L’effet magique de l’agent Orange

L’effet magique de l’agent Orange
L’effet magique de l’agent Orange

Autant vous dire que la semaine dernière a été marquée par l’élection américaine et un peu par la FED. Tous les records sont pratiquement tombés la semaine dernière et on fête encore l’avènement de l’extraordinaire Donald Trump en faisant encore exploser les cryptos ce week-end. Nous semblons ne jamais être satisfaits de cette nouvelle présidence qui s’offre à nous. Comme si Trump allait résoudre tous les problèmes sans en créer de nouveaux, sans creuser le déficit et sans augmenter la dette. Quoi qu’il en soit, pour le moment nous sommes en état de grâce et à moins de tout miser sur les énergies alternatives la semaine dernière, tout semble bien se passer.

Audio du 11 novembre 2024


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Une semaine presque normale

La semaine qui commence ce matin est donc une semaine presque normale. Pas d’élections et pas de FED, c’est bientôt les vacances. Nous allons cependant commencer par une journée de vacances, puisque ce lundi matin c’est le Veterans Day aux USA. Les bourses seront ouvertes, mais le marché obligataire sera fermé. Il ne faut donc pas s’attendre à des volumes fous de la part de nos amis américains. Cependant, l’Europe sera ouverte normalement et c’est tant mieux car il y aura du travail pour rattraper le temps perdu, puisqu’il faudra quand même rappeler que les marchés européens n’ont pas connu la même ambiance que leurs homologues américains. L’écart est même stupéfiant, puisqu’en comparant les performances du S&P500 et de l’Eurostoxx, l’écart sur une semaine est de près de 7% de performance.

Il faudra quand même rappeler que le S&P500 a gagné +4,6% sur la semaine, +25,7% depuis le début de l’année et 46% en 1 an et une semaine pour être précis. 46% en 53 semaines constitue sûrement un record quelque part, en tout cas cela donne l’impression que pendant la bulle de l’an 2000 nous étions « presque » raisonnables. On retiendra également que sur ces mêmes 53 semaines, le Nasdaq est en hausse de 50% et que son PER moyen est désormais de 46,85. Alors 46,85 ne vous dit peut-être rien, mais sachez quand même que pendant la bulle Internet, nous avons atteint 38,6 et en 2007, lorsque nous avons réalisé que le prix de l’immobilier américain ne pouvait pas monter au paradis et que soutenir des prêts pourris aux maisons qui n’existent pas ne peuvent pas fonctionner éternellement, ce même PER moyen du Nasdaq était de 34,2.

La potion miracle de Trump

Quoi qu’il en soit, les marchés semblent convaincus que dès que Trump sera au pouvoir, nous reviendrons au monde de l’argent facile, que les taux reviendront à zéro, que les impôts baisseront de 30 % et que les taxes douanières frapperont l’économie et donc – au complet – créer des millions d’emplois – sans compter qu’avec tous les immigrés illégaux qui rentreront chez eux d’ici la première charte, nous semblons croire que cela créera également des millions d’emplois en plus des millions créés grâce à la revitalisation de l’économie. Si c’est le cas, dans huit mois, il faudra faire revenir les immigrés en question parce qu’il n’y aura plus assez de main d’œuvre, il y aura tellement de travail.

Bref, pour être franc avec vous, je pense qu’il ne nous faudrait pas beaucoup de temps ni de réflexion pour trouver suffisamment d’arguments pour remettre en question ce « bull run » complètement délirant dans lequel nous sommes, mais cela ne servirait à rien. puisque lorsque l’euphorie est là, on n’arrive jamais à déterminer quand la musique va s’arrêter. Cependant, on peut largement essayer de devenir rationnel et de se poser les bonnes questions, il suffit de regarder les « SORTIES » de ces dernières semaines. Si l’on en croit les statistiques récentes, 5 milliards de dollars ont été retirés des fonds technologiques depuis début octobre – soit deux fois plus qu’au début du marché baissier en 2022 – et pourtant, au même moment, le S&P500 a atteint 6 000 pour le premier trimestre. première fois vendredi dernier. Alors, comment le marché peut-il croître sans technologie ?

Élargir la zone d’investissement

Selon les mêmes données qui démontrent la vague de ventes dans le secteur technologique, on apprend que depuis l’élection de Trump, l’ETF S&P Regional Banking (KRE) a enregistré une entrée de 1,3 milliard de dollars, la plus importante jamais enregistrée. . L’ETF du secteur financier (le XLF), a annoncé une collecte de 1,6 milliard de dollars, la plus importante depuis 2016. Outre l’ETF mid-small-caps, l’IWM a connu mercredi dernier une rentrée MASSIVE de 3,9 milliards de dollars. Il s’agit du plus grand afflux depuis 17 ans.

