La transition sera payante pour vous

La transition sera payante pour vous
La transition sera payante pour vous

Les coûts de la transition énergétique sont effrayants.


Publié à 02h29

Mis à jour à 6h00

Les Québécois voient Hydro-Québec prévoir des investissements qui pourraient atteindre 175 milliards – quand même ! – en se disant qu’ils vont finir par avoir une grosse facture.

« Qui va payer pour ça ? Etes-vous les entreprises ? Etes-vous les entreprises ? Êtes-vous résidentiel? Êtes-vous le gouvernement ? Êtes-vous Hydro-Québec? », s’interrogeait jeudi dernier à haute voix le ministre Pierre Fitzgibbon en dévoilant sa facture énergétique.

Le ministre a même annoncé la création d’un fonds spécial pour aider les particuliers à absorber les hausses des tarifs d’électricité.

On a l’impression qu’une déclaration d’Hydro-Québec est attachée à une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. Et on se demande quand et sur qui cela va tomber.

Mais serrez les dents et respirez par le nez, citoyens. Car j’ai une nouvelle pour vous aussi surprenante que réjouissante : loin de vous ruiner, la transition énergétique va vous mettre de l’argent dans les poches.

Ce n’est pas moi qui le dit, mais le Conseil canadien de l’électricité dans un rapport fort sur l’avenir de l’électricité au Canada dévoilé lundi1.

Quoi ? Des investissements historiques dans les infrastructures électriques nous permettraient-ils d’économiser de l’argent ? Vous n’êtes pas le seul à froncer les sourcils. Les chercheurs qui ont eux-mêmes réalisé l’analyse se sont demandé un instant s’ils n’avaient pas appuyé sur le mauvais bouton de leur calculatrice.

«C’est très contre-intuitif», admet Philippe Dunsky, analyste énergétique et président du Conseil canadien de l’électricité. Mais malgré beaucoup de scepticisme initial au sein du Conseil, nous sommes parvenus à la conclusion que la transition peut être très bénéfique pour les consommateurs. »

Comment est-ce possible ? Suis-moi.

La transition énergétique aura quatre effets sur votre portefeuille.

1) Cela fera monter les tarifs de l’électricité, car les nouveaux projets produisent de l’électricité à un coût plus élevé que les plus anciens.

2) Cela vous amènera à acheter du matériel coûteux – voiture électrique, pompe à chaleur.

3) Cela réduira votre consommation d’énergies fossiles (gaz pour le chauffage, essence pour la voiture).

4) Cela vous fera consommer globalement moins d’énergie, car l’électricité est deux à quatre fois plus efficace que l’énergie qu’elle remplace.

Vous comprendrez que les deux premiers points augmentent vos factures, tandis que les deux autres les réduisent.

En mélangeant tout cela dans des outils de modélisation, les experts calculent que 70 % des Canadiens épargneront plus que ce qu’ils paient en plus d’ici 2050. Économie moyenne pour un ménage : 1 500 $ par année. C’est plus qu’une poignée de changements.

Philippe Dunsky me confirme que le chiffre québécois est très proche de celui de la moyenne canadienne. Seules l’Alberta et la Saskatchewan, deux provinces pétrolières où les tarifs de l’électricité sont très élevés, ont plus à perdre qu’à gagner dans la transition énergétique.

Mieux : si de gros efforts d’efficacité énergétique sont faits, les économies pourraient même être plus importantes.

«En termes de communication, c’est le plus gros défi que nous avons au Québec», estime M. Dunsky. Tout le monde pense : tarifs = coûts. Sauf que lorsqu’on consomme moins de quelque chose de plus cher, la facture peut diminuer. »

Il y a encore un inconvénient à cette affaire. Dans tout le pays, les ménages à faibles revenus bénéficieront moins de la transition énergétique. Cela s’explique principalement par le fait que moins de personnes possèdent une voiture et ne bénéficieront donc pas autant des économies sur l’essence.

L’analyse du Conseil canadien de l’électricité contredit-elle le fait que Pierre Fitzgibbon a annoncé jeudi dernier un fonds pour aider les particuliers à faire face aux hausses tarifaires ?

Je n’y crois pas. La modélisation du Conseil canadien de l’électricité est réalisée sur le long terme et il peut y avoir des chocs de prix à absorber entre-temps.

Mais disons que cette analyse apporte un éclairage vraiment intéressant. On peut se demander par exemple si ce fonds d’aide doit bénéficier à tout le monde ou seulement aux ménages les plus vulnérables.

Le débat sur les prix de l’électricité dans le contexte de la transition énergétique ne fait que commencer, mais il démarre sur des bases étranges. Le premier ministre François Legault a déjà décidé de plafonner la hausse des tarifs d’électricité résidentiels à 3 % pour tous jusqu’en 2026.

Le problème est que cette décision est politique plutôt que issue d’une analyse. Et cela protège les plus gros consommateurs, soit ceux qui chauffent leur spa et leur garage triple en hiver.

Le ministre Fitzgibbon a certes ouvert la porte à une modulation des prix, mais on a fini par apprendre que celle-ci resterait volontaire, du moins dans un premier temps. Pour serrer la vis aux gaspilleurs, on a déjà vu des solutions plus convaincantes.

Pourtant, ce qui doit guider nos choix est clair : il faut décourager la surconsommation tout en protégeant les ménages vulnérables. Savoir qu’une majorité de Québécois, y compris les plus riches, s’enrichiront à long terme avec la transition énergétique change complètement la donne.

Aucun doute : des discussions intéressantes sur les prix de l’énergie nous attendent !

1. Lisez le rapport du Conseil canadien de l’électricité

Qu’en penses-tu ? Participer au dialogue

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Un Boeing 767 tangue dangereusement sur la piste après son atterrissage à l’aéroport de Zurich
NEXT Saudi Telecom envisage une offre sur United Group, selon des sources