Mort de son aspirine

Mort de son aspirine
Mort de son aspirine

L’homme de 75 ans résidait au Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Trois-Pistoles, dans le Bas-Saint-Laurent.

Comme beaucoup de personnes souffrant d’une maladie cardiaque ou ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral, le patient en question prenait quotidiennement une faible dose d’aspirine, parfois appelée « aspirine pour bébé », selon le rapport du coroner enquêtant sur le décès.

Cet anti-inflammatoire est souvent utilisé pour prévenir la récidive des problèmes cardiovasculaires.

Mais l’aspirine est un médicament qui peut être très irritant pour l’estomac. C’est pourquoi le patient prenait également des médicaments pour protéger son estomac, peut-on lire dans le document.

En mai 2023, l’équipe soignante du CHSLD a décidé de sevrer progressivement l’homme de ce médicament protecteur.

Dans l’après-midi du 4 juin, alors qu’il prenait le gastroprotecteur un jour sur deux, le septuagénaire a commencé à présenter des symptômes d’hémorragie gastrique : vomissements brunâtres et douleurs au ventre.

Compte tenu de l’état de santé du patient, l’hémorragie n’a pas fait l’objet d’une enquête plus approfondie ni d’un traitement. Des soins de fin de vie lui ont été prodigués et il est décédé le 6 juin 2023.

Désaccord entre médecins et pharmaciens

La coroner Dre Renée Roussel a été mandatée pour faire la lumière sur le décès du Pistolois.

Elle estime que le patient décédé aurait dû conserver sa protection gastrique puisqu’il risquait effectivement de subir des complications avec l’aspirine.

Son analyse porte principalement sur la décision des soignants d’arrêter les médicaments protégeant l’estomac.

Les deux pharmaciens d’officine qu’elle a consultés pour comprendre la décision estiment qu’il n’est « pas toujours nécessaire de protéger l’estomac des patients âgés prenant de l’aspirine ».

« Ils ont peut-être raison à propos des personnes de moins de 75 ans vivant en collectivité, mais la majorité des patients vivant en institution ne sont pas à mon avis à risque léger, mais plutôt à risque modéré de sorte que ceux-ci méritent bien souvent une gastro-protection en cas de administration [d’aspirine].»

— Extrait du rapport de la coroner Dre Renée Roussel

Le coroner a également rencontré des médecins de famille, dont certains travaillent dans des institutions. Pour eux, « l’âge avancé semble suffisant » pour justifier l’administration de médicaments pour l’estomac.

«J’ai eu l’impression, à tort ou à raison, que pharmaciens et médecins ne sont peut-être pas dans le même bateau concernant cette question de protection gastrique», précise le Dr Roussel dans son rapport.

Il recommande au Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent, dont relève le CHSLD de Trois-Pistoles, d’outiller les pharmaciens et les médecins en vue d’une « compréhension et application communes » de l’algorithme décisionnel entourant anti-inflammatoires comme l’aspirine.

Niveau de risque

L’aspirine, que de nombreux patients prennent pour prévenir les caillots ou les crises cardiaques, n’est donc pas sans risques de complications.

“L'[aspirine] augmente le risque de saignement grave car c’est un anticoagulant. Prends en[aspirine] chaque jour est susceptible d’augmenter le risque d’hémorragie gastrique », indique l’organisme des maladies du cœur et de l’AVC sur son site Internet.

Mais si cette petite pilule est autant prescrite, c’est parce que pour les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, « les bénéfices l’emportent sur les risques d’hémorragie », précise Cœur et AVC.

Avant de prendre ou d’arrêter tout médicament, consultez votre professionnel de la santé.

 
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