Au total, environ 18 milliards de dollars ont été ajoutés aux ETF après l’élection de Donald Trump, soit environ 16 fois plus que la moyenne quotidienne depuis le début de l’année si l’on en croit les chiffres de Bloomberg. Il faut donc rappeler que pour la première fois cette année, le S&P et le reste des indices ont été poussés à la hausse sans l’aide des valeurs technologiques. Reste donc à savoir combien de temps ce rallye élargi pourra durer, en comptant sur les financières et les moyennes petites capitalisations. Nous ne pouvons qu’espérer que l’effet magique du nouveau et de l’ancien Président continuera à agir pendant longtemps, car si l’on prend en compte le fait de la montée verticale de ces derniers jours, au moindre doute le réveil pourrait s’avérer difficile.

Le début de la semaine en Asie

Pour commencer cette semaine on va donc démarrer doucement puisque les volumes américains ne seront pas au rendez-vous, mais on va déjà commencer à parler d’un autre sujet : la relance chinoise. Les investisseurs ont été largement déçus par l’annonce faite par le gouvernement chinois d’un programme de « swap » de dette d’environ 1 400 milliards de dollars, afin d’améliorer les finances des gouvernements locaux. Le problème reste l’absence de mesures de relance budgétaire directes et de mesures ciblées visant à améliorer le marché immobilier et la consommation personnelle. Cela a laissé les investisseurs sur leur faim, d’autant plus que les données publiées ce week-end ont montré que la déflation chinoise s’est poursuivie jusqu’en octobre. Ce matin le Nikkei est donc en légère baisse, la Chine inchangée après une ouverture en baisse et Hong Kong en baisse de 1,9% pour exprimer une nouvelle fois la déception d’une relance insuffisante pour le consommateur.

Dans le sillage de cette « mauvaise nouvelle », le baril de pétrole est retombé sous les 70 dollars, puisqu’il ne sait plus s’il doit se réjouir de voir venir l’explosion économique promise par Trump, ou s’il doit s’inquiéter du fait que le le même Trump va forer comme un fou pour faire baisser les prix de l’énergie, ou : avoir peur du fait que la Chine ne redémarrera pas aussi fort que prévu avec le stimulus insuffisant qui fait crier tout le monde. Pour l’instant, le baril est à 69,96$, l’or à 2 676$ et le Bitcoin s’envole vers les 100 000$, puisque ce matin, la crypto est en plein délire. Bitcoin a dépassé les 81 000 $ et le Doge Coin d’Elon Musk est à nouveau en hausse de 25 %.

La nouvelle, quelle nouvelle ?

Quant à l’actualité d’aujourd’hui, elle est très calme. Il faut dire que nous sommes plus préoccupés par la victoire de Trump et la plupart des médias financiers américains ont passé leur long week-end à concocter une liste de ce que Trump « devrait faire » pour réussir sa présidence, d’un point de vue purement économique. Pour le moment, nous ne sommes pas vraiment convaincus que ces écrits puissent l’intéresser, mais au moins nous nous accordons un peu d’importance. Sinon on notera aussi que tout le monde est convaincu d’une chose : Powell doit rester jusqu’à la fin de son mandat. Ce qui devrait effectivement arriver, puisque le renvoyer serait plus ou moins illégal. Rappelons également que le patron de la FED de Minneapolis, Neil Kashkari, estime que les projets de violente augmentation des tarifs douaniers prévus par Trump pourraient faire revenir l’inflation. Il y a aussi Musk qui a officiellement atteint une fortune personnelle de 300 milliards de dollars à la suite de l’explosion de Tesla qui a gagné 30% depuis l’élection et qui aura coûté 5 milliards de dollars aux hedge funds qui continuent de rester « short » sur la valeur.

Et puis, pendant que les Américains peinent à contrôler leur euphorie, l’Allemagne continue de sombrer dans la dépression. Le chancelier allemand Olaf Scholz a même proposé d’avancer le « vote de confiance » avant la fin de l’année. Ce qui laisse penser que l’Allemagne connaîtra de nouvelles élections alors que l’économie s’effondre. Les chiffres de l’IPC attendus demain devraient le confirmer. Par ailleurs, en parlant d’inflation, il faut aussi rappeler que pour reprendre une vie normale après Donald Trump, nous aurons également l’IPC américain qui sera publié mercredi, tandis que le PPI le sera jeudi.

Pour l’instant, les futures américains s’affichent en hausse de 0,2%, s’établissant immédiatement au-dessus des 6 000 points et je vous retrouverai demain pour faire le point sur cette première séance de la semaine qui devrait briller par son absence de volume, tout en faisant le plein de joie car Trump est toujours un bon gars. Eh bien, pendant une semaine.

A demain, si tu veux !

Thomas Veillet
Investir.ch

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