Panier d’épicerie | Le dilemme de la fraise

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Panier d’épicerie | Le dilemme de la fraise

Alors que les fraises californiennes inondent le marché, les consommateurs sont confrontés à un choix difficile entre les fraises importées, moins chères mais moins savoureuses, et les fraises locales, plus chères mais connues pour leur goût supérieur.


Publié à 00h51

Mis à jour à 6h30

Cette situation complique la vie des producteurs locaux, soulève des questions éthiques quant à l’intégration de la génétique californienne dans l’agriculture québécoise et met en lumière les dynamiques complexes du commerce mondial et de la production locale.

Avec le réveil de la Californie qui inonde le marché, les consommateurs se retrouvent face à un choix difficile et la situation va compliquer la vie de nos producteurs agricoles cet été. Alors que la saison des fraises débute, l’arrivée de l’été amène ses étals regorgeant des richesses de nos terroirs, offrant aux consommateurs une variété de produits frais pour les mois à venir.

Les prix deviendront avantageux pour nous tous, certes, mais cela représente une moins bonne nouvelle pour nos maraîchers.

La Californie, après s’être remise d’une grave sécheresse qui a duré plusieurs années, a connu une augmentation importante de la disponibilité de l’eau. En conséquence, la production de nombreux aliments a augmenté, notamment les délicieuses fraises.

Comme Nathaëlle Morissette l’a rapporté la semaine dernière, les données de l’USDA révèlent que la Californie a exporté plus de 60 millions de livres de fraises hors des États-Unis.1 au cours des dernières semaines, et d’autres produits comme le chou-fleur, le brocoli, les oignons, les pêches et la laitue pourraient suivre la même tendance cet été.

PHOTO NATHAN WEYLAND, ARCHIVES DU NEW YORK TIMES

Champ de fraises dans la vallée de Pajaro, Californie

La fin de la sécheresse en Californie a provoqué une renaissance du « jardin nord-américain », entraînant une surabondance de produits. En conséquence, les prix baissent dans le Golden State. Pour maintenir leur rentabilité, les agriculteurs californiens ont exporté autant que possible des fraises à bas prix, faisant du Canada un marché clé.

Si le dollar canadien maintient un taux de change favorable par rapport au billet vert américain, malgré la récente réduction des taux d’intérêt de la Banque du Canada, les Canadiens devraient bénéficier de produits importés abordables à court terme.

Problèmes locaux

Cependant, l’afflux de fraises venant d’ailleurs perturbe notre propre saison des fraises, période normalement lucrative pour les agriculteurs d’ici. Actuellement, les fraises locales se vendent plus cher, parfois 50 %, voire plus, surtout en début de saison. Avec l’inflation que nous connaissons, il devient difficile de désapprouver le fait que les consommateurs optent pour une sélection de produits moins chers.

Le dilemme des produits locaux reste toujours navrant : choisir entre les fraises importées, plus abordables mais moins savoureuses et moins fraîches, ou les fraises locales, plus chères mais réputées pour leur goût et leur fraîcheur supérieurs !

Ce sont des produits fondamentalement différents ; les baies importées sont cultivées pour résister au transport sur de longues distances et mûrissent en route vers le Canada, tandis que les baies locales mûries par les plantes offrent la saveur des fruits fraîchement cueillis.

Mais lorsqu’on compare les prix ailleurs dans le pays, on constate l’inégalité des prix des produits locaux. Dans certaines régions, comme l’Ontario, les fraises locales ont des prix compétitifs en raison de l’ampleur du marché. Une livre de fraises peut facilement être trouvée à 2,99 $.

Cependant, pour des régions comme le Québec ou même les Maritimes, dans les régions où les fraises locales se vendent plus cher, la patience reste la clé. Attendre une semaine ou plus après le début de la récolte locale peut entraîner une baisse des prix, permettant ainsi aux consommateurs de profiter des produits locaux sans trop grever leur budget.

Mais le dilemme des produits locaux ne s’arrête pas là. Driscoll’s, basé en Californie, est l’un des plus grands producteurs de légumes au monde et s’est associé à des agriculteurs du Québec et de la Colombie-Britannique pour cultiver des fraises cultivées en Californie.

Bien que la science du développement des caractéristiques des plantes reste coûteuse, ce partenariat vise à produire des fraises de haute qualité plus près de chez nous, en améliorant l’efficacité logistique et en s’adaptant au changement climatique. Le commerce agricole comprend désormais l’échange de propriété intellectuelle et de génétique végétale, qui peut aider les agriculteurs à gérer des conditions météorologiques imprévisibles.

Bonne idée, peut-être, mais une fraise développée en Californie peut-elle vraiment devenir une fraise québécoise, même si elle est produite ici ? Est-ce éthiquement tolérable ?

L’intégration de la génétique développée en Californie dans l’agriculture canadienne soulève des inquiétudes quant à la préservation du goût unique et de la fraîcheur des fraises locales. L’ampleur de la production de petits fruits en Californie pourrait conduire à sa domination du marché, ce qui risquerait de diminuer le caractère unique des fraises locales du Canada.

Les consommateurs veulent bien sûr de la variété, de la qualité et des produits locaux. Pourtant, le concept de « local » est influencé par des facteurs mondiaux, le changement climatique, la recherche, etc. L’intersection de la production locale et du commerce mondial met en évidence la dynamique complexe qui façonne aujourd’hui notre système alimentaire.

1. Lire « Fraises du Québec mal gérées »

 
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