VIDÉO. Nous avons retracé le parcours des colis perdus (et retrouvé leurs propriétaires)

VIDÉO. Nous avons retracé le parcours des colis perdus (et retrouvé leurs propriétaires)
VIDÉO. Nous avons retracé le parcours des colis perdus (et retrouvé leurs propriétaires)

On ne cesse de parler de colis perdus. Ce commerce a explosé depuis la mise en place de la loi Agec, entrée en vigueur en 2022 et qui interdit la destruction de biens non alimentaires. Les stands de colis perdus fleurissent, à tel point qu’il est parfois difficile de faire la différence entre colis perdus et arnaques. Alors, comment fonctionne cette entreprise ? Comment savoir s’il s’agit de véritables colis perdus et, si c’est le cas, quel est leur itinéraire ? Pour le savoir, nous avons acheté des colis perdus sur un stand du salon du Trône en avril dernier à Paris.

Première étape : regarder l’origine des colis. Sur le stand où nous sommes allés, ils viennent tous de Belgique. Tous ont été transportés par le même transporteur, à savoir Colis Privé, et transités par l’entrepôt de Willebroek, situé en région flamande. Contacté par mail, Colis Privé nous a expliqué transporter ces colis pour une entreprise chinoise, Equick. Lorsque ces colis ne trouvent pas leur destinataire pour quelque raison que ce soit, Colis Privé propose alors à Equick de les récupérer. Ce qu’Equick a refusé ici. Incapable de les détruire, Colis Privé se retrouve alors face à plusieurs solutions : les détruire, les revendre ou les donner. Le transporteur a alors “choisi de les confier (…) à Outshow, une société spécialisée dans la récupération et la revalorisation des colis”. Un grossiste de colis perdus, en somme. Ces colis sont remis « gratuitement », affirme Colis Privé, qui ajoute que l’anonymisation de ces colis relève de la responsabilité d’Outshow. Deux choses que réfute Laurent Depardieu, co-fondateur d’Outshow.

Si la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) n’a pas été en mesure de nous fournir des informations sur l’obligation ou non d’anonymiser ces colis au regard de la loi, “cette condition est clairement indiquée dans les contrats entre transporteurs”. et les grossistes », nous raconte Laurent Depardieu. Dimitri de Bournonville, avocat spécialisé dans les questions de transport, confirme que la responsabilité incombe ici, à l’entreprise de livraison.

De la Chine… aux Yvelines

« Les colis que nous traitons viennent de toute l’Europe », nous explique-t-il, alors qu’un camion venu tout droit de Pologne s’apprête à livrer deux remorques pleines de colis perdus. Pas étonnant donc que nos colis dénichés au salon du Trône proviennent de Belgique. Dans cette caverne d’Ali Baba remplie de montagnes de colis, certains arborent des étiquettes lituaniennes, d’autres italiennes, allemandes… « Imaginons que vous ayez commandé un produit dans un pays lointain et que vous n’êtes pas chez vous, poursuit l’entrepreneur en déchargeant une palette pleine de Produits Amazon. Une fois en Europe, cela coûterait trop cher de le renvoyer dans le pays de départ, c’est simplement une question de coût.»

Quant à l’anonymisation de ces colis, certains transporteurs « rayent les noms au stylo, c’est super long », poursuit le cofondateur d’Outshow, qui revendique une « part de responsabilité, même s’il « reçoit régulièrement la DGCCRF » et “Je n’ai jamais eu de procès depuis sept ans”. Mais dans ce flot gargantuesque de commandes d’orphelins, certains échappent à l’anonymat.

Pour preuve, nous avons pu retrouver deux propriétaires de nos colis achetés au salon du Trône. Alize et Vanessa, vivant respectivement dans la banlieue d’Anvers et de Bruxelles. Ils n’ont jamais eu d’explication sur la non-livraison de leur commande. « J’étais un peu méfiant lorsque vous m’avez contacté ! », avoue Vanessa. « Je n’étais pas très content de voir qu’un inconnu pouvait retrouver mon nom et mon adresse en achetant un simple colis perdu. «C’est une violation de la vie privée», soupire-t-elle, même si elle n’est pas mécontente de récupérer enfin sa commande. Acheté sur le site Temu et après avoir parcouru plusieurs continents, son colis, qui contient des bracelets de bras, atterrit une nouvelle fois en Belgique. Un parcours d’autant plus absurde que ce paquet aurait, avant 2022, tout simplement fini à la poubelle.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Un dernier hommage à la messagerie ICQ avant sa mort
NEXT Les bactéries et la météo font grimper le prix du jus d’orange – rts.ch