L’heure de vérité pour la filière lithium au Québec

L’heure de vérité pour la filière lithium au Québec
L’heure de vérité pour la filière lithium au Québec

En 1970, Lionel Boulet fonde le centre de recherche d’Hydro-Québec (HQ). Pendant 25 ans, j’ai développé à l’IREQ une technologie révolutionnaire de batteries au lithium à électrolyte polymère avec différents partenaires internationaux français, japonais et américains, notamment dans le cadre d’une joint-venture entre HQ et 3M, cofinancée par le ministère de l’énergie DOE et USABC (plus de 150 millions de dollars américains). Hydro-Québec devient alors un leader mondial des batteries au lithium tout solide.

Grâce à l’expertise acquise à l’IREQ et surtout au soutien de l’Université de Montréal (UdeM), j’ai fondé en 2003 Phostech Lithium, la première entreprise mondiale à produire des cathodes LFP (phosphate de fer lithié) après avoir obtenu une licence exclusive sur des brevets de l’IREQ. Université du Texas, UdeM et HQ pour le marché des start-ups lithium-ion. Dès 2005, l’entreprise allemande Süd-Chemie a investi plus de 80 millions de dollars dans Phostech avec la construction de l’usine LFP de Candiac.

En 2010, l’exclusivité des licences accordées à Phostech a été ouverte au profit d’une politique « rentable » de licences accordées principalement à des producteurs asiatiques. Peu de temps après, Phostech a été revendue à d’autres investisseurs. Puis, en 2022, l’usine cesse sa production.

Cathode

Vers 2010, la Chine fait le choix stratégique de LFP pour ses véhicules électriques et « adopte » la technologie Phostech. À partir de 2019, BYD et CATL lancent des véhicules électriques hautes performances utilisant des batteries au lithium avec LFP comme cathode. Le concept a été rapidement repris par Tesla, qui comptait sur des cathodes en nickel plutôt qu’en fer. Tous les constructeurs américains et européens sont alors surpris face à des véhicules électriques performants proposés à des prix qu’ils ne peuvent rivaliser avec leurs cathodes en nickel. C’est également le cas au Québec avec des projets connus qui sont retardés ou remis en cause compte tenu des incertitudes sur les choix technologiques effectués.

Pourquoi le Québec, qui avait 20 ans d’expertise sur le LFP et les batteries au lithium, a-t-il accepté d’investir dans des projets utilisant des cathodes de nickel sans interroger ses partenaires sur leurs choix technologiques, d’autant plus que l’expertise LFP existait-elle au Québec ? J’ai soulevé la question à plusieurs reprises auprès des décideurs politiques sans vraiment recevoir de réponse.

Localisation des expertises

Il est minuit moins une pour le Québec et le meilleur conseil que je puisse encore donner est que le gouvernement considère enfin l’expertise locale en matière de phosphate de fer et utilise ses leviers financiers pour promouvoir des choix technologiques plus acceptables auprès de ses partenaires, tant sur le plan environnemental que financier. Avec ses experts, ses mines de fer, de lithium, de phosphate et son énergie verte, tous les éléments sont réunis pour concurrencer efficacement la Chine avec un peu d’organisation.

Plusieurs projets de phosphate sont en cours au Québec et je suggère que le gouvernement consulte ses experts locaux : l’UdeM et HQ qui pourraient encore jouer un rôle de leadership dans la prise de ces choix. Etant partie prenante d’un de ces projets, je n’irai pas au-delà de cet avis partagé de citoyen contribuable, mais si on n’identifie pas un problème, on a peu de chance de trouver une solution.

Michel Gauthier, Ph. D.

Prix ​​Québec : Lionel-Boulet 2022 en milieu industriel

 
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