Vontobel investira davantage sur les marchés privés

Vontobel investira davantage sur les marchés privés
Vontobel investira davantage sur les marchés privés

Après les infrastructures via Ancala, le groupe va se lancer dans l’endettement privé via des «asset-backed finance». Christel Rendu de Lint, co-CEO, revient sur les tendances en matière de gestion d’actifs.

Le groupe Vontobel a tenu jeudi sa journée des investisseurs et vendredi une conférence de presse à Genève. Au bout du lac, Christel Rendu de Lint, co-CEO, a présenté sa stratégie, celle d’une société d’investissement au service des investisseurs privés et institutionnels (actuellement ratio 50/50). Une grande partie de ses revenus sont récurrents (85%) et sa dépendance aux taux d’intérêt (9% au premier semestre) est bien inférieure à celle de la concurrence (30% en moyenne). Les clients du groupe font en effet appel aux compétences d’investissement et non au bilan de ce groupe qui compte 80 spécialistes entre Genève et Lausanne et qui gère au total 228 milliards de francs à fin septembre. Christel Rendu de Lint, co-CEO du groupe Vontobel, répond aux questions d’Allnews :

Vous avez décidé d’investir sur les marchés privés il y a deux ans. A quel stade de votre déploiement dans ce domaine en êtes-vous ? Où se situent vos compétences ici ?

Nos compétences résident dans l’investissement en infrastructures depuis que nous avons pris une participation dans Ancala, acteur spécialisé dans les « infrastructures mid-market » (4 milliards sous gestion). Les compétences en infrastructures sont particulièrement intéressantes car ce segment est très diversifié. En effet, le secteur des infrastructures est généralement moins corrélé au cycle économique, les infrastructures, et notamment celles sélectionnées par Ancala, étant nécessaires indépendamment des conditions économiques. C’est un modèle très résistant. Les flux de trésorerie sont généralement liés à l’inflation. Enfin, Ancala elle-même a une approche basée sur le levier opérationnel plutôt que sur le levier financier. En effet, il nous a semblé important de prioriser l’amélioration des actifs sous-jacents d’un investissement.

“Dans la gestion d’actifs, les yeux des investisseurs se sont tournés vers les obligations.”

Ce sont nos compétences uniques à ce stade. Nous allons également nous développer, grâce à notre boutique TwentyFour Asset Management, dans la « finance adossée à des actifs » (ndlr : obligations émises par les banques, « garanties » par un pool diversifié de prêts aux caractéristiques similaires). Nous chercherons à compléter ces compétences à mesure que des opportunités se présenteront.

Le private equity et la dette privée ne sont donc pas encore dans votre portefeuille, mais sont-ils destinés à y être dans le futur ?

Concrètement, nous allons entrer dans la dette privée avec des « financements adossés à des actifs ». Cependant, nous n’avons pas encore de plan concret en matière de private equity. Les marchés privés nous semblent intéressants de par la diversification qu’ils offrent.

De nombreuses rencontres investisseurs sont consacrées à ce thème cet automne. Pourquoi les clients viendraient-ils chez Vontobel ?

Nous offrirons à nos clients les compétences d’Ancala, qui est fortement axée sur le marché intermédiaire dans le domaine des infrastructures. Cette dernière est ici capable de générer des transactions sur une base bilatérale, d’avoir une forte valeur ajoutée dans la gestion de l’actif sous-jacent, notamment parce qu’elle travaille avec des partenaires industriels dédiés et notamment d’anciens dirigeants ou présidents d’entreprises industrielles. Nous démontrons notre savoir-faire à travers nos résultats. Ancala vient de clôturer son troisième fonds et a dépassé ses propres attentes dans un marché de levée de fonds pourtant compliqué.

En gestion d’actifs, vous avez une collecte globale positive de 2,6 milliards au bout de 9 mois, et négative de seulement 0,5 milliard en institutionnel. Quelle est la raison de cette amélioration institutionnelle ?

Dans la gestion d’actifs, les regards des investisseurs se sont tournés vers les obligations. Les flux sont dans un premier temps retournés vers des instruments à taux fixe. Nous faisons partie de la tendance du marché. Les sorties de fonds concernent les valeurs gérées « activement », les marchés émergents (toutes classes confondues), la gestion « multi-actifs » – domaine dans lequel nous n’enregistrons aucune sortie.

« Les marchés privés nous semblent intéressants en raison de la diversification qu’ils offrent. »

Que représente la boutique TwentyFour AM dans votre groupe, qui bénéficie d’un très bon classement de ses fonds en termes de performance ?

TwentyFour AM gère un peu plus de 20 milliards de francs d’actifs. En combinaison avec la boutique obligataire, nous atteignons un peu plus de 40 milliards d’actifs sous gestion dans la classe d’actifs obligataires.

La plupart des analystes ont résumé les conséquences financières de l’élection présidentielle américaine en prédisant que Donald Trump serait bon pour les actions et Kamala Harris pour les obligations. Les actions surperformeront-elles à moyen terme ?

C’est une vision excessivement réductrice de la situation. Nous attendrons les décisions qui seront prises et les mesures concrètes. L’investissement est le résultat d’une analyse fondamentale approfondie et non d’un raccourci.

Il est certain que le contexte économique, essentiel et influencé par le président en place, reste porteur, notamment aux Etats-Unis. Les actions en profitent. L’environnement est également assez clément pour les obligations puisque les banques centrales baissent les taux directeurs.

Quel est votre objectif pour 2025 ?

Nous visons une croissance des revenus d’exploitation de 4 à 6 % tout au long du cycle, en maintenant un bilan solide et un rendement des capitaux propres supérieur à 14 %.

 
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