«Il va falloir faire nos preuves», affirme Geneviève Biron, directrice générale de Santé Québec

«Il va falloir faire nos preuves», affirme Geneviève Biron, directrice générale de Santé Québec
«Il va falloir faire nos preuves», affirme Geneviève Biron, directrice générale de Santé Québec

Nommée il y a six mois par le ministre Christian Dubé à la tête de Santé Québec, Geneviève Biron estime qu’il y a une « confusion » dans le réseau de la santé de la province. Elle espère y établir « une bonne ligne de commandement ».

En entretien à Informations midiMercredi, la grande patronne de Santé Québec a livré ses impressions après une tournée de six mois dans les différents établissements de santé, désormais regroupés dans cette nouvelle entreprise d’État.

D’abord, elle a vu que dans ce réseau les gens sont sous pression, les besoins sont nombreux et le volume augmentea-t-elle expliqué au micro d’Alec Castonguay.

Ensuite, celle qui vient du privé a pu constater qu’il y a beaucoup de capitaines sur la glace.

L’ancien PDG de Biron Groupe Santé (une entreprise familiale) dit avoir été vraiment marqué par la multiplicité lignes directrices et objectifs provenant de différentes sources dans ce réseau destiné à soigner plus de neuf millions de Québécois.

Pour moi, une bonne organisation qui fonctionne bien doit avoir une bonne ligne de commandement.

Une citation de Geneviève Biron, présidente-directrice générale de Santé Québec

Mme Biron est convaincue que le conseil d’administration de Santé Québec jouera, dès le 1er décembre, son rôle d’opérateur du réseau de la santé, afin que nous puissions travailler avec l’ensemble des PDG [du réseau] pour que les choses fonctionnent mieux.

Il y a de confusion dans le système, observe Geneviève Biron. Elle cite comme exemple qu’il suffit parfois qu’un sujet soit discuté en réunion pour un PDG reçoit alors une lettre lui demandant de développer telle ou telle chose. De sorte que LE PDG je ne sais plus vers qui me tournerdit-elle.

Nous ne pouvons pas demander aux PDG d’être responsables et de bien gérer leur organisation si nous n’avons pas vraiment une idée claire de la direction vers laquelle nous allons et de la manière dont nous voulons fonctionner.

Une citation de Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

Un déficit anticipé de 1 milliard de dollars

Radio-Canada révélait, début octobre, qu’un déficit d’un milliard de dollars était attendu dans les caisses des établissements publics de santé en 2023-2024. Pour éviter cet écueil, PDG de ces établissements avaient pour message de réduire au maximum leurs dépenses.

À ce sujet, mercredi, Mme Biron a déclaré que les gestionnaires doivent bien faire leur travail, notamment sur le plan financier. Santé Québec n’appliquera pas nécessairement une solution mur à mura-t-elle précisé, et travaille déjà à établir avec les managers un plan d’action local. Ils ont déjà déterminé eux-mêmes plusieurs actions qui sont différentes selon les régions et les situations, a-t-elle déclaré.

La santé doit apporter sa contribution à la bonne gestion financière de l’État.

Une citation de Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

Le 29 avril dernier, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a annoncé la nomination de Geneviève Biron à la tête de Santé Québec et de Frédéric Abergel à titre de chef des opérations. (Photo d’archives)

Photo : La Presse Canadienne / Jacques Boissinot

Le gouvernement de François Legault promet que, d’ici 2026, tout le monde pourra avoir accès à un professionnel de la santé au Québec. Accès: c’est là que réside le problème, et particulièrement en première ligne, a reconnu Mme Biron mercredi. C’est tellement triste car c’est important d’avoir un professionnel qui puisse nous voir quand on en a besoin [de soins] santé et avoir le bon professionnel.

Elle se dit encouragée par l’adoption récente du projet de loi 67 sur l’accès aux soins de santé primaires. Les psychologues, physiothérapeutes et pharmaciens, pour ne nommer que ceux-là, verront leur champ de pratique élargi.

Mais ce ne sera pas une panacée. Il faudra aussi libérer des plages horaires de courte durée dans les groupes de médecine familiale (GMF), a déclaré Mme Biron, reprenant en quelque sorte les propos du ministre Dubé qui s’était engagé, d’ici 2026, à confier aux GMF la responsabilité de prendre soin des patients. dont les médecins prennent leur retraite.

Concernant le recours au système de santé privé, Christian Dubé y voit un complément au système public. Un point de vue partagé par Geneviève Biron : c’est un mauvais jeu de mots, mais on ne peut pas se priver d’intimitédit-elle, se disant néanmoins déterminée développer un réseau public fort.

Déterminer et prioriser les bonnes pratiques du réseau

Fondement de la réforme du ministre Christian Dubé, Santé Québec a pour mission de coordonner le fonctionnement quotidien du réseau, laissant au ministère de la Santé le soin d’en définir les grandes orientations. C’est une occasion en or de faire les choses différemmentdéclarait Frédéric Abergel, vice-président opérations et transformation chez Santé Québec, fin octobre.

Les attentes de la population québécoise sont grandes, et celles de Geneviève Biron aussi : Je pense que nous réalisons tous que nous devons faire les choses différemmentdit-elle.

Nous nous donnons la chance de pouvoir mutualiser nos manières de faire, de pouvoir utiliser un levier que nous n’avions pas par le passé.

Une citation de Geneviève Biron, CEO of Santé Québec

Les établissements ont pris l’habitude de travailler de manière indépendante, décrit-elle, et sont un peu compétitif car ils sont en concurrence pour les mêmes ressources financières et font appel au même pool de personnel. Un vivier insuffisant, compte tenu de la pénurie de main d’œuvre.

Mme Biron estime qu’il est nécessaire donner une chance à cette nouvelle réalité qui prendra forme le 1er décembre.

Je ne dis pas qu’il faut nous faire confiance aveuglément, il va falloir faire nos preuveselle admet.

 
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