La détérioration du métro affecte de plus en plus son efficacité. En 10 ans, le nombre d’interruptions de service en raison de pannes d’équipements a plus que doublé, selon la Société de transport de Montréal (STM). Il devra encore réduire ses dépenses cette année pour équilibrer son budget.
Publié à 15h35
Mis à jour à 16h00
«Quand on a des infrastructures mal entretenues, on n’est plus en mesure de remplir notre mission», a résumé la directrice générale du transporteur, Marie-Claude Léonard, en conférence de presse jeudi.
Elle a présenté le budget 2025 de son groupe, le premier en équilibre et sans déficit depuis le début de la pandémie en raison de l’augmentation de la taxe d’immatriculation des véhicules (TIV).
Soulignons d’emblée que la proportion d’interruptions de service dues à des pannes d’équipements a explosé de 133 % au cours des 10 dernières années. Alors qu’il y en avait un peu plus de 60 en 2013, ce chiffre était de 154 en 2023. Plus récemment, les signalements d’actifs dans un état critique ont également triplé entre 2018 et 2022.
Sans réinvestissement, des épisodes comme la fermeture de la ligne verte en avril 2023 ou celle de la station Saint-Michel sur la ligne bleue pendant un mois se produiront plus souvent. « Notre réseau est ancien et a besoin d’investissements. Et cela doit arriver bientôt », déclare le président de CA, Eric Alan Caldwell.
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Le maintien des actifs accapare une part importante des grands projets de la STM pour la prochaine décennie, avec 10,7 milliards d’investissements requis jusqu’en 2034. De ce nombre, cependant, « seulement 800 millions sont prévus au Plan québécois des infrastructures ». [PQI] », soit à peine 7,5 % du montant, ce que déplore activement l’entreprise.
M. Caldwell demande à Québec un investissement annuel récurrent de 560 millions « pour assurer la pérennité de notre métro » et ainsi combler progressivement le déficit de maintien des actifs, estimé à 6 milliards. “Nous en faisons actuellement 330 millions”, a-t-il déclaré pour illustrer l’ampleur du défi.
78 postes en moins
Pour équilibrer son budget estimé à 1,8 milliard de dollars au total, soit une légère augmentation de 0,2 % par rapport à 2024, la STM devra réduire encore une fois ses dépenses récurrentes en 2025, cette fois de 16 millions de dollars.
Les réductions concerneront les biens et services, mais passeront principalement par la suppression de 78 postes. Mais c’est bien moins que les 86 millions supprimés cette année, les réductions de 52 millions en 2023 et de 27 millions en 2022.
Cette nouvelle réduction des dépenses permettra de maintenir le niveau de service quasiment intact, bien qu’en légère baisse. Dans le métro, nous desservirons l’équivalent de 85,8 millions de kilomètres commerciaux, soit 300 000 de moins qu’en 2024.
Pour les autobus, ce sera 65,8 millions de kilomètres, une réduction de plus d’un demi-million qui s’explique par un nombre moindre de mesures d’atténuation mises en place autour des futures antennes de l’Anse-à-l. ‘Orme et Deux-Montagnes du REM.
L’opposition officielle à la mairie de Montréal s’inquiète toutefois d’une réduction drastique du nombre d’autobus. « La STM perd le contrôle de sa gestion. […] La qualité du service, tant pour le métro que pour les bus, se dégrade. Et la situation des infrastructures est bien pire que ce que nous craignions», a réagi la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black.
Des trains vieillissants
Le projet de remplacement des anciens trains MR-73, dont la fiabilité est 14 fois inférieure à celle des trains AZUR, bénéficie d’un budget de 3,5 milliards de dollars. Il ne s’agit toutefois que d’un coût de démarrage, car ce vaste projet risque de prendre plus d’une décennie.
On ajoute à tout cela le prolongement de la ligne bleue du métro jusqu’à Anjou, qui coûtera au moins 7,6 milliards, ce qui constitue un surcoût marqué par rapport à l’estimation précédente, qui était de 6,4 milliards. Sa livraison n’interviendra pas avant 2031, révélé La presse juillet dernier.
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Une somme de plus d’un milliard est enfin prévue pour rendre davantage de stations de métro universellement accessibles, dotées d’un ascenseur. La STM poursuit l’objectif d’atteindre 41 stations universellement accessibles d’ici 2030; il y en a actuellement 27, mais cinq projets sont déjà en cours.
Un peu plus de 316 millions de déplacements ont été enregistrés sur le réseau de transport en commun de Montréal en 2024. L’année prochaine, selon ses projections basées sur l’emploi et la densité de la métropole, l’entreprise prévoit faire augmenter ce chiffre à 329 millions, ce qui représenterait soit une augmentation de près de 4%. « On voit que les gens reviennent progressivement à leurs habitudes habituelles. […] Nous pensons qu’au cours des prochaines années, cela va se stabiliser”, a déclaré M.moi Léonard.