La confiance des Canadiens dans les médias d’information continue de décliner

La confiance des Canadiens dans les médias d’information continue de décliner
La confiance des Canadiens dans les médias d’information continue de décliner

(Montréal) La confiance dans les médias d’information continue de décliner au Canada. Moins de deux Canadiens sur cinq faisaient confiance à l’information journalistique en 2024, selon un rapport publié par le Centre d’études sur les médias.

Philémon La Frenière-Prémont

La Presse Canadienne

Quelque 39 pour cent des Canadiens font confiance à « la plupart des nouvelles », soit une baisse d’un point de pourcentage par rapport à l’année dernière, selon le document.

L’indicateur est en baisse depuis des années. C’est le « problème fondamental » du secteur des médias, selon la directrice du Centre d’études sur les médias, Colette Brin.

Il s’agit du pourcentage le plus bas depuis que les chiffres ont commencé à être compilés en 2016. Cette année-là, 55 % des citoyens interrogés faisaient confiance à la plupart des informations.

Pourtant, 73 % des Canadiens continuent de suivre l’actualité quotidiennement, révèle le sondage.

Le rapport du Centre for Media Studies est la version canadienne du Digital News Report, une enquête internationale menée par l’Institut d’étude du journalisme de Reuters à l’Université d’Oxford qui rassemble des données similaires provenant de 47 pays.

Le Canada se situe sous la moyenne pour la proportion de citoyens qui font confiance à la majorité des informations (40 %), mais reste bien au-dessus des États-Unis (32 %) et de la France (30 %).

A la lumière de ces informations, Mmoi Brin affirme que la confiance dans les médias est un problème mondial. “On ne peut pas dire : ‘C’est la faute des médias locaux’ parce que c’est une tendance générale.”

Chez les francophones, le taux de confiance passe de 49 à 46 %. Il reste bien plus faible chez les anglophones à 37 %, soit la même proportion qu’en 2023.

«Les anglophones sont davantage soucieux de distinguer le vrai du faux dans l’information», explique Roland-Yves Carignan, professeur à l’École des médias en médias numériques et journalisme. A l’inverse, « il y a un collectif plus fort chez les francophones. Les gens font davantage confiance aux informations. »

Indicateurs en baisse

Plusieurs problèmes persistent dans l’environnement médiatique, selon M.moi Brin. La question du financement en est une. L’énorme masse d’informations publiées et partagées, de plus en plus lourdes, en est une autre. « De manière générale, de nombreux indicateurs sont en baisse, et nous constatons que cela continue. »

Roland-Yves Carignan est d’accord. « Les gens se plaignent du fait que la quantité d’informations disponibles devient écrasante », dit-il.

Selon lui, une réduction de la circulation de l’information et une régulation de cette information contribueraient à accroître la confiance de la population dans les médias. Il faut donc « repenser la structure des médias numériques, qui est, j’en conviens, un très vaste programme ».

La télévision demeure le moyen d’information le plus populaire au Canada, avec 38 % des répondants qui suivent les nouvelles de cette façon, soit une baisse de deux points de pourcentage par rapport à 2023.

En 2024, les sites et applications d’information ont été davantage utilisés à des fins d’information que l’année dernière, à hauteur de 30 %, soit une augmentation de trois points de pourcentage.

La lente descente de la télévision en tant qu’outil d’information se poursuit. «On passe de plus en plus d’informations lues à des informations vues», affirme M. Carignan.

Les réseaux sociaux sont la principale source d’accès à l’information en ligne pour 23 % (soit une baisse de quatre points de pourcentage) des répondants, et 16 % des francophones (soit une baisse de 7 points de pourcentage), soit le pourcentage le plus bas depuis 2018.

Le blocage par Meta des nouvelles canadiennes et étrangères sur Facebook et Instagram est en place depuis août 2023 en réponse à l’adoption de la Loi sur les informations en ligne ce qui l’aurait obligé à verser des redevances aux médias canadiens.

Les médias spécialisés ne sont pas concernés par le blocage.

Même si ses effets sont difficiles à identifier, le blocage des Meta news n’aurait pas eu un impact dévastateur. Depuis le début du blocage, les sites d’information constatent une augmentation de leur trafic, indique M.moi Brin. “Mais pas d’une manière qui compense les pertes [financières] qui ont été occasionnés par le blocage ». Les impacts négatifs sont plus forts sur les médias locaux et autochtones, ajoute-t-elle. Ils se font également davantage sentir dans les médias francophones.

Fait intéressant, la proportion de Canadiens qui reçoivent leurs nouvelles sur Instagram a augmenté de 3 points de pourcentage par rapport à 2023 pour atteindre 13 %. À l’inverse, moins de Canadiens s’informent sur Facebook que l’année dernière (25 % en 2024 contre 29 % en 2023).

Est-il inquiétant que tant de Canadiens obtiennent leurs informations sur des plateformes où les sites d’information sont interdits ?

Il est difficile de répondre à cette question, affirme Roland-Yves Carignan, mais une chose est sûre, les informations sur Facebook et Instagram ne sont pas forcément mauvaises. « La définition de l’information par les médias n’est peut-être pas la même que celle du public », dit-il.

Encore faut-il s’assurer qu’il est de qualité, fiable et vérifié, précise-t-il.

Concernant l’intelligence artificielle (IA), 52 % des personnes interrogées se sont déclarées mal à l’aise face aux informations produites principalement par des IA sous supervision humaine. Cependant, seulement 27 % des personnes interrogées ne sont pas à l’aise avec l’idée que l’IA assiste un journaliste humain.

C’est positif selon Colette Brin. « Il y a une valeur accordée [par le public] au travail éditorial humain, c’est encourageant.

Le Centre d’études sur les médias tiendra lundi une table ronde sur les conclusions de son rapport.

L’enquête a été réalisée en ligne par la société YouGov. Au total, 2 014 Canadiens, dont 430 Canadiens francophones, ont été interrogés sur leur consommation et leur perception des médias d’information. Quelque 1 026 participants francophones supplémentaires ont été interrogés dans un échantillon autonome.

 
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