont réunis : retour de l’inflation vers l’objectif de 2%, croissance économique prometteuse et stabilité budgétaire et financière assurée… Cette baisse du taux directeur marque ainsi le début d’une nouvelle phase d’assouplissement monétaire, soutien bienvenu aux entreprises marocaines engagées dans un effort d’investissement colossal en vue de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030. Abdellatif Jouahri a toutefois précisé que la poursuite de cette politique accommodante dépendra de l’évolution des indicateurs macroéconomiques dans les mois à venir.
Forte réaction des marchés financiers
La décision surprise de Bank Al-Maghrib d’abaisser son taux directeur a eu un effet immédiat et positif sur la Bourse de Casablanca. L’indice Masi a enregistré une hausse significative de 2,22% quelques minutes seulement après l’annonce, déjouant les prévisions des analystes qui tablaient essentiellement sur un maintien du taux. Les secteurs de croissance et le secteur bancaire ont été les principaux moteurs de cette hausse. La réaction a également été forte sur le marché obligataire, les taux à long terme ayant reculé de 20 points de base sur le compartiment secondaire au lendemain de cette annonce.
