Le taux de chômage est en hausse au Québec depuis un an, mais il continue de baisser dans plusieurs régions de la province malgré le ralentissement de l’économie.
Publié à 1h30
Mis à jour à 5h00
Les Laurentides, la Mauricie et la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine font partie des régions qui affichent un taux de chômage plus faible qu’il y a un an, selon les plus récentes données de Statistique Canada.
Le taux de chômage dans la région des Laurentides était de 6,3 % en octobre 2023 et il est tombé à 3,8 % en octobre 2024. La Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine avait un taux de chômage de 8,8 % il y a un an et de 5,3 % en Octobre 2024.
« Le portrait régional est très différent d’une région à l’autre », confirme Florence Jean-Jacob, économiste chez Desjardins.
« La pénurie de main-d’œuvre et le vieillissement de la population en sont la cause. Les régions où le taux de chômage a le plus baissé sont celles où la pénurie de main d’œuvre a été la plus forte », souligne-t-elle.
L’augmentation de l’âge moyen et l’augmentation des départs à la retraite expliquent également la baisse du chômage dans plusieurs régions.
La Gaspésie, par exemple, est la région où l’âge moyen est le plus élevé au Québec.
Florence Jean-Jacob, économiste chez Desjardins
Le vieillissement de la population est également une réalité importante en Mauricie, où le taux de chômage est passé de 5,8 % à 4,8 % au cours de la dernière année, et au Bas-Saint-Laurent, où le taux de chômage est actuellement de seulement 3 %, ce qui est bien inférieur à la moyenne québécoise de 5,4 %.
L’économiste de Desjardins souligne également le fait que l’économie crée peu d’emplois, mais que les entreprises ne font pas de mises à pied. « Nous sommes dans une économie où il n’y a pas d’embauches, mais pas de licenciements, et ce sont les nouveaux arrivants qui souffrent du ralentissement économique. »
Ces nouveaux arrivants sont plus nombreux dans les villes, où le taux de chômage augmente depuis un an. À Montréal, il est passé de 6,4 % à 8,4 % en un an. Au Québec, il est passé de 2,6 % à 4,1 % au cours de la dernière année.
Les chiffres régionaux de Statistique Canada sont des moyennes mobiles non ajustées sur trois mois, qui diffèrent des données mensuelles publiées chaque mois.
La dégradation continue
Le rapport d’octobre publié vendredi par Statistique Canada indique que le marché du travail continue de se détériorer au pays, même si les résultats sont positifs.
L’économie canadienne a créé 15 000 emplois le mois dernier, un ajout modeste qui contraste avec l’augmentation de 47 000 emplois en septembre. Le taux de chômage est resté inchangé à 6,5%.
Le Québec compte 6 500 emplois de plus et son taux de chômage est passé de 5,5 % à 5,7 %, mais il demeure le plus bas au pays.
Le marché du travail reflète la faiblesse de l’économie canadienne, qui n’a pas encore ressenti les effets de la baisse des taux d’intérêt.
Le rapport d’octobre est le dernier avant la prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux directeurs, le 11 décembre.
Pour l’économiste de la Banque Royale, Nathan Janzen, les chiffres d’octobre renforcent l’urgence d’une nouvelle baisse du taux directeur. La stabilité du taux de chômage s’explique principalement par la baisse du taux d’activité, c’est-à-dire de la proportion de la population qui travaille ou cherche du travail, a-t-il souligné.
C’est également l’avis des économistes de la Banque nationale. « Ne vous laissez pas tromper par la stabilisation du taux de chômage », écrivent les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme dans leur analyse.
« Il ne faut pas se réjouir trop vite de la stabilité du taux de chômage, disent-ils, car elle a été soutenue en partie par une nouvelle baisse du taux d’activité, reflétant peut-être le découragement des demandeurs d’emploi. »
Selon Statistique Canada, le taux d’activité en octobre, à 64,8 %, est le plus bas depuis décembre 1997, à l’exception de la pandémie. À 6,5 %, le taux de chômage au Canada est 0,8 % plus élevé qu’il y a un an, et il y a 193 000 chômeurs de plus.
Les économistes de la Banque Nationale s’attendent à ce que le marché du travail continue de se détériorer au cours des prochains mois.